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SPIESER Fre?de?ric (Friedrich ou Fritz), dit SPIESER-HU?NENBURG ou Friedrich HU?NENBURG)

Militant autonomiste et nazi, e?diteur, (PI) (★ Waldhambach 1.10.1902 † Unter­gruppenbach, Bade-Wurtemberg, 23.2.1987). Fils de Jean Spieser ©. ∞ 28.8.1931 a? Strasbourg (le mariage religieux eut lieu a? Schlobitten, Prusse Orientale) Agnes Eleonore Burggra?fin zu Dohna-Schlobitten (★ 1906), fille de Richard, Fu?rst von und zu Dohna-Schlobitten, et de Marie Mathilde, Prinzessin zu Solms-Hohensolms-Lich ; 5 enfants aux pre?noms germaniques: Herrad (★ 1932), Ute Odilia Berta (★ 1934), Hunrich (★ 1937), Witiko (★ 1940), Swanhilde (★ 1942), Gudrun. Il ve?cut a? Waldhambach jusqu’en 1914, mais la maladie de son pe?re contraignit la famille a? s’e?tablir a? Saverne. À l’arrive?e du prin­cipal franc?ais en 1919, il aurait e?te? exclu du col­le?ge. Il fre?quenta, a? partir du 20 avril 1920, une e?cole prive?e dirige?e par le poe?te d’origine col­marienne Bernd Isemann © a? Kirchheim unter Teck (Wurtemberg), puis le Reformgymnasium de Stuttgart. Dans cette ville, il fit la connais­sance de l’architecte Paul Schmitthenner ©, qui exerc?a une grande influence sur lui de?sormais. Le jeune homme participait alors a? un mouve­ment de jeunesse d’inspiration protestante et se sentait la vocation d’un me?decin mission­naire a? l’image d’Albert Schweitzer ©. Apre?s la mort de son pe?re, il revint en France et se de?cida enfin a? apprendre le franc?ais tout en assurant sa subsistance comme surveillant et enseignant d’allemand a? l’Institut protestant de Glay, Doubs. Il fut incorpore? dans l’arme?e fran­c?aise a? Metz, mais fut libe?re? pre?mature?ment car il e?tait atteint d’une tuberculose osseuse, qui gue?rit a? la suite d’un se?jour au sanatorium de Berck-Plage. Il retourna en Allemagne comme pre?cepteur des fils du Reichsgraf Dr h.c. Philipp von Igelheim, Echter von und zu Mespelbrunn. Il en profita pour suivre des cours du soir et passer I’Abitur. Une de?marche du de?pute? Altorffer © aupre?s du ministre de l’Instruction publique lui permit d’obtenir l’e?quivalence du baccalaure?at. Il s’inscrivit a? la faculte? de The?ologie protestante de Strasbourg, qu’il quitta en 1928 pour la faculte? des Lettres de Grenoble ou? il obtint une licence libre. En 1930, il e?tudia, avec le soutien financier de Robert Ernst ©, la pe?dagogie a? Go?ttingen, en me?me temps que son ami Édouard Haug ©. Il suivit ensuite des cours d’ethnologie a? l’Universite? de Marbourg ou? il soutint une the?se sur l’e?volution de la chanson populaire dans un village lorrain inspire?e des travaux de l’abbe? Louis Pinck, cure? de Hambach, Moselle, fre?re du banquier auto­nomiste Émile Pinck ©. Son se?jour a? Marbourg coi?ncida avec celui de son ami Hermann Bickler ©. Spieser avait fonde? en avril 1926 le Wanderbund Erwin von Steinbach (jErwinsbund), groupe de jeunes filles et de jeunes gens qui pratiquaient dans la tradition allemande des Wandervo?gel, des Jugendherbergen et de la Bu?ndische Jugend, la randonne?e pe?destre, la musique, le chant et la danse folklorique. Les statuts de l’Erwinsbund lui interdisaient « toute action et toute immixtion politique », mais Spieser collabora aussi a? partir de 1933 au pe?riodique de la Jungmannschaft de Bickler. De fait, son projet s’inspirait ouvertement de la strate?gie politique