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SCHWARTZ Jacques

Professeur d’Université, papyrologue, (I) (★ Bordeaux 5.3.1914 d. Strasbourg 17.6.1992, inhumé à Westhoffen). Fils unique d’Isaïe Schwartz ©. ∞ Françoise Coblentz. Il vint à Strasbourg lorsque son père fut nommé grand rabbin du Bas-Rhin en 1919. Après des études secondaires aux lycée Kléber et Fustel de Coulanges, il fit des études supérieures de lettres classiques à la faculté de Strasbourg. Sch. réussit la licence ès lettres en 1934, l’agrégation de grammaire en 1938 et fut nommé professeur au lycée Kléber. Survint la Seconde Guerre mondiale, que Schwartz fit dans l’artillerie. Blessé, fait prisonnier le 10 juin 1940, puis libéré, il enseigna au lycée Biaise Pascal de Clermont-Ferrand jusqu’à sa révocation le 19 décembre suivant comme professeur juif, par les autorités de Vichy en vertu des lois raciales. Il participa aux fouilles du plateau de Gergovie lancées par le professeur Jean Lassius © et soutenues activement par le général de Lattre de Tassigny ©. Après novembre 1942, Schwartz quitta Clermont, mena une vie aléatoire et retirée qui ne l’empêcha pas d’assurer l’enseignement des lettres au petit séminaire israélite de Limoges, école d’où est issue une partie notable des cadres et des intellectuels de la communauté réorganisée de l’après-guerre. Au sortir de la guerre, il enseigna quelques mois au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés. Il fut ensuite nommé pensionnaire de l’IFAO (Institut français d’archéologie orientale) du Caire où il resta en poste d’octobre 1945 à septembre 1948. Il s’y spécialisa en papyrologie grecque et publia de nombreux travaux dans le Bulletin de l’IFAO, dans les Annales du Service des antiquités, dans la Revue de philologie et dans la Revue biblique. Puis l’Université de Strasbourg l’accueillit, où peu de temps après sa soutenance de thèse en 1958 (Pseudo-Hésiodeia), il devint professeur titulaire de langue grecque et de papyrologie et directeur de l’Institut de papyrologie jusqu’à sa retraite en septembre 1987. Ses nombreuses recherches lui valurent d’être nommé le 13 décembre 1985, correspondant français de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres à la place de Jean Vercoutter. Officier dans l’ordre du Phénix (Grèce), commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.

Pendant ces décennies, Schwartz scruta méthodiquement les objets scientifiques variés que lui amenaient ses origines, sa formation de philologue et son séjour en Egypte. Sa bibliographie comprend 190 titres se rapportant à la papyrologie grecque, à la littérature grecque d’époque impériale, à l’histoire de l’Orient hellénisé (et plus particulièrement de l’Égypte), à l’histoire du Bas-Empire, à la numismatique antique etc.. Il montra ainsi un vif intérêt pour les alsatiques, particulièrement pour le judaïsme local, notamment de Westhoffen, de Traenheim, sur les juifs de Strasbourg à l’époque de la construction de la synagogue de la rue Sainte-Hélène (1834). Il fut longtemps un membre actif de la Commission française des archives juives et le vice-président de la Société d’histoire des israélites d’Alsace et de Lorraine. Il a pratiqué la plupart des disciplines savantes de l’Antiquité : l’épigraphie, l’archéologie, l’iconographie, la critique littéraire et la numismatique. Dans chacune de ces disciplines, il a laissé d’importants travaux d’histoire, d’édition et d’exégèse comme sa Biographie de Lucien de Samosate en 1965. Son champ de prédilection fut cependant l’édition de papyrus continuant la tradition de l’école allemande et de son maître Paul Collomp. La riche collection de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg lui donna l’occasion de développer à partir des années 1950 des travaux d’érudition en collaboration avec ses étudiants dans la série annuelle des Papyrus de Strasbourg à raison d’au moins 20 documents par an jusqu’au n° 900. Les éditions s’accompagnaient d’études, incorporant une réflexion historique originale, qu’il s’agisse des judaïca égyptiens (avec en particulier ses recherches sur la colonie d’Élephantine et d’Edfou en Haute-Égypte et sur Philon), de géographie et de topographie culturelle (le Sérapéum d’Alexandrie) ou d’histoire socio-économique. Attaché à sa famille et fidèle à l’esprit du judaïsme, il participa régulièrement aux colloques de la Société d’histoire des israélites d’Alsace et de Lorraine de 1978 à 1991.

Parmi ses principales publications : « Recherches sur les dix dernières années du règne d’Auguste », Revue de philologie, 1944 ; « Le Nil et le ravitaillement de Rome », Bulletin de l’IFAO, t. XLVII, p. 179-200 ; « Horace, art poétique », Revue de philologie, 1947, p. 49-54 ; Fouilles franco-suisses. Rapports. I. Qasr-qarun Dionysias (en coll. avec H. Wild), 1950 ; Lucien de Samosate. Philopseudes. De morte peregrini (édition, introduction et commentaire), 1951 ; Les moules de monnaies impériales romaines, essai bibliographique (en coll. avec M. Jungfleisch), 1952 ; Hommage à Georges Sand, 1804-1876 (en coll. avec G. Duveau, J. Gaulnier, M. L’Hôpital et M. Parent), 1954 ; Pseudo-Hésiodeia. Recherches sur la composition, la diffusion et la disparition ancienne d’œuvres attribuées à Hésiode, Leyde, 1960 ; Les archives de Sarapion et de ses fils. Une exploitation agricole aux environs d’Hermoupolis Magna (de 90 à 133 p. c.), Le Caire, 1961 ; La Gaule romaine et l’Égypte, 1962 ; Papyrus grecs de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (édition), 1963 ; « Une famille de chepteliers au IIIe siècle p.c. », Recherches de papyrologie, 3, 1964, p. 49-96 ; « Strasbourg au début de la Monarchie de Juillet : La construction de la synagogue consistoriale (1832-1834) », Archives juives, 2, 1982, p. 25-31.

Service des Archives de l’Université des Sciences humaines de Strasbourg II ; J. Gascou, « Jacques Schwartz (1914-1992) », KTEMA, 14, Université des Sciences humaines de Strasbourg, Centre de recherches sur le Proche-Orient et la Grèce antique, 1989 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 19.6.1992 ; J. Monfrin, « Eloge funèbre de M. Jacques Schwartz », CRAI, 1992, p. 774 ; C. Singer, Vichy, l’Université et les Juifs, Paris, 1992, p. 150, 223-224, 268 ; A.-M. Haarscher, « Schwartz Jacques : in memoriam », Unir, sept. 1992, p. 8 ; A.-M. Haarscher, N. Blumenkranz, « In memoriam Jacques Schwartz », Archives juives, n° 27/1, 1er semestre 1994, p. 124.

Jean Daltroff (1999)