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SILBERMANN

Dynastie originaire de Saxe qui en Alsace a produit en trois ge?ne?rations une dizaine de facteurs d’orgue, de clavecins et de pianoforte qui ont marque? leur temps au plus haut niveau. Si on a pu dire, a? juste titre sans doute, que les Silbermann sont a? l’orgue ce que Stradivarius est au violon, il faudrait ajouter qu’il en e?tait de me?me dans le domaine, bien moins connu et e?tudie? du piano-forte. Le Silber (l’argent) de leur nom a nourri bien des fantasmes. Le « son argentin » des 91 instruments qu’ils ont produits, pour beau qu’il ait pu e?tre, n’avait en tout cas rien de magique. S’ils ont effectivement employe? des mate?riaux de toute premie?re qualite? — il y a en Alsace deux orgues Silbermann de 289 et de 267 ans, toujours en parfait e?tat — le secret de leur succe?s ne doit rien a? d’e?nigmatiques alliages. Le myste?re des Silbermann re?side d’abord dans leur scrupuleuse honne?tete? servie par un gou?t et une intelligence hors du commun. Leur ge?nie a re?alise? des chef-d’œuvre accomplis: on ne peut toucher a? un orgue Silbermann sans le de?naturer. Ils ont, de plus, eu la chance d’œuvrer a? un moment ou? la technique et le de?veloppement de l’art musical « classique », tant franc?ais que germanique, e?taient arrive?s a? un sommet, et ce en Alsace, sur la ligne de fracture de deux « civilisations de l’orgue » qui jusque la? s’ignoraient largement. Ils ont su faire profiter les uns des acquis et avantages de l’autre et re?ciproquement.

  1. Andre?,

facteur d’orgues, (PI) (★ Kleinbobritsch, Saxe, 16.5.1678 † Strasbourg 16.3.1734). Fils de Michael Silbermann, charpentier, et d’Anne Marie Preussler, de Grosswaltersdorf. ∞ 13.6.1708 a? Strasbourg Anne Marie Schmidt, fille de Caspar Schmidt, charron, membre du Grand Conseil de la ville; 13 enfants, dont 4 fils ont surve?cu: Jean Andre? © 3, Jean Daniel © 4, Gottfried, facteur d’orgues et peintre (1722-1762), Jean Henri © 5. Il est plus que plausible que Silbermann avait suivi un excellent apprentissage de menuisier-facteur d’orgue, mais on ignore pra­tiquement tout de cette formation initiale, notamment pour ce qui concerne une tre?s hypothe?tique initiation chez le ce?le?bre facteur Gasparini. Arrive? de Saxe en Alsace vers l’a?ge de 20 ans, le premier te?moignage certain de sa pre?sence en Alsace est une inscription de 1699 dans l’orgue de Bouxwiller. Employe? un certain temps par le facteur de clavecins Fre?de?ric Ring (ou Rinck) de Strasbourg (et non du Palatinat comme le plus souvent pre?tendu), Silbermann semble s’e?tre rapidement mis a? son compte en re?parant les orgues de divers e?tablissements religieux de Basse Alsace. En 1701, Ring venant d’e?tre victime d’une embolie, Silbermann, alors occupe? a? Haguenau, accourut a? Strasbourg, dans l’espoir — vain — d’en reprendre les travaux en cours et de lui succe?der. De?sormais installe? en ville avec son fre?re cadet Gottfried © 2, qui e?tait venu le rejoindre en tant qu’apprenti, Silbermann se fit rapidement une re?putation et acquit de?s le 15 mars 1702 le droit de bourgeoisie. La me?me anne?e les deux fre?res construisirent un premier orgue dans le couvent des Dominicaines de Sainte-Marguerite a? Strasbourg. Au de?but de ce XVIIIe sie?cle, on voulait en Alsace des orgues « comme a? Paris », et le tre?s consciencieux Silbermann s’e?tait rendu compte que sa formation en Saxe, ou? les spe?cificite?s me?caniques et musi­cales diffe?raient en bien des points, ne l’avait gue?re pre?pare? a? ces exigences. Muni des meilleures recommandations de la ville de Strasbourg il se rendit donc a? Paris (22 avril 1704) « pour mieux se perfectionner dans le gou?t des facteurs franc?ais » et, pendant deux ans, y œuvra chez Alexandre Thierry, l’organier du roi. Or, les Thierry avaient en charge — entre autres — l’orgue de l’e?glise Saint-Gervais a? Paris ou? offi­ciaient de pe?re en fils les Couperin. Lorsque le 3 mai 1706 Silbermann rentra en Alsace, les instruments qui de?sormais se construiront dans son atelier seront des reproductions du mode?le parisien, avec « l’accent alsacien » d’une basse de 16’ a? la pe?dale. Le se?jour parisien d’A. Silbermann valut a? l’Alsace d’avoir pu conserver a? Marmoutier une quasi-re?plique de l’orgue Couperin de Saint-Gervais, alors que l’original n’existe plus dans sa forme initiale, victime, en 1917, d’un obus de la « grosse Bertha ».

