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SCRIPTORIS Paul

Religieux franciscain (★ Weil der Stadt, Wurtemberg, à la fin des années 1450 † Kaysersberg 21.10.1505). Après des études au studium generale de Paris où il fut l’élève d’Étienne Brûlefer, il revint dans son pays d’origine. Il fut gardien du couvent d’études de Tübingen et son enseignement était très apprécié. Il compta parmi ses élèves et ses auditeurs libres des hommes qui jouèrent, à l’époque de la Réforme, un rôle considérable, en particulier Conrad Pellikan © et Paul Volz. Presque toute la communauté des Augustins vint l’écouter. Les sciences exactes le passionnaient, il donna des conférences sur Euclide et Ptolémée et les moines de Bebenhausen lui demandèrent de les aider à confectionner un astrolabe. Son cours sur le commentaire du Livre des Sentences de Scot, publié en 1498, était très conforme à la méthode scolastique, mais si nous en croyons Pellikan, qui a recueilli ses confidences, la nécessité d’une transformation profonde du travail intellectuel, ouvrant plus largement les universités à l’influence des Pères lui était apparue clairement. Son succès auprès des étudiants lui valut la jalousie des professeurs de l’Université de Tübingen qui l’accusèrent de professer des hérésies. Le chapitre provincial de Pforzheim le déplaça effectivement à Bâle et lui interdit d’enseigner et de prêcher en 1501. L’année suivante, une dénonciation de plus l’incita à se rendre à Rome. Il y fut disculpé, semble-t-il. Alors qu’il se trouvait au couvent de Heilbronn, son camarade d’études, Martial Boulier, le vicaire général des Observants de Cismontanie l’appela à Toulouse pour qu’il y enseignât la théologie. Avant de s’y rendre, il fut chargé de négocier avec l’abbaye de Schuttern, Bade, où se trouvait son ancien auditeur Volz l’envoi des moines pour réformer l’abbaye de Saint-Alban, comme le voulait l’évêque de Bâle, Christoph von Utenheim. En route, il tomba malade et se rendit chez ses confrères de Kaysersberg où il mourut. Scriptoris a-t-il exprimé des idées annonçant le luthéranisme, comme le prétend Pellikan, passé lui-même dans le camp protestant? Ou s’est-il contenté dans ses sermons, donnés à Tübingen et dans les localités avoisinantes, de critiquer sans ménagement les abus de la société religieuse ? Cette question reste controversée.

N. Paulus, « Paul Scriptoris, ein angeblicher Reformator vor der Reformation », Theologische Quartalschrift, 1893, p. 289-311 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 761 ; H. Hermelink, Die theologische Fakultät in Tübingen vor der Reformation, Tübingen, 1906, p. 163 ; FI. Landmann, « Zum Predigtwesen der Strassburger Franziskanerprovinz in der letzten Zeit des Mittelalters », Franziskanische Studien, 1928, p. 329 et s.

† Francis Rapp (1999)