Historien, archiviste, (PI) (★ Strasbourg 21.8.1812 † Strasbourg 1.4.1858). Fils de Valentin Schneegans ©. ∞ 22.9.1841 Élisabeth Louise Bartholmé ; 1 fils. Études secondaires au Gymnase protestant de Strasbourg, licencié en droit en 1834. Pendant deux années, 1836 et 1837, Schneegans fut rédacteur au Courrier du Bas-Rhin. Ses prises de position l’amenèrent en juin 1836 devant les assises du Bas-Rhin, pour avoir critiqué la visite faite par les deux fils de Louis-Philippe aux cours royales allemandes. Son éloquence, qui impressionna favorablement le jury, lui permit d’être acquitté. En août 1837, il quitta ses fonctions de rédacteur, étant plus attiré par les études historiques. En 1836 et 1837 parurent ses premiers travaux dans la Revue d’Alsace : « Essai historique sur la cathédrale de Strasbourg » et « Le grand pèlerinage des flagellants à Strasbourg en 1349 », qui assirent sa réputation d’historien méthodique et rigoureux, passant en revue les sources de manière critique. La traduction en langue allemande, par Tischendorff, de son article sur les flagellants, le fit connaître aux milieux savants de l’Allemagne. Tout en travaillant à l’étude de son père, il continua ses recherches et ses publications dans le domaine de l’histoire de l’Alsace. La Bibliothèque municipale de Strasbourg conserve sous la cote Ms 1043 son mémoire juridique pour le concours de 1840: De l’origine de la réserve légale en matière de succession. Il prépara un doctorat en sciences juridiques en vue d’obtenir une chaire de professeur à la faculté de Théologie protestante de Strasbourg. En 1840 il publia: Vues générales sur l’enseignement du droit ecclésiastique protestant en France et, en 1841, il soutint avec succès sa thèse Du serment comme servant de preuve des obligations conventionnelles et du paiement. Malgré la qualité de ses travaux, il n’obtint pas le poste souhaité. Il fut nommé sous-bibliothécaire de la ville de Strasbourg, puis à partir de 1843 archiviste de la ville de Strasbourg. C’est à ce poste qu’il donna la pleine mesure de son talent, de sa capacité de travail et de son amour de l’Alsace. La cathédrale de Strasbourg fut son principal objet d’étude et de passion; il lui consacra de nombreux articles, préparant sur plus de 25 années une monographie qui ne vit jamais le jour. Il fut chargé de faire l’inventaire des archives qui avaient été jetées sur la place, lors de la prise de l’hôtel de ville de Strasbourg, le 21 juillet 1789. Il publia en 1843 une importante étude sur les chroniqueurs Closener © et Koenigshoven ©, parue dans Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, p. 1-60, collabora régulièrement à des revues : Revue d’Alsace, Elsässische Neujahrsblätter, Alsatia éditée par son ami Auguste Stoeber ©. Ses contacts avec l’élite savante allemande et française furent étroits et il fut reconnu par ses pairs comme un éminent chercheur et savant. Il collecta les légendes gravitant autour de la cathédrale, entretissant histoire et imaginaire, pour son ami Auguste Stoeber, qui les publia dans Die Sagen des Elsasses, en 1852. Non content de mettre en lumière les archives de Strasbourg, qu’il tira progressivement de l’oubli et qu’il rendit accessibles aux chercheurs, il s’investit dans la restauration et la remise en valeur de nombreux monuments religieux tels que les églises abbatiales d’Andlau, Neuwiller-lès-Saverne, Niederhaslach. Contacté par deux savants allemands, Bunsen et Lepsius, il fut sollicité pour éditer les plans de la cathédrale de Strasbourg. Malheureusement le projet n’aboutit pas. Son état de santé, fragilisé par le surmenage qu’il s’imposait et par sa grande sensibilité, se dégrada de plus en plus et, à partir de 1853, une maladie pulmonaire vint aggraver la situation. Il travailla avec une énergie redoublée, à chaque fois que ses forces le lui permettaient, sachant sa fin prochaine. Dans un article paru en 1857 dans la Revue d’Alsace, il s’insurgeait contre les mutilations du Mur païen du Mont- Sainte-Odile. Jusqu’à l’extrême limite de ses forces, il continua à travailler à son projet d’ouvrage sur la cathédrale de Strasbourg. Il était membre, depuis 1839, de la Société allemande pour la langue et les antiquités nationales de Leipzig, depuis 1842 membre de la Société d’histoire ecclésiastique de Leipzig, depuis 1843 membre correspondant de la section archéologique du Comité pour les arts et monuments de Paris, membre correspondant du ministère de l’Instruction publique pour les recherches historiques en 1852 et membre de la commission scientifique du Musée germanique.
