Poe?te de langue allemande, (PI) (★ Colmar 11.8.1883 † Zandvoorde, Belgique, 30.10.1914). Fils d’Adolph Xaver Stadler, de Sonthofen, Bavie?re, procureur impe?rial, et de Re?gine Catharine Abrell, de Kempten, Bavie?re. Ses parents s’e?tant installe?s en Alsace apre?s 1871, le jeune Stadler s’engagea dans la vie culturelle alsacienne. En 1886, le pe?re fut nomme? « curateur » de l’Universite? et la famille s’installa a? Strasbourg ou? Stadler fit des e?tudes au Gymnase protestant, puis a? l’Universite? (germanistique, romanistique, linguistique compare?e). En 1902, il cre?a avec Rene? Schickele © et Otto Flake la revue Der Stu?rmer, organe e?phe?me?re d’un groupe d’e?tudiants, de jeunes poe?tes et d’artistes, cherchant a? susciter une renaissance culturelle sous le signe d’une « alsacianite? de l’esprit » (geistiges Elsa?ssertum), fonde?e sur la double culture franco-allemande, la mission me?diatrice de l’Alsace. En 1904 parut a? Strasbourg son premier recueil poe?tique, Praeludien, marque? par l’esthe?tisme « Jugendstil » de l’e?poque et la forte influence du symbolisme franc?ais (le recueil comporte des traductions de poe?mes de Henri de Re?gnier). Il soutint (1906) sa the?se de doctorat sur les manuscrits du Parzival de Wolfram von Eschenbach ; il e?tudia a? Oxford, pre?para son habilitation qu’il obtint en 1908 a? l’Universite? de Strasbourg pour ses travaux sur les traductions de Shakespeare par Wieland. Charge? de cours a? l’Universite? libre de Bruxelles (1910), il de?ploya une intense activite? cre?atrice et critique, participa a? plusieurs revues litte?raires, notamment a? la revue expressionniste Die Aktion a? Berlin, tout en restant en relation avec l’Alsace (collaboration aux Cahiers alsaciens de Pierre Bucher ©, confe?rences a? l’Universite?, articles sur la litte?rature alsacienne, Fritz Lienhard ©, les fre?res Matthis ©, Rene? Schickele ©. Fin 1913, il publia a? Leipzig Der Aufbruch, l’un des recueils fondateurs du lyrisme expressionniste, en se situant re?solu ment a? l’avant-garde poe?tique de l’e?poque. L’un de ses plus beaux poe?mes est consacre? a? deux statues de la cathe?drale de Strasbourg, « l’Église » et « la Synagogue » ; de fac?on e?mouvante et significative, son amour le porte vers « la vaincue, la re?prouve?e ». Dans le me?me esprit, il traduit Francis Jammes : le de?nominateur commun des deux poe?tes est l’e?thique de l’humilite? (« la douceur franciscaine »), les vers amples de Stadler intensifiant le lyrisme discret du poe?te franc?ais en une ve?ritable re-cre?ation allemande (Die Gebete der Demut). En 1914, il fut invite? a? enseigner a? l’Universite? de Toronto au Canada, mais il ne put plus rejoindre ce nouveau poste: la guerre e?clata, il fut mobilise? comme lieutenant de re?serve. Il combattit au front de la Marne, dans les Flandres, et fut tue? pre?s d’Ypres par un obus anglais. Son corps fut rapatrie? en Alsace et repose au cimetie?re Saint-Louis, Robertsau, ou? sa tombe est aujourd’hui entretenue par le ministe?re franc?ais des Anciens combattants.
L’œuvre de Stadler est re?unie dans une e?dition critique et historique : Dichtungen, Schriften, Briefe, sous la direction de K. Hurlebusch et K. L. Schneider, Munich, 1983. Un choix de poe?mes du recueil Der Aufbruch avec traduction franc?aise de Guillevic a e?te? publie? dans la collection Arfuyen, Paris, 1983.
Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, I, p. 149, III, p. 215, 264, 268, 271 ; K. L. Schneider, Der bildhafte Ausdruck in den Dichtungen Georg Heyms, Georg Trakls und Ernst Stadlers, Heidelberg, 1954 ; H. Ro?lleke, Die Stadt bei Stadler, Heym und Trakl, Berlin, 1966; K. L. Schneider, Zerbrochene Formen, Wort und Bild im Expressionismus, Hamburg, 1967; G. Martens, Vitalismus und Expressionismus, Stuttgart, 1971 ; H. Gier, Die Entstehung des deutschen Expressionismus und die antisymbolistische Reaktion in Frankreich : Die literarische Entwicklung Ernst Stadlers, Munich, 1977 ; R. Bauer, « « Racines franc?aises de l ‘expressionnisme, Ernst Stadler et ses amis strasbourgeois, in: Expressionismus im europa?ischen Zwischenfeld, Innsbruck, 1978; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 296; J.-M. Gall, « Ernst Stadler », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 1984, p. 83-104; A. Finck, Litte?rature alsacienne XXe sie?cle, Strasbourg, 1990, p. 69-77 ; N. Schneider, Ernst Stadler und seine Freundeskreise : Geistiges Europäertum zu Beginn des 20. Jahrhunderts, Hamburg, 1993 (catalogue d’exposition, pre?sentation et commentaires, textes, documents, iconographie); A. Finck, « Ernst Stadler » (pre?sentation de l’exposition Ernst Stadler, Ho?tel du De?partement, Strasbourg, 1997), Revue alsacienne de litte?rature, n° 61, 1998.
Adrien Finck (2000)