A. Silbermann re?alisa 34 instruments (dont neuf positifs) presque tous en Alsace, dont 13 dans des e?glises protestantes, 16 en des e?glises catholiques et cinq positifs d’appartement. L’essentiel de son activite? e?tait centre? sur Strasbourg ou? il e?quipa d’instruments neufs la cathe?drale ainsi que la quasi-totalite? des paroisses et couvents (13 instruments en tout). Dans le reste de la province firent appel a? lui, du co?te? catholique, les abbayes be?ne?dictines de Marmoutier, d’Altorf et d’Ebersmunster, la colle?giale de Saint-Le?onard ainsi que les Dominicains de Colmar, les Cisterciennes de Koenigsbru?ck et les paroisses d’Obemai, de Wissembourg (e?glise simultane?e de Saint-Jean), de Vieux-Thann et de Rosheim. En dehors des paroisses strasbourgeoises seules trois e?glises luthe?riennes lui passe?rent commande: Geudertheim, Bischwiller et Saint-Matthieu a? Colmar. Hors d’Alsace trois instruments furent pose?s a? Ba?le (cathe?drale, e?glise Saint-Pierre et e?glise Saint-Le?onard) ; dans la soumission pour les re?forme?s de Berne, Silbermann se vit pre?fe?­rer un concurrent d’Augsbourg. Sur la rive droite du Rhin l’orgue de l’e?glise protestante d’Altenheim fut re?alise?, tandis que deux tre?s importants projets « catholiques », a? Weingarten et a? Frauenalb, n’aboutirent pas. À part les orgues de Marmoutier et d’Ebersmunster conserve?s a? l’e?tat quasi-authentique et aujour­d’hui mondialement connus, tous les instruments d’A. Silbermann ont pratiquement disparu. Il n’en reste en ge?ne?ral que le buffet, exceptionnellement quelques jeux, malheureusement le plus souvent de?nature?s par des modifications de leur tailles (rehar­monisation et e?le?vation du diapason). À la mort d’A. Silbermann son fils et successeur Jean Andre? © 3 put e?crire « Sa me?moire sera en honneur tant que ses travaux d’une perfection et d’une solidite? aussi notoires chanteront la gloire de Dieu ».

