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SCHURÉ Philippe Frédéric Édouard

Philosophe, poète et auteur dramatique, (PI) (★ Strasbourg 21.1.1841 † Paris 7.4.1929). Fils de Jean Frédéric Schuré, médecin, et de Sophie Pauline Bloechel. ∞ 18.10.1866 Mathilde Nessler, sœur de Victor Nessler ©. Après des études de droit à Strasbourg, Sch. partit pour l’Allemagne à la recherche du Lied et de ses origines. D’une grande curiosité intellectuelle et passionné par les sciences occultes, il vécut ensuite à Paris où la parution de son livre, Histoire du Lied, lui ouvrit les portes des milieux littéraires. Mais la grande révélation, pour lui, fut la musique de Richard Wagner entendue à Munich. Il rencontra le compositeur, assista à des concerts privés d’extraits de son œuvre que Wagner organisait pour son ami et mécène, le roi Louis II de Bavière. Faire connaître et comprendre cette musique en France devint le but de Schuré qui l’analysa longuement dans son Histoire du drame musical. Elle ne parut qu’en 1875, la guerre de 1870 ayant éclaté et séparé les deux amis. Schuré, passionnément français, ne put supporter le chauvinisme de Wagner. Il assista cependant, en 1876, à l’inauguration du Festspielhaus de Bayreuth. Une autre puissante influence marqua l’œuvre de Schuré. Fuyant l’Alsace en 1870, il se rendit en Italie où il noua une liaison passionnée avec une artiste, Marguerite Albana Mignaty († 1887), qui l’aida à la compréhension de la musique de Wagner et à la rédaction de son Histoire du drame musical. Mais, surtout, elle l’inspira pour ses recherches spirituelles d’où sortit le livre Les grands initiés. Schuré y raconte l’histoire religieuse de l’humanité. Il évoque en visions poétiques les grands créateurs de religions, les prophètes, les sages, parmi lesquels Rama, Krichna, Moïse, Platon, Jésus, qui ont révélé la vérité essentielle, profonde de l’aventure spirituelle de l’homme. Après le décès de sa compagne, Schuré voulut communiquer ses certitudes par l’intermédiaire du théâtre. Il écrivit de nombreuses pièces réunies sous le titre général de Théâtre de l’âme. Peu de ces pièces parurent sur une scène, mais c’est cependant l’une d’elles, Les enfants de Lucifer, qui provoqua, en 1906, la troisième rencontre importante, vitale, pour Schuré, celle de Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie. Une amitié profonde naquit entre les deux hommes. Les deux amis se rencontrèrent en Allemagne où Steiner faisait jouer la traduction des Enfants de Lucifer, en Alsace où Steiner vint souvent rejoindre Schuré à Barr.
Mais, comme avec Wagner, la guerre de 1914 les sépara. Ils se réconcilièrent et Schuré assista à l’inauguration du Goetheanum de Dornach, près de Bâle. Schuré avait des vues spirituelles profondes et novatrices pour son époque, et aussi des visions assez prophétiques sur l’évolution de la civilisation actuelle. Il avait fait l’unité en lui entre la vie spirituelle et la connaissance scientifique.

Outre de nombreux articles et préfaces, citons : Histoire du Lied, 1868 ; L’Alsace et les prétentions prussiennes, 1870 ; Histoire du drame musical, 1875 ; Les grandes légendes de France, 1893 ; Les grandes légendes d’Alsace, 1884 ; Les grands initiés, 1889 ; Sanctuaires d’Orient, 1898 ; Précurseurs et révoltés, 1904 ; Femmes inspiratrices, 1908 ; L’évolution divine, 1912 ; L’Alsace française, 1916 ; Les prophètes de la Renaissance, 1920 ; L’âme celtique et le génie de la France, 1920 ; La Genèse et la tragédie, 1925 ; Le rêve d’une vie – Autobiographie, 1928. Poésies : Les chants de la montagne, 1877 ; La vie mystique, 1893 ; L’âme des temps nouveaux, 1909. Théâtre : Vercingétorix ; 1er théâtre de l’âme : Les enfants de Lucifer, La sœur gardienne, 1900 ; 2ème théâtre de l’âme : La Roussalka, L’ange et la sphynge, 1902 ;3ème théâtre de l’âme : Léonard de Vinci. Rêve éleusinien à Taormina, 1905 ; La druidesse, 1913 ; Merlin l’enchanteur, 1924. Romans : Mélidona, 1879 ; L’ange et la sphynge, 1897 ; Le double, 1899 ; Prêtresse d’Isis, 1907 ; La druidesse, 1913.

Archives municipales de Strasbourg, archives d’E. Schuré ; parmi de nombreuses études sur Schuré on peut citer: A. Roux, R. Veyssié, L’œuvre d’Éd. Schuré, Paris, 1914; A. Roux, Lettres à un combattant, d’Éd. Schuré, Paris, 1921 ; J. Dornis, Un Celte d’Alsace. Vie et pensée d’Éd. Schuré, Paris, 1923; H. Gillot, « Édouard Schuré » La Vie en Alsace, 1926, IV, p. 212; G. Jean-claude, Édouard Schuré – sa vie – son œuvre, Paris, 1968.

Georgette Jean-claude (1999)