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SCHWEITZER-BRESSLAU Helene Marianne,

Infirmie?re, inspectrice de l’Orphelinat a? Strasbourg, (I puis PI) (★ Berlin 25.1.1879 † Zurich 1.6.1957). Fille de Harry Bresslau ©, professeur d’universite? et de Caroline Isay. ∞ 15.06.1912 a? Strasbourg Albert Schweitzer © ; 1 fille, Rhena (★ Strasbourg 14.1.1919). Scolarite? primaire a? l’e?cole municipale de filles de Charlottenburg. En 1886, son pe?re fit baptiser discre?tement ses trois enfants, en dehors de Berlin, pensant leur rendre la vie plus facile. À partir de mars 1890, date a? laquelle la famille Bresslau s’installa a? Strasbourg ou? le pe?re avait obtenu une chaire d’histoire du Moyen Âge, Helene fre?quenta la pension Lindner, une e?cole prive?e de jeunes filles d’un tre?s bon niveau. Elle fit la connaissance et se lia d’amitie? avec Elly Knapp ©. En 1894, l’anne?e de sa confirmation, elle apprit a? lire la Bible crayon a? la main et, a? partir de la?, elle s’identifia au protestantisme libe?ral et rationaliste. C’est e?galement la fre?quentation de la paroisse Saint-Guillaume qui e?veilla son inte?re?t pour le travail social. Elle poursuivit ses e?tudes a? l’e?cole supe?rieure de jeunes filles en 1895-1896 et obtint le certificat d ‘aptitude a? l’emploi d ‘institutrice. Paralle?lement, elle e?tudia le piano et le chant au Conservatoire de musique, devint membre du Chœur de Saint-Guillaume et dirigea l’École du Dimanche. Ses premie?res rencontres avec Albert Schweitzer remonte?rent a? 1898 au cours d’un mariage, puis a? 1901 a? l’occasion de promenades a? bicyclette dans le cadre d’un Radel-Club. Elle suivit en 1901 un enseignement d’un semestre chez l’historien de l’art Georg Dehio ©. En 1902-1903, elle effectua un se?jour de neuf mois en Angleterre ou? elle aurait du? enseigner comme institutrice. Mais, se sentant peu attire?e par la pe?dagogie, elle se passionna pour les questions sociales, visita les quartiers de?favorise?s de l’Est londonien et e?tudia les travaux sur les enfants de la rue du docteur Thomas Barnardos. Elle prit quelques mois de repos consacre?s a? voyager en Ukraine et en Russie. À son retour a? Strasbourg, elle s’engagea comme Waisenpflegerin, be?ne?vole au service des orphelins. Son travail consistait a? visiter les enfants et les familles des quartiers de la vieille ville et a? rendre compte au conseil des orphe¬ lins des conditions de vie et logement rencontre?es. Durant ces anne?es, elle se fit a? l’ide?e de mener une vie inde?pendante, mais en exerc?ant un me?tier. C’est a? l’ho?pital civil de Stettin qu’elle choisit en janvier 1904, malgre? les re?serves de ses parents, de suivre durant trois mois une formation d’infirmie?re, expe?rience tre?s dure et e?prouvante dont elle sortit de?prime?e. Elle revint a? Strasbourg, R. Schwander ©, qui avait assure? la direction du Service d’assistance Publique et qui l’avait remarque?e lui proposa un poste de Waiseninspektorin, inspectrice de l’Orphelinat. Helene eut du mal a? convaincre son pe?re, qui venait d’e?tre e?lu recteur de l’Universite?, qu’un travail social re?mune?re? convenait parfaitement a? des femmes instruites de la bourgeoisie. Quelques mois apre?s qu’elle eut pris son poste d’inspectrice, son ami Albert Schweitzer avec lequel elle n’avait jamais cesse? de correspondre, entreprit des e?tudes de me?decine dans l’intention d’aller s’installer comme me?decin en Afrique. Helene e?tait alors la seule personne a? soutenir ses projets inconditionnellement. « Mon ami, dont les projets sont la fierte? et le bonheur de ma vie », e?crit-elle a? cette e?poque. La charge d’inspectrice reque?rait une grande volonte? et un engagement total. Elle avait la responsabilite? de la prise en charge de 1200 nourrissons et petits enfants qui e?taient sous tutelle et effectuait jusqu’a? trente visites a? domicile par jour. À partir de 1906, elle assura en outre des cours pour les be?ne?voles qui voulaient venir en aide aux pauvres. Gra?ce au soutien du maire et des membres du conseil municipal de Strasbourg, Helene ouvrit au 28, rue Saint-Urbain une maison pour jeunes femmes de?laisse?es qui venaient d’accoucher. Elles pouvaient y se?journer jusqu’a? ce qu’elles eussent repris des forces. Durant les quatre anne?es (avril 1905-avril 1909) ou? elle mena de front l’ensemble de ses activite?s, elle trouva encore le temps de relire et de corriger les manuscrits d’Albert