Jusqu’a? un passe? re?cent la ge?ne?alogie des Silbermann est un tissu de le?gendes qui ont trompe? la majorite? des auteurs. Presque tout ce qui a e?te? relate? par les biographes — me?me par les plus se?rieux — avant les anne?es 1980 sur les anne?es de jeu­nesse de Silbermann s’ave?re peu fiable, comme aussi ce qui est souvent affirme? sur une parente? par alliance avec ses successeurs d’ate­lier Sauer et Wetzel. On doit a? Marc Schaefer, Recherches sur la famille et l’œuvre des Silbermann en Alsace. Introduction aux « Archives Silbermann » de Paris, the?se de musicologie, Strasbourg, 1984, xe?rographie?e, d’avoir clarifie? cette question par des recherches dans les registres paroissiaux. De me?me l’analyse critique des e?tudes ge?ne?alogiques sur les diverses souches des familles Silbermann, notamment sur deux d’entre elles qu’on rencontre vers 1700 en Haute Alsace et dans la re?gion de Haguenau n’a pas permis de conclure a? une parente? avec celle de Saxe. L’essentiel de ce que l’on peut savoir sur A. Silbermann a e?te? puise? dans ce que son fils Jean Andre? en a relate? et se trouve dans le fonds improprement dit « Archives Silbermann » dont la Socie?te? savante d’Alsace a provoque? la publication inte?grale. Il s’agit en fait de 7 volumes et dossiers manuscrits re?dige?s par Jean Andre? Silbermann sur tout ce qu’il a pu rassembler et connai?tre sur les orgues, les organistes et les facteurs d’orgue d’Alsace et d’Europe: Das Silbermannarchiv, Der handschriftliche Nachlass des Orgelmachers Johann Andre?as Silbermann (1712-1783), hrsg. von Marc Schaefer, Winterthur, 1994, une mine extraordi­naire de renseignements. L’e?tude des re?alisations et leur liste a e?te? reprise par Marc Schaefer dans sa the?se de 1984 et com­ple?te?e dans l’e?dition Silbermannarchiv de 1994. On pourra encore utilement consulter: F.-X. Mathias, « L’histoire des Silbermann, la plus e?loquente apologie de l’art franc?ais », Revue catholique d’Alsace, 1928, p. 667-681 et Compte rendu du Congre?s d’orgue tenu a? l’Universite? de Strasbourg du 5 au 8 mai 1932, Strasbourg, 1935; F. Raugel, « Les Silbermann facteurs d’orgues alsaciens et les organistes et organiers franc?ais de leur temps », Liber amico­rum Charles van den Borren, Anvers, 1964, p. 192-195. M. Thomann, « Rund um Silbermann », Petite Revue, supple?ment litte?raire du Nouvel Alsacien, 1960; M. Lang, La musique en Alsace hier et aujourd’hui, Strasbourg, 1970, p. 450 ipassim); Orgues Silbermann d’Alsace, Strasbourg, 1991 ; R Meyer-Siat, Historische Orgein im Elsass, Munich/Zurich, 1983; M. Thomann, Le monde myste?rieux de l’orgue, Strasbourg, 1998, p. 42 a? 4 6 ; notices de dictionnaires: Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 777-778; H. Klotz, dans Musik in Geschichte und Gegenwart, 12, 1965, col. 694 a? 701 (nombreuses erreurs dans le tableau ge?ne?alo­gique); M. Schaefer, dans M. Honegger, Dictionnaire de la musique, 1986, p. 1171-1172, et la notice percutante, lucide et courageuse de Pie Meyer-Siat dans Encyclopédie de l’Alsace, XI, 1985, p. 6991-6992.

  1. Gottfried,

facteur d’orgues et de clavecins (★ Kleinbobritsch, Saxe, 14.1.1683 † Dresde 4.8.1753). Fre?re de 1. Ce?libataire. Apre?s l’inter­ruption de plusieurs essais professionnels (fabricant de jouets, relieur) et quelques aven­tures douteuses, le jeune homme fougueux et fugueur dut s’exiler. Il arriva, vers 1702, en Alsace chez son fre?re ai?ne? Andre? © 1 dont il devint l’apprenti avec un contrat en bonne et due forme. De?s 1704, il put assurer le suivi de l’atelier strasbourgeois pendant les deux anne?es du se?jour parisien de son fre?re et re?alisa en 1708-1709 son « chef d’œuvre » de mai?trise que fut l’orgue de Saint-Pierre-le-Vieux a? Strasbourg. Les re?gles de la corporation strasbourgeoise interdisant a? un ancien apprenti de s’installer sur le lieu d’activite? de son mai?tre, il s’en est retourne? en Saxe. Sans doute avait-t-il encore participe? aux travaux de Marmoutier durant l’hiver 1709-1710, puisque certains situent son de?part de Strasbourg vers avril 1710. En 1711 il s’installa a? Freiberg, Saxe, ou? il se?journa jusqu’a? la fin de sa vie, amassant une assez importante fortune. Ayant institue? son neveu strasbourgeois Jean Daniel © 4 le?gataire universel (1751), celui-ci vint le rejoindre en 1752: ensemble ils travaille?rent au grand œuvre de la Hofkirche de Dresde que Jean Daniel dut achever seul, aide? par le fac­teur Z. Hildebrandt, son oncle venant de de?ce?­der. Les orgues de G. Silbermann  jouissaient — et jouissent — en Saxe, mais aussi bien plus loin, de Russie en Angleterre, d’une re?putation com­parable a? ceux de sa famille strasbourgeoise. Des 45 orgues qu’il avait construits, 31 subsis­tent, plus ou moins bien conserve?s, dans les environs de Freiberg et de Dresde. Ne se limi­tant pas a? la facture d’orgue, G. Silbermann  se fit un nom dans la construction d’instruments a? cordes, et il est curieux de constater qu’a? Paris les per­fectionnements du clavecin, des « clavicordes » — appele?s aussi « cymbales d’amour » — ou du pianoforte furent attribue?s aux Silbermann  d’Alsace, tan­dis que dans les re?gions germanophones on en faisait gloire a? G. Silbermann. Il est vrai que les deux branches de la famille se communiquaient leurs tours de mains et les « secrets » de fabrication a? l’occasion de stages que ceux de Strasbourg faisaient chez l’oncle saxon. Il est certain que G. Silbermann  avait travaille? a? construire et a? ame?liorer le pianoforte a? partir de 1717 et en est conside?re? comme co-inventeur avec Cristofori. Il en livra une quinzaine a? la seule cour de Prusse et bien d’autres dans toute l’Europe. J. S. Bach admira la sonorite? des instruments Silbermann, et son fils Jean Christian les introduisit a? Londres; Mozart qui les estimait beaucoup (« es sind u?ber die Massen herrliche Instrumente») s’e?vertua en vain a? en acque?rir un.

