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SPINDLER Charles Marie Joseph

Peintre, dessinateur, aquarelliste (★ Boersch 11.3.1865 † Saint-Le?onard 3.3.1938). Fils d’Edmond Michel Balthasar Spindler, ancien notaire, et de Marie Ce?lestine Muller. Neveu de Louis Pierre Spindler ©. 1 fils: Paul Louis ©. Son œuvre s’inscrit par son e?clectisme dans le contexte du renouveau artistique de la fin XIXe et du de?but du XXe sie?cle. Ch. Spindler de?couvrit en 1893 la technique de la marqueterie qui fut de?s lors pour lui un nou­veau moyen d’expression picturale. Le gothique et l’art populaire alsacien constituent ses principales sources d’inspiration qu’il retranscrivit dans une esthe?tique 1900. Il e?la­bora une ligne de meubles a? de?cor de pan­neaux marquete?s, d’abord influence?e par les formes de l’Art Nouveau, puis de?notant un style plus personnel et moderniste qui lui valut grands prix, me?dailles et distinctions a? l’occa­sion des expositions internationales auxquelles il prit part (exposition universelle de Paris 1900, exposition internationale de Turin 1902, exposi­tion internationale de Saint-Louis, Etats- Unis,1904, exposition internationale des Arts de?coratifs a? Paris 1925). La re?alisation des pre­miers meubles de Ch. Spindler, en 1898-1899, coi?n­cida avec l’apparition assez tardive des meubles Jugendstil a? l’exposition de Munich en 1897 et a? l’exposition de Dresde en 1898. Situer stylistiquement les meubles de Spindler dans le contexte ge?ne?ral du mouvement Art Nouveau revient a? e?voquer la situation particulie?re de l’Alsace place?e aux confins de deux cultures. Si le salon de musique de l’exposition universelle de 1900 a? Paris fut conc?u par Ch. Spindler dans une esthe?tique me?die?valisante et symboliste, l’en­semble qu’il pre?senta a? Turin en 1902 de?voile nettement l’inte?re?t qu’il portait au mobilier folk­lorique. Initialement proche du style Art Nouveau, les meubles de Ch. Spindler s’impre?gnent petit a? petit du Jugendstil. Ses contacts avec les cre?ateurs et les the?oriciens de divers pays de?s 1899, sa pre?sence aux expositions interna­tionales, son assimilation des tendances nova­trices de l’e?poque, expliquent le compromis que Ch. Spindler concre?tisa apre?s 1900 entre les influences franc?aises et allemandes. L’utilisation des panneaux de marqueterie le rattache au courant nance?en, alors que la structure de ses pie?ces de mobilier, ou? l’orne­ment organique abstrait souligne la construc­tion du meuble au lieu de la dissimuler, re?pond aux crite?res du Jugendstil. Par son caracte?re ambivalent, qui re?unit d’une part la logique architecturale de la forme et l’emploi rationnel de la matie?re, principes modernes allemands, et d’autre part le souci de l’ornement propre­ment franc?ais, le mobilier de Ch. Spindler, situe? au carrefour des influences internationales de la pe?riode Art Nouveau, s’inscrit d’emble?e dans le mouvement de re?novation des arts de?coratifs de l’e?poque 1900. Ch. Spindler s’entoura, a? partir de 1899, d’artistes et d’artisans qui se joignirent au cercle de Saint-Le?onard afin de susciter un mouvement d’art industriel a? l’imitation de ce qui se faisait en Allemagne: Paul Braunagel © et Auguste Cammissar © pour le vitrail, les fre?res von Zschock pour la ferronnerie, Le?on Elchinger © et Wingerter pour la ce?ramique, Jacquemin ©, J.-J. Graff et Lienhardt pour l’e?be?nisterie. Lithographe, publiciste, photo­graphe, e?crivain, il dirigea successivement la publication des Images alsaciennes (1893- 1896) et de la Revue alsacienne illustre?e (1898- 1914), auxquelles collabore?rent des e?crivains, artistes et critiques d’art franc?ais, allemands et alsaciens a? l’instar des revues qui paraissaient simultane?ment a? travers toute l’Europe. Avec Anselme Laugel ©, Ch. Spindler avait e?te? le fondateur, en 1891, du cercle de Saint-Le?onard qui orienta de manie?re de?cisive l’e?volution du mouvement artistique et culturel alsacien. Les premiers membres du cercle, alsaciens ou allemands, furent artistes, e?crivains, professeurs a? l’e?cole des Arts de?coratifs ou a? l’Universite? de Strasbourg. L’outil qui servit a? diffuser les inten­tions et l’ide?ologie de ce mouvement alsacien fut la Revue alsacienne illustre?e, revue bilingue qui rendait compte de la vie culturelle et intel­lectuelle en Alsace. Elle entretenait une e?mula­tion artistique par ses articles, ses comptes-rendus de salons re?gionaux et d’expositions internationales et agisssait surtout comme re?ve?lateur d’une identite? alsacienne appele?e a? re?soudre le proble?me complexe des zones tam­ pons ou? s’affrontaient et se me?laient deux cul­tures. Au lendemain de la Premie?re Guerre mondiale et jusqu’a? sa mort, Ch. Spindler re?alisa des tableaux en marqueterie illustrant les sce?nes de la vie quotidienne et reproduisant des paysages d’Alsace, ainsi que des ensembles de?coratifs de me?me inspiration (brasserie Jenny a? Paris) qui connaissent toujours une grande popularite?.

R. Heitz, « Étapes de l’art alsacien. XIXe et XXe sie?cle », Saisons d’Alsace, n° 47, 1973; Ch. Fichter, Rene? Schickele et l’Alsace jusqu’en 1914, Strasbourg, 1978 ; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, p. 356 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 295 ; E. Martin, « Charles Spindler-Mobilier 1900 », Catalogue d’exposition Jugendstil im Elsass, Mathildenho?le, Darmstadt, de?cembre 1983-janvier 1984; Encyclopédie de l’Alsace, XI, 1985, p. 6975-6976; E. Martin, « Le cercle de Saint-Le?onard. Re?gionalisme et moder­nite? », Catalogue d’exposition, Le?on Elchinger, ce?ramiste 1871-1942, Muse?e historique, Haguenau, juin-septembre 1992.

Étienne Martin (2000)