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SCHOELCHER (SCHELCHER) Marc

(★ Fessenheim, Haut-Rhin, 26.4.1766 † Paris 14.10.1832). Fils de Jean Baptiste Schoelcher, cultivateur, et de Jeanne Hoffmann, de Rumersheim. ∞ 2 Messidor an IV( = 20.6.1796) à Paris Victoire Jacob, (C) (★ Meaux 11.5.1767 † Paris 9.1.1839), marchande lingère, fille de Jean René Jacob et de Marguerite Aublets; 3 fils. Après son mariage Schoelcher changea l’orthographe de son nom en ajoutant un «o» à la première syllabe, une variante qui existait déjà en Alsace. Il travailla très tôt dans une tuilerie locale avec son frère aîné François-Joseph, tuilier, mais ses parents le destinaient aux ordres et le firent entrer dans un séminaire. Il abandonna néanmoins sa vocation et c’est grâce à une relation familiale, une cousine de sa mère, Christine Caritas Hoffmann, épouse du porcelainier parisien Jean Baptiste Locré, qu’il entra dans la manufacture de ce dernier pour s’initier à la porcelaine dure. Après son apprentissage il s’installa comme faïencier 4, rue de la Monnaie. Schoelcher saisit le 9 floral an VI (28 avril 1798) l’occasion de la vente d’une manufacture au 60, rue du faubourg Saint-Denis (située aujourd’hui au n° 132) créée en 1772 par Pierre Antoine Hannong ©. En 1810, à la suite de la promulgation de la loi sur les locaux insalubres, il abandonna la fabrication pour se consacrer à la décoration. La porcelaine dure doit à Schoelcher de notables progrès pour ce qui est de la blancheur, de la transparence, de la dureté, de la résistance au feu, et un notable perfectionnement dans la décoration; il développa des systèmes de décors pour frises d’assiette. Il fabriqua essentiellement des objets de luxe néo-classiques, où se reflètent les tendances de l’époque Empire, influencées par la campagne d’Égypte. L’or utilisé comme luxueux accessoire fut employé généreusement pour recouvrir entièrement les pièces, en ménageant pourtant des réserves pour un décor iconographique. Schoelcher passa maître dans l’art de la fleur, décor principal de ses impressionnantes fabrications de services. La manufacture Schoelcher fut une des plus importantes de Paris après celle de la manufacture de Sèvres, car elle occupait jusqu’à 90 ouvriers et artistes depuis les dernières années du XVIIIe siècle jusqu’à la Restauration. Cette période fut aussi la plus brillante de son histoire pour l’ensemble de la porcelaine de Paris qui se hissa alors au premier plan en Europe. Suite à des problèmes conjugaux, la manufacture du Faubourg Saint-Denis fut vendue en 1823, les fours restèrent éteints et Schoelcher ne se consacra plus qu’à la décoration et à la vente dans son magasin, qu’il avait loué au quartier le plus élégant de Paris, 2 boulevard des Italiens. Il tenta d’associer ses fils à son entreprise mais sans succès, car l’ainé Marc-Antoine entama une carrière militaire et Jules vivait toujours à l’île de la Réunion. Victor (★ Paris 1804 † Houilles, Seine-et-Oise, 1893), célibataire, était militant antiesclavagiste. Sous-secrétaire d’État au ministère de la Marine du gouvernement provisoire de la République, il présenta le 27 avril 1848 le décret de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Sénateur inamovible sous la 3e République. L’entreprise ferma en 1834. Mais Victor voulut immortaliser le souvenir de son père ; il en fit faire un portrait par Xavier Sigalon et ce portrait se trouve toujours dans le bureau du questeur du Sénat. Quand les cendres de Victor Schoelcher furent transférées au Panthéon, en 1949, on déposa à côté des siennes, les restes de son père, car le fils avait, avant sa mort, souhaité être enterré auprès de son père.

Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’industrie des arts industriels, Paris, 1820, p. 51-52 ; Weiss, Biographie universelle, Furme, Paris, 1838-1841, p. 463 ; J. Rouquette, Célébrités contemporaines, Paris, 1872, p. 1-2 ; C. X. Chavagnac et M. de Grollier, Histoire des manufactures françaises de porcelaine, Paris, 1906, p. 479-485 ; R. de Plinval-Salques, « Les Schoelcher et la porcelaine à Paris de 1798 à 1834 », Cahier de la céramique et des arts du feu, n° 6, 1957, p. 52-53 ; G. Le Duc, H. Curtil, Marques et signatures de la porcelaine française, Paris, 1970, p. 109, 110, 161; R. Plinval de Guillebon, Porcelaine de Paris de 1770 à 1850, Fribourg, 1972, p. 11, 31, 33, 35, 36, 38-40, 43, 45, 46, 48, 49, 54, 55, 57, 58, 95, 122, 124, 132, 134, 136, 140, 162- 164, 166, 167, 170, 210, 239, 243, 269, 270, 294, 301, 307 ; D. Guilleme-Brûlon, « Porcelainiers parisiens du XIXe siècle », Estampille, n° 138, octobre 1981, p. 23-29; Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, 1982/1985, t. 9; R. Plinval de Guillebon, La porcelaine de Paris sous le Consulat et l’Empire, Genève, 1985, p. 93-98; M. Bloit, Trois siècles de porcelaine de Paris, 1988, p. 67; R. Schelcher, « Un Alsacien de Paris; le porcelainier Marc Schelcher-Schoelcher », Annuaire de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried, n° 6, 1993, p. 53-66; R. Schelcher, « Victor Schoelcher, un homme qui dérange », Annuaire de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried, n° 11, 1998, p. 112.

Robert Schelcher (1999)