Sur G. Silbermann  il existe une riche bibliographie. Elle est reproduite dans Das Silbermannnarchiv, ouv. cite?. Cf. aussi H. Klotz qui, dans Musik in Geschichte und Gegenwart, 12, 1965, col. 696 a? 701 a e?tudie? les ressemblances et diffe?rences entre les instru­ments des Silbermann  alsaciens et ceux de Saxe. Malheureusement il a pris pour argent comptant les nombreuses le?gendes circulant sur les aventures diverses de G. Silbermann  et son tableau ge?ne?alogique comporte plusieurs erreurs.

  1. Jean Andre?,

facteur d’orgues, historien et arche?ologue, membre du Grand Se?nat de Strasbourg (★ Strasbourg 24.6.1712 † Strasbourg 11.2.1783). Fils de 1. ∞ I 22.8.1742 a? Strasbourg Anne Salome? Mannberger (★ 1725 † 1769), fille de Jean Nicolas Mannberger, coutelier a? Strasbourg; 9 enfants: des trois garc?ons qui atteignirent l’a?ge adulte deux furent facteurs d’orgues: Jean Daniel (★ 1745 † 1770), et Jean Josias (★ 1765 † 1786), le troisie?me, Jean Andre? © 6 s’e?tablit comme ne?gociant, ∞ II 4.2.1772 a? Strasbourg Anne Élisabeth Schatz (★ 1724 † 1808), fille de Jean Jacques Schatz, gymna­siarque et bibliothe?caire de l’Universite?; sans enfants. Successeur de son pe?re a? la te?te de l’entreprise de facture d’orgue, J. A. Silbermann  fit preuve de?s sa plus jeune enfance de dispositions pour la musique et l’histoire. À l’a?ge de cinq ans il jouait devant le mare?chal du Bourg © le positif que son pe?re venait de construire, et de?s 12 ans il s’inte?ressait aux antiquite?s d’Alsace, avec les encouragements paternels. Assiste? de ses fre?res Jean Daniel © 4, Gottfried (1722-1762) et Jean Henri © 5, J. A. Silbermann  e?difia 57 orgues qui firent sa re?putation universelle. Les deux les plus importants, au Temple-Neuf de Strasbourg (45 jeux) et a? l’abbaye de Sankt Blasien en Fore?t Noire (47 jeux), furent victimes des bombardements de 1870 et de 1944. Aucun des autres n’a subsiste? intact. 38 de ces instruments furent place?s dans des e?glises catho­liques, 12 dans des e?glises protestantes et sept dans des e?glises soumises au simultaneum. Un voyage de six mois qu’il entreprit en 1741 en Saxe aupre?s de son oncle Gottfried infle?chit quelque peu ses conceptions musicales. De?sormais son plein jeu fut plus aigu et il incor­pora plus souvent le jeu de sifflet dans ses dis­positions. S’il se refusa e?nergiquement — contrairement a? ses fre?res — a? s’occuper de la confection de pianoforte, « des me?caniques mangeuses de temps », il profita surtout de ses voyages pour comple?ter ses connaissances du monde de l’orgue. Sur cette matie?re il re?digea sept volumes : le premier sur les 34 instruments construits par son pe?re, le second sur 31 de ses propres re?alisations, le troisie?me contient la description et l’historique de 125 orgues d’Alsace ne provenant pas des ateliers Silbermann , le quatrie?me est consacre? aux notices sur 123 orgues d’Europe non construits par les Silbermann, le cinquie?me est une succession d’aperc?us biographiques sur 182 facteurs d’orgue et organistes du XVIIIe sie?cle, le sixie?me est un recueil de « secrets de fabrique » du me?tier de facteur d’orgue, de « recettes » techniques, de renseignements divers, de listes de prix des mate?riaux ainsi que des normes du temps a? consacrer aux diverses ta?ches en vue de leur facturation, le septie?me volume enfin est com­pose? de feuilles volantes (devis, notes diverses, plans). Longtemps manuscrits, les 1973 pages de ces inestimables documents sont aujour­ d’hui publie?es gra?ce a? la Socie?te? savante d’Alsace. L’ai?ne? des deux fils survivants, Jean Andre? II, ayant pre?fe?re? le ne?goce au me?tier familial, le cadet Jean Josias reprit l’atelier, mais ne surve?cut que trois ans a? son pe?re. La manufacture des Silbermann  en de?she?rence fut reprise par leur contremai?tre, Jean Conrad Sauer et son fils puis, en 1827, par Martin Wetzel © et ses successeurs jusqu’en 1945. Silbermann , qui e?tait membre du Grand Se?nat de la ville de Strasbourg, fit e?galement œuvre d’historien. Au dire de l’e?minent chercheur que fut Robert Will © cette activite? « avait de?passe? le stade de violon d’Ingres dans la dernie?re de?cennie de sa vie » et l’avait fait distinguer par les plus e?rudits des spe?cialistes. Il avait enrichi la bibliothe?que de Strasbourg de 20 volumes in folio de textes manuscrits sur les curiosite?s historiques, arche?ologiques et touristiques de l’Alsace accompagne?s de cinq volumes de dessins et de vues. Peu en avaient e?te? imprime?s (une his­toire de Strasbourg toujours utile, ainsi qu’une description du Mont Sainte-Odile) avant l’incendie de la bibliothe?que du Temple-Neuf en 1870. L’inventaire des manuscrits de sa succession a e?te? publie? re?cemment, de me?me que le catalogue de ses dessins et croquis dont le nombre a e?te? estime? a? environ 450.