Schweitzer, en particulier ses ouvrages “Jean-Se?bastein Bach Le musicien-poe?te” (paru en 1905) et “Geschichte der Leben-Jesu-Forschung” (paru en 1906). Elle relevait les imperfections de style et les alsacianismes dont elle se moquait. Tous ceux qui les fre?quentaient a? cette e?poque, tel Friedrich Curtius ©, notaient une grande complicite? d’esprit entre eux, tandis que Harry Bresslau reprochait a? Albert Schweitzer de faire mener a? Helene une vie diffe?rente de ce qu’e?tait en droit d’attendre une fille d’universitaire. Lorsqu’elle quitta ses fonctions, le maire R. Schwander re?digea a? son intention un rapport fort e?logieux: « Elle s’est acquitte?e de sa fonction de fac?on exemplaire. Dote?e de connaissances excellentes et d’une grande intelligence, elle a su allier un esprit pratique a? un regard aiguise? quant aux besoins de la classe sociale pour laquelle elle a travaille?. Elle a su e?galement parfaitement gagner la confiance de ces populations et su relancer le be?ne?volat au sein de l’Orphelinat ». Helene entreprit une formation d’infirmie?re a? l’ho?pital de Francfort-sur-le-Main. Comme elle pratiquait des journe?es de travail de 14 a? 16 heures, elle souffrit rapidement de de?pression et de surmenage et contracta la tuberculose. Pendant le long conflit qui opposa Albert Schweitzer aux Missions de Paris et a? leur directeur Alfred Boegner ©, elle fit un nouveau se?jour en Angleterre ou? elle recueillit des informations sur les missions du Congo et rassembla de la documentation sur l’Afrique a? l’intention d’Albert Schweitzer. Les e?ve?nements s’acce?le?re?rent a? partir de 1911-1912: fianc?ailles a? Gunsbach a? Noe?l 1911, suivies du mariage en juin 1912, de?part pour l’Afrique et enfin arrive?e a? Lambare?ne? en avril 1913 ou? elle participa aux co?te?s de son mari a? la construction de l’ho?pital. Au cours de ce premier se?jour, elle assista le «Docteur» comme infirmie?re responsable. À la de?claration de guerre, les autorite?s franc?aises conside?raient, qu’Albert Schweitzer, ayant toujours — par la force des choses — la nationalite? allemande, le couple ne pouvait quitter la colonie franc?aise. Ils se trouvaient en fait dans la situation de « prisonniers de guerre ». À partir de 1915, Helene souffrit d’ane?mie tropicale. Lorsqu’ils purent enfin revenir en France en novembre 1917, ils furent d’abord interne?s durant neuf jours dans une cellule humide d’une caserne de la re?gion de Bordeaux, transfe?re?s ensuite dans un « camp spe?cial pour Alsaciens-Lorrains » a? Garaison dans les Hautes-Pyre?ne?es, puis en avril a? Saint-Re?my- de-Provence, Vaucluse, et enfin rapatrie?s en Alsace en juillet 1918. L’e?tat de sante? d’Helene continuait a? se de?grader. Le se?jour prolonge? en Afrique et les conditions de?plorables de sa de?tention en France de?veloppe?rent une tuberculose ge?ne?rale, une maladie a? l’e?poque tre?s redoute?e, que l’on ne savait pas soigner, et qui de plus, e?tait alors stigmatise?e. À partir de son retour, la vie d’Helene fut une succession d ‘hospitalisations en clinique ou en sanatorium et de se?jours avec sa fille a? Königsfeld (Fore?t-Noire) ou en Suisse. Si elle effectua encore quelques courts passages a? Lambare?ne?, elle ne pouvait plus, a? son grand de?sespoir, ni seconder ni assister son mari. La correspondance qu’elle e?changea durant cette longue pe?riode avec lui est remplie d’un sentiment d’impuissance et de de?sespoir. Elle parvint toutefois d’octobre 1937 a? fe?vrier 1939 a? se lancer dans une tourne?e de confe?rences aux États-Unis, ou? en l’espace de quelques semaines, elle re?ussit le tour de force de prononcer 28 confe?rences sur l’œuvre d’Albert Schweitzer. Leur retentissement fut tel, que les fonds recueillis permirent tout au long de la guerre d’acheminer des me?dicaments a? Lambare?ne?. Sa dernie?re grande joie fut de pouvoir assister aux co?te?s de son mari a? la remise du Prix Nobel a? l’Universite? d’Oslo le 4 novembre 1954. Apre?s un ultime se?jour a? Lambare?ne? (de?cembre 1956-23 mai 1957), elle de?ce?da a? Zurich. Ses cendres sont de?pose?es dans le petit cimetie?re de l’ho?pital Albert Schweitzer a? Lambare?ne?.

Archives Albert Schweitzer, Gunsbach, Haut-Rhin; Verena Mu?hlstein: Helene Schweitzer Bresslau. Ein Leben fu?r Lambare?ne?. Mu?nchen, 1998; Jean-Paul Sorg : Albert Schweitzer, Helene Bresslau, correspondance 1901-1905, L’amitie? dans l’amour, 2005.

Franc?ois Uberfill (2006)