mene?e par le docteur Bucher © avant la guerre de 1914, qui consistait a? regagner l’Alsace et sa jeunesse a? la France par le de?veloppement d’un mouvement culturel. Spieser exaltait la paysan­nerie et le village, de?positaire de la purete? eth­nique (d’ou? l’importance de la ge?ne?alogie des familles), de la culture, de la langue et des tra­ditions uniquement germaniques de l’Alsace. Il frayait le moins possible avec les e?le?ments e?trangers a? ce qu’il conside?rait comme l’Alsatianite? fondamentale : les bourgeois « wel­schise?s », les Franc?ais de l’Inte?rieur, les juifs. Son mariage avec une aristocrate prussienne en fit un homme riche. Le jeune me?nage loua d’abord une maison a? Saint-Nabor: Spieser y prati­qua l’apiculture et y e?leva des teckels, tout en amorc?ant le projet d’un recueil des chansons et des danses populaires d’Alsace, pendant de celui de l’abbe? Pinck pour la Lorraine germano­phone. Il s’inte?ressait aussi aux the?rapeutiques non reconnues par la me?decine universitaire, notamment aux magne?tiseurs. Au cours de ses randonne?es dans les Vosges, il avait remarque? les ruines du cha?teau de la Hunebourg, pre?s de Dossenheim-sur-Zinsel, et il forma, a? l’occasion de ses fianc?ailles, le projet de les acheter ainsi que la fore?t prive?e avoisinante, d’y reconstruire une Burg et d’y fonder une maison d’e?dition. Il e?tait alors, par l’interme?diaire de Pinck, entre? en rapport avec Alfred Toepfer ©. Cet homme d’af­faires hambourgeois de?sirait financer en Alsace, a? l’occasion du centenaire de la mort de Goethe ©, la cre?ation d’une auberge de jeu­nesse a? l’intention de ceux qui « professent leur attachement pour l’he?ritage des valeurs germa­niques en Alsace et en Lorraine ». Ernst put remettre a? Ba?le 60 000 francs franc?ais a? Spieser pour l’achat du terrain, qui lui avait e?te? attribue? a? la suite d’une adjudication le 19 septembre 1932. Par la suite, d’autres versements furent effectue?s notamment par le Verein fu?r das Deutschtum im Ausland (Association pour la sauvegarde de la culture allemande a? l’e?tranger). Schmitthenner avait e?te? pressenti pour construire la Burg, mais l’architecte de Stuttgart en confia la re?alisation a? l’un de ses e?le?ves Karl Erich Loebel, demi-juif. La construction commenc?a le 24 mai 1934, mais fut interrompue a? plusieurs reprises par des chi­caneries des Eaux et Fore?ts. Les autorite?s fran­c?aises et la presse anti-autonomiste craignaient la construction d’un centre fortifie? d’espion­nage dans ce point haut dominant la plaine du Rhin. Marc Sangnier, fondateur de la Ligue fran­c?aise pour les auberges de jeunesse, posa la premie?re pierre de l’auberge de jeunesse, le 19 août 1934. Une grande maison d’habitation et un donjon furent construits entre 1934 et 1938 : a? l’emplacement de ce donjon, baptise? Friedensturm (Tour de la Paix), qui abrita a? par­tir de septembre 1938 une plaque comme?mo­rant « les plus inconnus des soldats de la guerre mondiale 1914-1918 », les Alsaciens-Lorrains tombe?s sous l’uniforme allemand, eut lieu dans la nuit du 10 au 11 juillet 1937, une ce?re?