Localgeschichte der Stadt Strassburg, Strasbourg, 1775; Beschreibung von Hohenburg oder dem St. Odilienberg, Strasbourg, 1781, avec vingt dessins sur cuivre par Weis © ; Historische Merkwu?rdigkeiten des ehemaligen Elsasses aus den Silbermann’schen Schriften gezogen, publie?es en 1804 par J. Friese, dont, entre autres, Reise durch das Mu?nsterthal und die benachbarten Gebirge, (traduction franc?aise publie?e par F. Gueth), « Silbermann, un facteur d’orgues a? l’assaut du Hohneck », dans La conque?te des hauts, Collection Parc naturel re?gional des Ballons des Vosges, n° 2, s.d. ; Une ascension au Ballon de Guebwiller, Mulhouse, 1873.

La bibliographie et les notices biographiques de dictionnaires mentionne?es sous 1 concernent e?galement J. A. Silbermann : on y ajou­tera B. Schnitzler, La passion de l’Antiquite?. Six sie?cles de fouilles arche?ologiques en Alsace, Strasbourg, 1998, p. 307; J. A. Silbermann  a publie? de son vivant la description de son cabinet de curiosite?s dans le Journal de Murr, t. 8, 1780, p. 12, et de ses manuscrits. M. Schaefer a publie? l’inventaire apre?s de?ce?s de J. A. Silbermann  dans sa the?se (cf. sous 1), on y retrouve une descrip­tion de manuscrits et de ses collections. R. Will a re?pertorie? les dessins et croquis retrouve?s dans: « Une facette me?connue de l’activite? du facteur d’orgues strasbourgeois J. A. Silbermann », Revue d’Alsace, n° 119, 1993, p. 183-216.

