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SEINGUERLET Louis Euge?ne

Écrivain et journaliste, chroniqueur, (PI) (★ Strasbourg 13.4.1827 † Paris 11.7.1887). Fils de Louis Seinguerlet, huissier, et de Marie Jose?phe Miche?le Ame?lie Guntz ©, d’Obernai. Ce?libataire. Apre?s des e?tudes au Gymnase de Strasbourg et sa licence en droit a? l’Universite? de sa ville natale — ou? il avait e?te? me?le? de pre?s au mouvement de 1848 —, il partit pre?parer son doctorat dans la capitale. Le coup d’État du 2 de?cembre vint interrompre sa carrie?re de?butante. Arre?te?, il devait e?tre envoye? a? Cayenne, quand au dernier moment, les autorite?s se contente?rent de le bannir. Il se re?fugia a? Heidelberg ou? il demeura jusqu’en 1866, deve¬nant un fin connaisseur des choses de l’Allemagne et des affaires de la Confe?de?ration germanique. Aussi devint-il correspondant pour l’Allemagne du journal franc?ais Le Temps et publia-t-il, en 1864, chez l’e?diteur Salomon a? Strasbourg, Douze anne?es de la domination danoise dans les duche?s de Schleswig-Holstein. Le Bibliographe alsacien dira alors de lui: « M. Seinguerlet est peut-e?tre de tous les journalistes franc?ais le seul connaissant parfaitement l’Allemagne ». De me?me pre?dit-il la guerre en 1866 entre la Prusse et les États du Sud et devina-t-il le vainqueur de cette lutte vitale. Toutes ses observations, toutes ses e?tudes sur la vie politique, scientifique et litte?raire de l’Allemagne, se trouve?rent re?sume?es durant ces anne?es cruciales, dans une se?rie de lettres remarquables qu’il publia dans Le Temps. Si la de?faite de 1871 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine lui permirent de rentrer en France, elles furent aussi pour lui un de?chirement terrible de par l’e?loignement de?finitif de son pays natal que ses opinions politiques pro¬ondes et l’annexion de l’Alsace-Lorraine au nouveau Reich allemand, lui imposaient de?s lors. Candidat aux e?lections le?gislatives de 1871 sur la liste du de?partement de la Seine, son e?chec e?lectoral le porta a? se consacrer entie?rement aux lettres et au journalisme, en participant en particulier aux re?dactions de L’Avenir national puis du Sie?cle, ou? il traita avec compe?tence de la politique e?trange?re. Par ailleurs, si au lendemain de 1870, d’innombrables publications, livres, re?cits, romans, articles, en langue franc?aise, allaient e?tre consacre?s aux provinces perdues, un des ouvrages de ce genre les plus curieux qui soient, est sans conteste l’article substantiel publie? en 1876 dans Le Tour de France par Seinguerlet. Son e?tude sur Strasbourg, de 1876, prouve combien ce grand connaisseur de l’Allemagne et qui admirait sous bien des co?te?s le pays ou? il avait re?side? durant pre?s de 20 ans, avait ressenti comme un mauvais coup personnel l’arrachement de sa province d’origine a? la France. En 1879 il fonda la Revue alsacienne qu’il dirigea jusqu’a? sa mort avec beaucoup de tact et de mode?ration. En 1881, il publia chez Berger-Levrault son Strasbourg pendant la Re?volution qui, s’il laisse un peu trop percevoir le vieil esprit anticle?rical de son auteur, ne manque ne?anmoins pas d’inte?re?t pour le lecteur strasbourgeois passionne? par l’histoire de sa cite?. Il publia enfin un volume fort inte?ressant sur les Banques du peuple en Allemagne ainsi que la traduction des Propos de table du comte de Bismarck pendant la campagne de France.

Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, III, n° 35, p. 181 ; Ch. Dollfus, « Euge?ne Seinguerlet », Revue alsacienne, 1887-1888, p. 169-174; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 767; F. Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin, Strasbourg, 1993, p. 194-195 (d’apre?s qui il est de?pute? protestataire en 1871).

† Georges Foessel (2000)