­monie au rituel militaire de l’arme?e allemande, regroupant environ 700 membres de la Jungmannschaft et de l‘Erwinsbund. Spieser fonda en 1937 une revue mensuelle, les Strassburger Monatshefte. Il fut mobilise? pendant la crise internationale de septembre 1938, mais une perquisition fut ope?re?e par le commissaire Becker © a? la Hunebourg le 28 septembre 1938. Le fichier des abonne?s de la revue fut saisi. L‘Erwinsbund fut dissous par de?cret le 21 avril 1939. Les Monatshefte furent interdits en juillet 1939. Pour e?chapper a? l’arrestation, Spieser s’e?tait re?fugie? de?s avril 1939, au cha?teau de Wundlacken, Prusse orientale, qui appartenait a? sa belle-me?re. Le 10 septembre 1939, il e?crivit une longue lettre a? Hitler pour solliciter sa « protec­tion pour (sa) patrie germanique » et le supplier de la « libe?rer » en lui donnant, apre?s ple?biscite, provisoirement le statut d’un protectorat, proche de celui de la Slovaquie. Il adressa d’autres me?morandums au haut-commande­ment de la Wehrmacht, ou? il donnait des conseils pour le traitement des populations alsaciennes et des renseignements sur le moral des soldats alsaciens dans la ligne Maginot. Dans un texte adresse? a? Ernst, il envisageait le retour aux frontie?res me?die?vales du Saint-Empire aux de?pens de la France et une recolonisation de la Savoie, de la « Bourgogne », de la Lorraine et du Barrois, de la Flandre et d’une partie de la Picardie. Il fut condamne? a? mort par contumace par le tribunal militaire de Nancy en juin 1940. Revenu en Alsace occupe?e avec Ernst ce me?me mois de 1940, il fut charge? de la politique culturelle dans le cadre de I’Elsa?ssischer Hilfsdienst. Il fut admis dans la SS avec le grade de Sturmbannfu?hrer (commandant) a? l’occasion de la visite de Himmler a? la Hunebourg le 6 septembre 1940. De?s 1941, les anciens de l’Erwinsbund furent nombreux a? s’engager dans les Waffen-SS. Par contre, lui-me?me ne fut admis, malgre? ses plaintes, que le 1er janvier 1942 dans le parti nazi. Il fut aussi de?c?u par le mon­tant de l’indemnite? qui lui avait e?te? alloue?e par le bureau de Rosse? © (par ailleurs son princi­pal concurrent sur le marche? re?gional de l’e?di­tion) pour compenser les dommages qui lui avaient e?te? cause?s par les Franc?ais. Spieser avait repris en aou?t 1940 la publication des Strassburger Monatshefte qui avaient absorbe? les Elsass-Lothringen Heimatstimmen d’Ernst.

En 1941, il relanc?a aussi sa maison d’e?dition, le Hu?nenburg Verlag. La me?me anne?e, il fit ajouter au ba?timent de la Hunebourg une aile pour ses invite?s. Lorsque la de?pouille mortelle de Roos fut ramene?e de Champigneulles le 19 juin 1941, elle fut inhume?e provisoirement a? la Hunebourg. En avril 1942, Spieser, prote?ge? par Himmler, se ren­dit suspect aux yeux de Wagner, en s’attaquant dans sa revue a? la politique du Gauleiter et lui reprocha notamment d’avoir expulse? ou trans­plante? des compatriotes. Spieser se fit oublier en s’adonnant de plus en plus aux sciences occultes : parapsychologie, me?decines paral­le?les, astrologie, radiesthe?sie. Il quitta l’Alsace en novembre 1944. Inculpe? d’intelligence avec l’ennemi le 8 septembre 1945, il ve?cut clandestinement au cha?teau de la princesse de Solms, cousine de son e?pouse, a? Lich, Hesse. Spieser fut une seconde fois condamne? a? mort par contumace le 4 septembre 1947 par la cour de justice de Strasbourg. Le domaine de la Hunebourg fut confisque?. Apre?s la fin du re?gime d’occupation, il re?apparut et reconstitua une sorte de Hunebourg au cha?teau de Stettenfels pre?s de Heilbronn, Bade-Wurtemberg, ou? il cre?a un cha?teau-ho?tel et publia ses me?moires.