  1. Jean Daniel,

facteur d’orgues, de pianoforte et de clavecins, compositeur, « commissaire de la cour de Saxe » (★ Strasbourg 31.3.1717 † Leipzig 9.5.1766). Fre?re de 3. ∞ I 6.3.1748 a? Strasbourg Marie Élisabeth Baer († Soultz 13.9.1750), fille de Philippe Baer, ne?gociant, ∞ II janvier 1766 a? Leipzig Suzanna Christiana Rockenthien. Apre?s l’apprentissage dans l’atelier familial, J. D. Silbermann  devint le collaborateur le plus important de Jean Andre? © 3. En juillet 1741, de?s le retour de son fre?re du voyage en Saxe, il s’installa dans un atelier a? Colmar ou? il resta jusqu’en 1747, anne?e de son retour a? Strasbourg. Il eut des contacts e?troits avec son oncle Gottfried © 2 auquel il rendit visite en 1749 et, lorsqu’en 1752 celui-ci tomba gravement malade, il quitta de?fi­ nitivement l’Alsace pour le rejoindre a? Dresde et, a? son de?ce?s (4 août 1753), il y prit sa succes­ sion. En Saxe, il se distingua plus spe?cialement dans la fabrication de pianos et de clavecins et laissa — au te?moignage de son fre?re Jean Andre? — de nombreux croquis et documents portant sur la facture de ces instruments. Il s’e?tait aussi acquis une re?putation comme organiste et compositeur.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 779. L’ancienne bibliothe?que royale de Berlin pos­se?dait plusieurs manuscrits (Ms 131) et on connai?t de lui une partition de piano de 1757 intitule?e Das Mu?hlrad (Le moulinet), imprime?e par A. Sturm (Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M 270 192). Sur sa spe?cialisation dans la fabrication de pianoforte cf. ouvr. cite?, p. 308.

  1. Jean Henri I,

facteur de pianos, pianiste, organiste et com­positeur (★ Strasbourg 24.9.1727 † Strasbourg 15.1.1799). Fre?re de 4. ∞ 17.8.1757 a? Strasbourg Catherine Marguerite Mosseder († Strasbourg 26.3.1796), fille de Jean Jacques Mosseder, marchand de vins, et de Catherine Schuch. Il re?sida un temps chez son oncle Gottfried © 2, en Saxe, et participa aux travaux de la Schlosskirche de Dresde. C’est la? aussi qu’il se perfectionna dans la facture de piano­ forte, a? laquelle il se consacra entie?rement, se hissant au rang de premier spe?cialiste euro­pe?en en la matie?re. Il livra ses instruments aussi bien en France que dans toute l’Allemagne, en Russie, en Angleterre, en Sue?de, voire dans les Indes orientales. Ses pianoforte, conside?re?s a? l’e?poque comme les premiers du genre, figu­rent aujourd’hui parmi les joyaux de plusieurs muse?es. Au muse?e historique de Ba?le, une e?ti­quette sur un de ses instruments porte la men­tion: « Jean Henry Silbermann, Faiseur de Fortepianos et de Clavecins a? Strasbourg ». Un de ses fils, Jean Fre?de?ric (★ Strasbourg 21.6.1762 † Strasbourg 9.3.1805), ce?libataire, fut facteur de clavecins, organiste et compositeur.

On connai?t de lui des Pie?ces de clavecin e?dite?es a? Paris.

Fétis, Biographie universelle des musiciens, VIII, p. 38-40 ; Lobstein, Beitrage zur Geschichte der Musik im Elsass, Strasbourg, 1840; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, p. 589; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 779; Das Silbermannarchiv, ouvr. cite?, p. 308; H. Klotz, dans Musik in Geschichte und Gegenwart, t. 12, 1965, col. 695.

  1. Jean Andre? II,

ne?gociant (★ Strasbourg 14.12.1752 † Strasbourg 28.3.1794). Fils de 3. ? 14.5.1783 a? Strasbourg Anne Elisabeth Karth, fille de Jean Nicolas Karth, ne?gociant, et de Marie Élisabeth Mylius. Un de ses fils, Fre?de?ric The?odore (★ Strasbourg 14.1.1790 † Strasbourg 5.6.1816) fut violoncelliste. Un second, Jean Andre? III (★ Strasbourg 22.3.1786 † Paris (?)). ∞ 10.7.1813 a? Strasbourg Sophie Fre?de?rique Graffenauer, fille de Jean Daniel Graffenauer, ne?gociant, et de Marguerite Élisabeth Redslob, fut ne?gociant (marchand de rubans) a? Paris.

