Thann est le berceau des Schwilgué alsaciens. Les deux fils de Jean Thiébaut quittèrent leur ville natale, Maurice s’installa en 1777 à Sélestat, François Antoine, né en 1748, partit pour Strasbourg et entra en 1772 au service de Desmarais, subdélégué de l’intendant, comme valet de chambre (cubicularius). Il y épousa à Strasbourg Jeanne Courteaux, originaire de Soigne, Moselle, le 10 mars 1774. Elle lui donna quatre enfants dont deux moururent en bas âge.
Ch. Schwilgué, Description abrégée de l’horloge astronomique de Strasbourg, Strasbourg, 1843, (8e édition : 1862) ; id„ Guide des horloges publiques ou manière de régler et d’entretenir les horloges du système Schwilgué, Strasbourg, 1845 (édition allemande en 1846) ; id., Notice sur la vie et les travaux de mon père J.-B. Schwilgué (portrait), Strasbourg, 1857 ; id., Notice sur la vie, les travaux et les ouvrages de mon père J.-B. Schwilgué, ingénieur mécanicien, officier de la Légion d’honneur, créateur de l’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg, Strasbourg, 1858.
Archives municipales de Strasbourg, fonds de généalogies Eugène Raeuber, n° 659 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 756-758 ; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, IV n° 4 avec portrait ; Maurice Kubler, « Antoine Schwilgué, 1775-1808, médecin de la Salpétrière, chargé de cours à l’École de Médecine de Paris », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1963, p. 109-119 ; Paul Thuet, Jean-Baptiste Schwilgué, constructeur de l’horloge astronomique de Strasbourg – Ébauche d’une biographie sélestadienne, Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1980, p. 107-126 (portrait) ; Encyclopédie de l’Alsace, III, 1983, p. 1292-1346, XI, 1985, p. 6786 ; R. Lehni, L’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg, Paris, 1990 ; H. Bach, J.-P. Rieb, Les trois horloges astronomiques de la cathédrale de Strasbourg, Strasbourg, 1992.
1. Charles Joseph Antoine,
Professeur de médecine (★ Strasbourg 10.10.1775 † Paris 7.2.1808). Fils de François Antoine Schwilgué et de Jeanne Courteaux. Premières études à Strasbourg puis à Sélestat où son père, veuf, s’établit en 1785. Préparateur à la pharmacie de l’hôpital de Sélestat à l’époque de la Terreur. Entré à l’École de Santé de Strasbourg en février 1795, à celle de Paris en juin 1797. Il eut pour maîtres Bichat et Philippe Pinel qui l’accueillit comme élève interne dans son service à l’hospice de la Salpétrière. Il soutint sa thèse en mars 1802 sur le croup aigu des enfants et fut reçu docteur. Elle connut un intérêt lorsqu’en 1807 Napoléon-Charles, fils aîné de Louis Bonaparte, roi de Hollande, mourut à l’âge de cinq ans. L’empereur encouragea les études et offrit un prix de 12 000 F. Schwilgué ajouta à sa thèse les travaux de collaborateurs. Le Recueil de tous les faits et observations relatifs au croup parut en
juin 1808, quelques mois après le décès de Schwilgué emporté par une fièvre cérébrale ataxique. Il enseignait depuis quelques années les « matières médicales ».
Du croup aigu chez les enfants, Paris, 1802 ; Traité de matière médicale par Ch. J. A. Schwilgué, docteur-médecin, membre adjoint de la Société de l’École de Médecine de Paris et professeur de matière médicale, Paris, 1805, rééd. en 1809 et 1818.