Correspondance Spieser-Ernst, Archives municipales de Strasbourg, Archives contemporaines, Hauptamt, 5 3 ; Der Bund Erwin von Steinbach, Elsa?ssische Jungenwanderer, Strasbourg, auto-e?dition, 1927; avec C. Reysz ©, Frau Nachtigall. Bundesliederbuch, Strasbourg, 1927 ; Der Wanderfalke (a? partir de 1935 : Der Wanderer), revue bimestrielle de l’Erwinsbund, Strasbourg, 1931-1936; Das Leben des Volksliedes im Rahmen eines Lothringerdorfes (Hambach, Kreis Saargemu?nd), Bu?hl-Baden, 1934 ; Der neue Fall Hu?nenburg, Saverne, 1935; Unser Hausbuch, Berlin, 1935; Elsass-Lothringen, Neuer Heimatkalender, Strasbourg, 1936-1939, continue? a? partir de 1940 sous le nom de Vogesenkalender ; Strassburger Monatshefte, mensuel, Strasbourg, 1936-1939, 1940-1944; Das Elsass gegen Frankreich (Beitra?ge zur auslandskundlichen und aussenpoliti­ schen Schulung der Kameradschaften des NSD- Studentenbundes), 1, Heidelberg, 1941 ; Kampfbriefe aus dem Elsass, Berlin, 1941 ; Das Elsass, scho?nes Land am Oberrhein, Berlin, 1942; Tausend Bru?cken, eine biographische Erza?hiung aus dem Schicksal eines Landes, herausgegeben von Agnes Gratin Dohna, Hu?nenburg-Verlag, Strassburg (sic !), Stuttgart, Stockholm, 1952, nouvelle e?dition abre?ge?e Friedrich Hu?neburg, Tausend Bru?cken ; Friedrich Hu?nenburg, Und dennoch rauscht der Wald, 50 Sonette, Stuttgart, 1953; Friedrich Hu?nenburg, Volkslied in Stein, Umspielt von kontrapunktischen Gedanken, 57 Abbildungen zu der Vogesenburg der Tausend Bru?cken, Stuttgart, 1956.

H. D. Loock, « Der Hu?nenburg-Verlag Friedrich Spieser und der Nationalsozialismus », Gutachten des Instituts fu?r Zeitgeschichte, 2, Stuttgart, 1966, p. 399-447; K.-H. Rothenberger, Die elsass-lothringische Heimat- und Autonomiebewegung zwischen den beiden Weltkriegen, Berne, Frankfurt/M., 1975, p. 219-221, 241, 322; Ph. Bankwitz, « Les chefs autonomistes alsaciens 1919-1947 », Saisons d’Alsace, n° 71, 1980 (index); L. Kettenacker, « La politique de nazification en Alsace », I, Saisons d’Alsace, n° 65, 1978; II, Saisons d’Alsace, n° 68, 1979 (index); W. Killy, Literatur-Lexikon, 11, 1991, p. 108-109; L. Strauss, « Friedrich Spieser, un nazi alsacien face a? la France », Image de soi, image de l’autre : la France et l’Allemagne en miroir, Strasbourg, 1994, p. 131- 145; Dans Hunebourg, un rocher charge? d’histoire du Moyen Age a? l’e?poque contemporaine, Strasbourg, 1997 : L. Strauss, « Fritz Spieser, le reconstructeur de la Burg», p. 121-173; B. Schnitzler, « La reconstruction du cha?teau de Hunebourg: l’œuvre de F. Spieser et de l’architecte K. E. Loebell », p. 174-236 ; te?moignages, p. 237-248 ; Deutsches-Literatur-Lexikon, Berne- Munich, 18, 1998, p. 556-557.

Le?on Strauss (2000)