  1. Jean Henri II,

imprimeur, juriste et administrateur (★ Strasbourg 16.7.1771 † Strasbourg 16.3.1823). Fils de 5. ∞ a? Strasbourg Marie Fre?de?rique Saltzmann, fille de Fre?de?ric Rodolphe Saltzmann, homme de lettres et imprimeur ©, et de Marguerite Salome? Muller. Études de droit. C’est avec la re?organisation de l’Église luthe?rienne, suivant la loi du 18 germinal de l’an X (8 avril 1802), et la nomination de son premier pre?sident Ph. Fr. Kern que de?buta vraiment la carrie?re au service de l’Église de Silbermann. (janvier 1803). Kern appuye? par Chr.-Guillaume Koch, fit nom­mer officiellement Silbermann secre?taire ge?ne?ral du Directoire de l’Église de la Confession d’Augsbourg. Jusqu’a? la formation officielle du Directoire en 1806, Kern et Silbermann assume?rent seuls les ta?ches administratives. Devant le manque de personnel, Silbermann payait de sa propre bourse un secre?taire particulier pour arriver au bout de sa ta?che. À partir de 1810, le Consistoire ge?ne?ral sollicita, aupre?s du gouvernement, son entre?e au Directoire qui ne fut accorde?e qu’en 1818. En 1821, Silbermann fut remplace? par Krafft, candidat en the?ologie, mais pour peu de temps seulement, le nouveau secre?taire « ne remplissant pas l’objet que le Directoire s’e?tait propose? ». Il reprit ensuite l’imprimerie de ses beaux-parents; il y imprima le Courrier du Bas-Rhin.

Nouveau dictionnaire franc?ais-allemand et allemand-franc?ais, 2 vol., 5e e?dition, Strasbourg 1800; Mahlerische Ansichten des ehemaligen Elsasses in radierten Kupfern…mit einem Text begleitet, Strasbourg, 1805; Feuille hebdomadaire du Bas-Rhin (Prospectus), Strasbourg, 1808-1811; « Zuschrift », in der Amtspredigt XXIII Trinit. von den Kanzeln zu vertesen, Strasbourg, 1808; Re?flexions sur la conservation des lois et la liberte? de la presse, Strasbourg, 1814.

Fr. H. Redslob, J. Boeckel, Reden bey dem Leichenbega?ngnisse von Hem Joh. Heinrich Silbermann, 18 Ma?rz 1823 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 779-780; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, 1911, p. 590; A. L. Salomon, F. R. Silbermann (1749-1820), son ro?le dans l’histoire religieuse a? Strasbourg, Paris, 1932; Bopp I, n° 4913, p. 513; M. Scheidhauer, Les Églises luthe?riennes en France 1800-1815, Alsace-Montbe?liard-Paris, Strasbourg, 1975; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 402.

† Marcel Thomann (2000)