2. Jean-Baptiste Sosime,
Mécanicien-horloger, inventeur de la troisième horloge astronomique de Strasbourg (★ Strasbourg 18.12.1776 † Strasbourg 5.12.1856). Frère de 1. ∞ 25.4.1796 Thérèse Hihn, fille de confiseur. 3 fils et 5 filles. Apprenti horloger à Sélestat. Servit comme canonnier volontaire de la garde nationale à partir de 1794. En 1807, il succéda à son ancien maître dans la fonction d’horloger de la ville. Le système métrique décimal ayant été rendu obligatoire par décret impérial en 1808, il devint vérificateur des poids et mesures et le resta jusqu’en 1825. Il avait établi les concordances entre les anciennes et les nouvelles mesures. Il enseigna les mathématiques au collège de la ville (1808-1827). Il fut nommé régent titulaire (1816). Le diplôme de bachelier ès sciences lui fut décerné en 1818 par la commission de l’Instruction publique à Paris. Il s’intéressa particulièrement au problème des calendriers d’horloges astronomiques. Celle de Strasbourg, construite en 1574 par Isaac Habrecht ©, présentait à ses yeux deux défauts: un mécanisme défectueux et un calendrier peint sur un disque qui n’indiquait que pour un siècle les fêtes ecclésiastiques. Schwilgué put résoudre le problème théorique du calcul d’un calendrier perpétuel prenant en compte de nombreux éléments: les cycles solaire et lunaire, la position de la lune le 1er janvier de l’année, le cycle liturgique pascal et dominical (formule de Gauss). Il lui fallut ajuster environ trois cents pièces matérielles pour réaliser ce premier comput ecclésiastique automatique et perpétuel. Il y parvint en décembre 1815: il perfectionna le mécanisme et partit pour Paris afin de le présenter à l’Académie des Sciences en 1821, mais fut seulement invité à rédiger un mémoire. Il fut cependant reçu par Louis XVIII qui l’encouragea beaucoup. Le conseil municipal de Sélestat lui demanda alors de construire une horloge pour la tour de l’église Saint-Georges (montage et travaux de 1822 à 1825). Schwilgué quitta Sélestat pour Strasbourg en 1827 répondant aux offres faites par Frédéric Rollé © dès 1822 après le décès du fabricant Aloïse Quintenz ©, son associé. Son fils Charles lui avait succédé dans les fonctions de vérificateur des poids et mesures en 1826. Schwilgué avait examiné à Sélestat les produits de l’atelier de Rollé en tant que vérificateur; il avait même proposé des améliorations. Schwilgué prit la direction des ateliers. Le contrat d’association conclu pour dix ans, le 1er avril 1827, créa la «société Rollé et Schwilgué» spécialisée dans la fabrication de bascules, balances, machines de précision et horloges d’édifices. Elles furent présentées à l’exposition industrielle à Paris en 1834. Leur intérêt valut à Schwilgué la nomination dans l’ordre de la Légion d’honneur. Schwilgué forma des ouvriers dont les frères Ungerer ©. Il fut nommé examinateur au concours d’entrée à l’École nationale des Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne en 1829. Il fut également membre de la commission de surveillance des bateaux à vapeur. Le maire de Strasbourg lui avait alors demandé un rapport sur la réfection de l’horloge astronomique. Un second rapport fut nécessaire en 1836. Afin de pouvoir réaliser son projet, Schwilgué ne renouvela pas son contrat d’association avec Rollé et vendit le matériel de construction de balances et de bascules à une société qui plus tard eut pour raison sociale celle de Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM). Schwilgué fut chargé en 1838 de restaurer l’ancienne horloge : il en construisit au contraire une nouvelle en conservant l’ancien buffet. La municipalité imposa à Schwilgué de la mettre en mouvement, sans qu’il ait pu effectuer un essai ou un réglage, le 2 octobre 1842, devant les savants venus assister au dixième congrès scientifique de France. Un hommage solennel lui fut rendu par les autorités et la population le 31 décembre suivant, lors de la mise en marche officielle. Schwilgué installa dès lors de nombreuses horloges dans les villages et les villes d’Alsace, construites par ses 30 ouvriers. À partir de 1852, il commença la rédaction d’un traité des engrenages qu’il ne put achever. Le jour de la Toussaint en 1853 l’empereur lui rendit visite ; il fut promu officier dans l’ordre de la Légion d’honneur quelques jours plus tard.
3. Jean-Baptiste,
Conseiller général, ingénieur des Ponts et Chaussées (★ Sélestat 12 fructidor an VI = 29.8.1798 † Paris 16.11.1855). Fils de 2. ∞ Guillemette Louise, fille du comte de Strahlenheim, propriétaire du château d’Oberbronn. Humanités à Sélestat et au lycée de Strasbourg (1814). Reçu à l’École polytechnique en 1815 puis à l’École des Ponts et Chaussées. Inspecteur des Ponts et Chaussées à Rouen (1822) puis au Havre. Ingénieur en chef chargé du service départemental du Bas-Rhin et du service spécial du canal de la Marne au Rhin (1839). Chargé de celui de la construction du chemin de fer de Paris à Strasbourg, section du Bas-Rhin. Il supervisa également la construction de la ligne Strasbourg-Wissembourg. Conseiller général du Bas-Rhin, représentant le canton de Haguenau en 1855. Bien qu’habitant Paris, il avait été le candidat de l’administration. Le préfet avait estimé qu’« il sera(it) un membre très utile ».
F. Ponteil, L’opposition politique à Strasbourg sous la Monarchie de Juillet, Strasbourg, 1932 ; F. Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, 1993 (voir index).
4. Alexandre Sébastien,
Ingénieur, (C) (★ Strasbourg 20.1.1811 † Strasbourg 31.1.1836). Frère de 3. Entré major à l’École polytechnique en 1829, il devint ingénieur des Ponts et Chaussées comme son frère aîné.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 758; T. Ungerer, « La vie au collège royal de Strasbourg », Revue catholique d’Alsace, 1928, p. 553, 610.
† Jean-Pierre Kintz (1999)