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SCHÜRER Mathias

Humaniste, imprimeur, éditeur (★ Sélestat vers 1470 † Strasbourg avant mars 1520). ∞ Katharina Speich de Molsheim (selon J. Benzing). Fréquenta les cours de l’humaniste Crato Hofmann © avant de poursuivre des études universitaires à Cracovie, Pologne, où il obtint en 1494 le diplôme de magister artium. À partir de 1501, on le trouve chez l’imprimeur Flach le jeune © à Strasbourg comme prote. Le 9 juin 1502, il acheta le droit de bourgeoisie. Par la suite, il travailla chez Johann Prüss © l’aîné de 1504 à 1505, puis chez Knobloch l’aîné © en 1507. En 1508, il s’établit à son propre compte et commença à publier des œuvres d’humanistes et des textes classiques. Son premier ouvrage est un recueil de traités religieux et philosophiques de l’humaniste Thomas Wolf ©. Entre 1514 et 1519, il publia essentiellement des œuvres classiques de Cicéron, Horace, Ovide, Plaute, Pline, Plutarque, Salluste et Virgile, en même temps que les écrits de Geiler ©, Wimpheling ©, Erasme ©, Beatus Rhenanus © et Heinrich Bebel, professeur à l’Université de Tübingen, Wurtemberg. Plus que tout autre imprimeur membre de la célèbre Sodalité littéraire, Schürer fit alors connaître l’antiquité classique. Il fut le premier à employer des caractères grecs dans la Syntagma de Musis de l’humaniste italien Gregorius Giraldo, parue en 1511. En 1515, il publia la première édition grecque des Dialogues de Lucien, suivie l’année suivante par l’édition de l’Iliade d’Homère. Schürer jouit d’une excellente réputation auprès des humanistes alsaciens à cause des soins qu’il apportait à ses publications : beaux caractères à la manière aldine et peu de fautes d’impressions. Il avait un excellent collaborateur à partir de 1515 en la personne de Nicolaus Gerbel ©. Pour les ouvrages grecs, il se fit aider par Johann Ruser d’Ebersheim. Depuis 1513, il occupa en outre dans son officine le typographe Andreas Cratander (Hartmann) qui ouvrit plus tard une imprimerie à Bâle. Pour les illustrations, relativement peu nombreuses, Schürer fit appel à des artistes de qualité, entre autres à Baldung © Grien qui illustra le Seleriparadisz de Geiler © (1510), Wechtelin et Urs Graf. Ce dernier est l’auteur de la plupart des bordures qu’on trouve dans les imprimés de Schürer (voir comme exemples les Collectariea Adagiarum d’Erasme (1514) et le portrait de Maximilien dans la Chronique d’Otto de Freysing (1515), portrait qui valut à Schürer des armoiries : une gerbe et la devise Tempora observa. Schürer les emploiera parfois comme marque typographique). Schürer publia aussi de nombreux manuels scolaires très appréciés à cause de leur format. Érudit, imprimeur et éditeur, Schürer stimula par ses publications l’intérêt pour le monde de l’antiquité: on connait de lui 105 œuvres d’humanistes et 74 ouvrages classiques (voir liste chez M. Usher-Chrisman, ouvr. cité, 1978, p. 167-172). Pour raison de santé, Schürer s’adjoignit à partir de 1519 son neveu Lazarus Schürer ©. Selon J. Benzing, sa veuve aurait continué pendant quelque temps l’exploitation de l’officine avec l’aide de Jacob Frölich ©, ce qui expliquerait la parution de
quelques imprimés luthériens sous le nom de Schürer. Quant à son activité humaniste, elle fut poursuivie pendant quelques années par Ulrich Morhart.

Ch. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace à la fin du XVe et au commencement du XVIe s., Paris, 1879, I, p. XX, 83; P. Kristeller, Die Strassburger Bücherillustration im XV. Jh. und im Anfang des XVI. Jh., Leipzig, 1888, p. 140-143; Ch. Schmidt, Répertoire bibliographique strasbourgeois jusqu’à 1530, Mathias Schürer 1502-1520, VIII, 1896; P. Heitz, K. A. Barack, Elsässische Büchermarken, Strasbourg, 1892, p. XVIII-XIX; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 735-737; E. Linckenheld, « Essai sur les débuts de la typographie grecque en Alsace », Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, t. 26, 1926, p. 167-174; K. Schottenloher, Bibliographie zur deutschen Geschichte im Zeitalter der Glaubensspaltung 1517-1585, Leipzig, 1935, t. 2, p. 246; F. Ritter, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe s., Strasbourg, 1955, p. 613 (passim); L. Baillet, « Le premier manuel de grec paru à Strasbourg », in: Festschrift Joseph Benzing, 1964, p. 25-36; J. Benzing, « Die Reformationspresse der Matthias Schürer Erben in Strassburg 1520-1525 », in: Refugium animae bibliotheca, Festschrift für Albert Kolb, Wiesbaden, 1969, p. 43-55; M. Usher-Chrisman, « Mathias Schürer humaniste-imprimeur », in: Grandes figures de l’humanisme alsacien, 1978, p. 159-172 (avec liste de tous les imprimés de Schürer); J. Benzing, Die Buchdrucker des 16. und 17 Jh. im deutschen Sprachgebiet, 2e éd., Wiesbaden, 1982, p. 440; M. Usher-Chrisman, Bibliography of Strasbourg imprints 1480-1599, New Haven, 1982, p. 416-417 (passim); idem, Lay culture learned culture. Books and social change in Strasbourg 1480-1599, New Haven, 1982, p. 399 (passim); J. Rott, Investigationes historicae…, Strasbourg, 1986, I, p. 117, 118, 120, 466; II, 314.

† François-Joseph Fuchs (1999)