  1. Henri Rodolphe Gustave,

imprimeur, (PI) (★ Strasbourg 8 fructidor an IX = 26.8.1801 † Paris 13.6.1876). Petit-fils de Fre?de?ric Rodolphe Saltzmann ©. Fils de 7. ∞ 9.7.1825 a? Strasbourg Marie Catherine Chatelard (★ Bologne, Italie, 23.12.1804 † Strasbourg 2.3.1872), fille de Barthe?le?my Louis Chatelard, colonel d’infanterie, chevalier de Saint-Louis, et de Henriette Jacobe?e Dorothe?e Ettlinger; un fils Fre?de?ric Paul (1806-1878), sous-pre?fet a? Saint-Omer, 2 filles, Fre?de?rique Henriette Pauline (1826-39) et Marie Mathilde (★ 1834) qui e?pousa en 1857 a? Strasbourg le chef d’escadron Edmond Henri David Hartung © dont la descendance parisienne (Marie Hartung-Mallet, ai?eule de Mme Rosetti-Balanesco) he?rita les volumes manuscrits du fonds appele? « Archives Silbermann ». Études secondaires et juridiques a? Strasbourg. Avocat et secre?taire du Conseil des prudhommes. Œuvra pendant deux ans a? Paris dans les ate­liers Firmin et Didot pour se perfectionner dans les techniques d’impression en couleur. Il visita des imprimeries en Angleterre et en Hollande afin de connai?tre de nouveaux proce?de?s. Il s’occupa de l’imprimerie familiale a? partir de 1823, anne?e de la mort de son pe?re. Ge?rant et proprie?taire, avec sa me?re, du journal le Courrier du Bas-Rhin en 1828. Il acquit le bre­ vet d’imprimeur en lettres en 1833 lorsque sa me?re y renonc?a. Re?dacteur du Courrier, devenu quotidien en 1831, jusqu’en octobre 1832. Il en fit l’organe du radicalisme alsacien. Silbermann e?tait membre du Cercle patriotique et de la Loge des Fre?res Re?unis. Membre du conseil municipal en 1840. Re?publicain mode?re? et commandant de la Garde nationale pendant la Deuxie?me Re?publique. Il resta attache? au libe?ralisme poli­tique sous le Second Empire. Secre?taire du Consistoire de Saint-Thomas, il imprima des publi­cations religieuses protestantes. Des pe?rio­diques spe?cialise?s sortaient e?galement de ses presses. Silbermann e?tait pre?sident de la Socie?te? d’hor­ticulture et membre fondateur en 1828 de la Socie?te? des sciences naturelles de Strasbourg. Passionne? d’entomologie, il constitua une col­lection de cole?opte?res qu’il offrit au Muse?e de Strasbourg. Encourage? par la fondation a? Paris de la Socie?te? entomologique de France (1832), il cre?a et assura l’e?dition et l’impression a? Strasbourg de la Revue entomologique qui, conjointement avec la socie?te? parisienne, donna une vigoureuse impulsion a? l’e?tude des insectes en ge?ne?ral. Son but e?tait de faire de la de?centralisation scientifique et surtout de re?pandre en France les travaux de l’e?tranger, de l’Allemagne principalement. Ceci l’avait amene? a? traduire et a? publier, entre autres, en 1835 une introduction a? l’entomologie sous le titre De l’instinct des insectes. De?sormais on vit celle-ci fleurir a? Strasbourg, alors a? la te?te de cette science. Les amateurs de cole?opte?res se re?unissaient souvent le dimanche chez Silbermann, pour prendre connaissance des importants courriers scientifiques de ce dernier et pour se commu­niquer le re?sultat de leurs chasses et e?changes. L’imprimerie repre?sentait la ve?ritable fortune de Silbermann que l’on disait millionnaire a? la fin du Second Empire. Il employait alors plus de cent ouvriers. Il avait expose? ses publications aux diverses expositions nationales et internatio­nales a? partir de 1844 et fut laure?at a? Paris, Londres, Turin, Stuttgart. La pre?sidence du syn­dicat de?partemental de Paris lui revint en 1867. Ses ouvrages furent surtout remarque?s par la beaute? et la varie?te? des couleurs et la mise en forme des textes (pas de coupure de mot…). Il avait publie? a? l’occasion du quatrie?me cente­ naire de l’invention de l’imprimerie, l’Album typographique (1840). Il obtint le brevet d’impri­meur-lithographe en 1867. Ses feuilles de sol­dats colorie?s remporte?rent un vif succe?s parmi la jeunesse. Apre?s la de?faite de la France, il vendit en 1870 le Courrier du Bas-Rhin a? Moritz Schauenburg, un imprimeur du pays de Bade, et en 1872 l’imprimerie a? Gustave Fischbach ©. Il s’e?tait retire? a? Paris aupre?s de sa fille qui avait e?pouse? le futur ge?ne?ral Edmond Hartung ©. G. Silbermann a repre?sente? le type du notable protestant alsacien du XIXe sie?cle.

Bibliothe?que allemande, Strasbourg-Paris, 1826; Revue ento­mologique, Strasbourg, 1833-1837; De l’instinct des insectes, Strasbourg, 1835 ; Énume?ration des entomologistes vivants, sui­vie de notes sur les collections entomologiques des principaux muse?es d’histoire naturelle d’Europe, Paris-Lune?ville, 1835; Observations sur le projet de station de chemin de fer de Strasbourg a? Ba?le et a? Paris, Strasbourg, 1848; Catalogue des cole?opte?res de l’Alsace et des Vosges, Strasbourg, 1866.

Bibliothe?que humaniste de Se?lestat, ms 175, Tableau de tous les membres de la Loge des Fre?res Re?unis ; F. Reiber, Aperc?u des progre?s de l’entomologie en Alsace, Colmar, 1885; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 779-780; F. Ponteil, L’opposition politique a? Strasbourg sous la Monarchie de Juillet, 1932 (voir index); J.-P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous la Seconde Re?publique et a? la fin du Second Empire, the?se de journalisme, Strasbourg, 1870, multigr. (voir index, p. 635); idem, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous le Second Empire, Strasbourg, 1974, p. 23-28; F. Igersheim, Politique et adminis­tration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, 1993 (voir index, p. 829).

† Jean-Pierre Kintz et Franc?ois Schaller (2000)