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STEINHEIL Gustave

Industriel, député (★ Strasbourg 19.12.1818 † Rothau 8.2.1906). Fils de Gustave Steinheil, employé dans le magasin d’étoffes Matthias Pramberger à Strasbourg, et de Sophie Beck, fille du pasteur Johann-Jacob Beck. ∞ 28.1.1847 à Strasbourg
Emma Pauline Eyth (★ 1824 † 1885) ; 8 enfants dont Amélie-Cécile (★ 9.1.1848 † 3.4.1937), épouse d’Ernest Fuchs (★ 1839 † 1913) qui, après 1870, dirigea les établissements Steinheil avec son beau-père et Alfred Dieterlen ; Hélène (★ 1850 † 1878), épouse du pasteur Tommy Fallot (★ 1844 † 1904), initiateur du christianisme social; Sophie-Alice (★ 1861 † 1911), épouse de l’industriel suisse Georges Oschwald qui avait repris l’entreprise Fallot-Legrand à Fouday ; Robert (★ Rothau 3.12.1863 † Nancy 28.11.1944), époux de Marguerite Berger-Levrault (★ 1867 † 1930), nièce de Lucie Berger © et directeur de l’imprimerie Berger-Levrault à Nancy. Études primaires et secondaires au Gymnase protestant. Collectionneur passionné, il se constitua une remarquable collection de minéraux. De 1834 à 1837, il suivit les cours de l’École supérieure de commerce de Leipzig. À Rothau, il se familiarisa avec les métiers à tisser et les machines à filer. De 1838 à 1840, il s’initia au commerce à Sainte-Marie-aux-Mines, où il se lia d’amitié avec Jacques Christophe Dieterlen ©, son futur beau-frère et associé. Pour achever son apprentissage commercial, il se rendit à Paris où il rencontra le pasteur Louis Meyer qui avait créé la Société des amis des pauvres et son futur beau-frère, Édouard Kraft, alors élève de l’École centrale. L’entreprise Vve Pramberger comptait, à partir de 1825, une filature et un tissage qui employait environ 140 ouvriers. En 1830, le tissage comprenait 1200 métiers à bras. L’entreprise fut modernisée avec 300 métiers mécaniques, actionnés par roue hydraulique et machine à vapeur; elles produisaient des percales. En 1847, au décès de sa tante, Steinheil s’associa avec son beau-frère Christophe Dieterlen pour créer la société en commandite Steinheil-Dieterlen et Cie. Dès 1848, l’expansion industrielle fut considérable et rapide. En 1868, Steinheil acheta tout le complexe industriel de la Renardière de Rothau de Victor Champy ©. L’ensemble comprenait une filature de 6.420 broches, un tissage mécanique de 90 métiers, ainsi que des terrains, canaux, turbines, moteurs hydrauliques. Le lieu abritait jadis d’anciennes forges et le haut-fourneau. Après l’annexion, la maison Steinheil-Dieterlen parvint à obtenir sur le marché allemand la même supériorité que sur le marché français perdu par l’usine de Rothau, mais sauvegardé par l’entreprise créée à Thaon, Vosges, par Christophe Dieterlen et Armand Lederlin. À partir de 1870, Steinheil eut comme collaborateurs son gendre Ernest Fuchs, plus particulièrement chargé de l’administratif, et son neveu Alfred Dieterlen, chargé du technique. La maison Steinheil-Dieterlen fut une des premières à assurer, avant 1870, à ses ouvriers une protection contre la maladie et la vieillesse ; elle faisait participer les ouvriers au bénéfice. Par ailleurs, il organisa dans le cadre de son entreprise, la gestion d’un hôpital dirigé par des sœurs diaconesses, la création de logements, la distribution de café chaud et sucré pendant le travail, des cours pour adultes, une bibliothèque, une société de musique, un petit orphelinat. Steinheil fut l’initiateur du Syndicat industriel de l’Est. De 1875 à 1896, il fut membre de la Chambre de commerce de Strasbourg. En décembre 1892, Steinheil fêta avec tous ses collaborateurs et ouvriers son jubilé industriel. De 1852 à 1871, Steinheil fut maire de Rothau. Élu représentant des Vosges le 8 février 1871 à l’Assemblée nationale. Son passage à l’Assemblée nationale resta marqué par le discours qu’il prononça sur les causes de la Commune de Paris. Il donna sa démission en 1872 et fut remplacé par Méline. En 1870, lors de la récession, préférant le travail à l’aumône, comme maire il fit réaliser du travail d’intérêt général : coupe de bois, construction de la route forestière entre Rothau et Fouday, appelée « chemin de la Folie ». Dès le début de l’Affaire Dreyfus, courageusement, Steinheil envoya à Scheurer-Kestner © une lettre de sympathie. Simultanément maire et conseiller presbytéral de la paroisse protestante de Rothau, il coordonna la construction de l’église protestante dans une parfaite équité (1863). Pendant 64 ans, il assura à la paroisse l’École du dimanche pour enfants. Il était membre actif des UCJG (Union chrétienne des jeunes gens) et secrétaire du consistoire de Rothau. Chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Lepage et Charton, Le département des Vosges, 1845 (réédition 1978) ; Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, p. 343 ; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, IV, 16, p. 92 (portrait) ; Extraits de presse sans références : Jubilé Gustave Steinheil, 1892 ; Foi et Vie du 1.3.1906 ; Revue alsacienne illustrée n° II, 1906 ; In memoriam G. Steinheil, discours divers, 1906; H. Dieterlen, « L’Enclos », souvenirs d’enfance, 1912 ; A. Fuchs, Quelques souvenirs de L’Enclos, s. d. ; O. Landmann, « Une paroisse mixte », Revue catholique d’Alsace n° 34, 1919 ; L. Roehrich, Alsace française. Au lointain de ma vie, juillet-août 1930 ; Centenaire de la construction du Temple de Rothau 1863-1963, 1963 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 296 ; G. Poull, Industrie textile vosgienne, 1982 ; M. Chevallier, Ed. Olcontou, Du Wurtemberg à l’Alsace, Le Bugue, 1984 ; H. Desouches, Histoire de la famille Steinheil, Nancy, thèse, 1985 ; Cahiers – chroniques familiales – responsable Daniel Semblat, divers n° ; L’Essor n° 176, septembre 1997.

Pierre Hutt (2000)