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STEINBRUNN Berthold von

Abbé de Murbach († vers 13.12.1285). Issu d’une famille noble domiciliée dans le village éponyme (Ober ou Niedersteinbrunn), Steinbrunn fut élu à la tête de l’abbaye en 1260 et s’affirma très rapidement comme un grand seigneur temporel. Le 1er février 1261, il conduisit 500 cavaliers à Strasbourg lors de l’entrée solennelle de son oncle Walter von Geroldseck dont il fut l’un des principaux alliés. Sa politique territoriale se traduisit notamment par l’essor de la ville de Lucerne, qui resta sous la domination de l’abbaye alsacienne jusqu’en 1290, et par une présence très active aux abords du lac des Quatre Cantons. Pour faire face aux convoitises de ses voisins plus puissants, tel le comte de Habsbourg ou celui de Ferrette/Pfirt ©, avoué d’UffhoItz, il s’efforça de recentrer ses terres et ses droits dans les vallées de la Thur et de la Lauch, ainsi que sur le piémont vosgien : pour ce faire, il renonça aux possessions de la rive droite du Rhin, souvent cédées à des vassaux (Schliengen, Heitersheim), construisit les châteaux forts du Hirtzenstein (v. 1264), au-dessus du bourg de Wattwiller, qu’il dota de remparts, et du Hohrupf, à l’entrée du vallon de Murbach, et fit détruire le château de Saint-Amarin, en punissant l’indiscipline des nobles du même nom (1268). La construction du mur d’enceinte de Guebwiller (vers 1270) s’accompagna de représailles contre les sires d’Angreth, qui s’opposaient aux projets des bourgeois, et, corrélativement, par le démantèlement de leur propre château. Le 2 février 1275, il accorda une charte à ses sujets guebwillerois et leur promit de ne pas prélever de taille (Gewerf) supérieure à 40 marcs d’argent. Ratifiées par un conseil formé de 22 bourgeois et quatre nobles, ces garanties furent renouvelées par l’ensemble de ses successeurs, bien qu’il se fût lui-même emparé de la ville le 1er avril 1285 et qu’il y ait procédé à des confiscations. En 1276, Berthold fit reconstruire le château de Saint-Amarin, désormais appelé Friedburg, et y aménagea une chapelle castrale. En Alsace comme en Suisse, il favorisa l’installation de maisons religieuses nouvelles, comme la commanderie teutonique fixée à Guebwiller vers 1270. Sa stature politique l’impliqua à plusieurs reprises dans les affaires de l’Empire et de l’Église. En novembre 1263, il s’était rendu auprès du pape à Orvieto, Italie, et s’était fait confirmer l’élection abbatiale survenue trois ans plus tôt.

Chr. Wilsdorf, « Dans la vallée de la Thur aux XIIIe et XIVe siècles : la transformation d’un paysage par la route », Bulletin philologique et historique, 1967, Paris, 1969; G. Bischoff, Recherches sur la puissance temporelle de l’abbaye de Murbach, Strasbourg,
1975 ; idem, « Guebwiller au Moyen Age. 1ère partie : Naissance et développement d’une ville seigneuriale d’Alsace (1275-1434) », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, t. 10, 1973-1974 ; Chr. Wilsdorf, notice Murbach, Helvetla sacra, 111/1, Berne, 1986 ; idem, Histoire des comtes de Ferrette, Société d’histoire sundgauvienne, Altkirch, 1992.

Georges Bischoff (2000)