La Bibliothèque municipale de Strasbourg conserve de L. Schneegans une très importante collection de notes manuscrites (Ms 61-63, 228-230, 233-245, 436, 626, 813, 815, 835, 853-859, 861, 862, 869-872, 877, 892-898, 946) concernant des sujets très variés : maîtres d’œuvre de la cathédrale (Ms 855), artistes et artisans alsaciens (Ms 233-245), les chroniqueurs Closener et Koenigshoven (Ms 626), les corporations artistiques (Ms 871), les familles nobles d’Alsace (Ms 835), les églises d’Alsace (Ms 813), les églises de Strasbourg (Ms 857), Erwin de Steinbach (Ms 854), la cathédrale de Strasbourg (Ms 61, 853, 856), l’église Saint-Thomas (Ms 63), Nicolas de Leyden (Ms 892), règlements de tailleurs de pierre (Ms 870) (voir catalogue dactylographié à la Bibliothèque municipale de Strasbourg et aux Archives municipales de Strasbourg). Elles remplacent souvent des documents originaux détruits dans l’incendie de la bibliothèque en 1870. Les Ms 869, 870 et 646 sont conservés aux Archives municipales de Strasbourg. Articles de Schneegans dans la Revue d’Alsace : « Essai historique sur la cathédrale de Strasbourg », 1836, p. 86-137 ; « Principales versions sur l’invention de l’imprimerie », 1836, p. 329-340 ; « Le grand pèlerinage des flagellants à Strasbourg, en 1349 », 1837, p. 87-124 ; « Document relatif à l’histoire des procès de sorcellerie dans le Haut-Rhin, dans la seconde moitié du seizième siècle », 1837, p. 360-376 ; « La statuaire Sabine et les statues et sculptures des portails du transept méridional de la cathédrale de Strasbourg », 1851, p. 97-107; « Artistes alsaciens. Maître André de Colmar, fondeur de cloches, du XVIe siècle, et les deux vieilles cloches de Mutzig », 1851, p. 510-514; « Quelques additions à l’article de M. F. Chardin sur les Junckherrn de Prague et la médaille de 1565 », 1852, p. 519-528; « Statuette du maître Humbert, architecte de Saint-Martin de Colmar », 1852, p. 270-280; « L’épitaphe d’Erwin de Steinbach à la cathédrale de Strasbourg », 1852, p. 1- 15, 69-86; « Vitrail du douzième siècle à la cathédrale de Strasbourg », 1853, p. 1-16; « Ancienne sculpture en bois représentant la conversion de saint Guillaume », 1854, p. 529; « Une distinction bien acquise. MM. Gimbel frères et l’industrie de l’éventail », 1856, p. 83-89; « Addition à l’article de M. A. Stoeber sur les ballons », 1857, p. 93; « Quelques observations au sujet du projet de restauration du mur païen et des mutilations que vient d’essuyer ce monument », 1857, p. 120-131, 238-240. Dans la revue Alsatia: « Elsässische Chronik-Sagen », 1851, p. 19-24; « Das Martinsfest und dessen Feier im bischöflichen Pallaste zu Zabern im Jahre 1578 », 1851, p. 65-91; « Des Strassburger Buchdruckers Bernhard Jobins Vertheidigung deutscher Kunst wider die Geringschätzung derselben von Seiten der Italiäner », 1852, p. 7-35; « Namenloses Unglück durch eine Spinne », 1852, p. 89-96; « Das Pfingstfest und der Roraffe im Munster zu Strassburg », 1852, p. 189-244; « Zwei ungedruckte Briefe Dr. Martin Luthers », 1853, p. 176-179; « Des Fünfzehnschreibers Neujahrswunsch und des Stadtschreibers Neujahrsgeschenk an die Herren Fünfzehner, im alten Stadtregimente zu Strassburg », 1853, p. 212-229; « Fünf Briefe von Bildhauer Melchior an seinen ehemaligen Schüler, den Bildhauer Ohmacht », 1854-55, p. 220-230; « Konrad von Busnang und sein redlicher Schaffner Hans Walthusser », 1856-57, p. 58-63; « Das Königsbild auf den Gräten am Munster zu Strassburg 1856-57 », p. 14-190. Monographies: Notice sur Closener et Koenigshoven et leurs chroniques allemandes, composée d’après les sources originales, Strasbourg, 1842; L’église de Saint-Thomas à Strasbourg et ses monuments. Essai historique et descriptif composé d’après les sources originales, Strasbourg, 1842; Les architectes de Strasbourg. Notice sur les marques et écussons des anciens maîtres-d’œuvre, maîtres tailleurs de pierre et maçons de Strasbourg, 1848; Strassburgische Geschichten, Sagen, Denkmäler, Inschriften…, Strasbourg, 1855.
Ed. Dollfus, Biographie berühmter Elsässer, II, p. 73; G. Mühl, « Ludwig Schneegans, eine biographische Skizze, » Alsatia, 1862-1867, p. 2-50; F. Otto, « Elsässische Biographien, Ludwig Schneegans, » Elsässisches Samstagsblatt, 1858, n° 51, p. 217-219 et n° 52, p. 222-224; R. Reuss, De scriptoribus rerum alsaticarum historicis, Strasbourg, 1898, p. 248 (passim): Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 700-701; K. Walter, Ludwig Schneegans und sein Sohn, Colmar, 1941; J. Rott, investigationes historicae… Strasbourg, 1986, p. 629, 650, 656, 658, 659, 666; Ch. Stauffer, « Louis Schneegans dramatiker und Hofdichter », Dernières Nouvelles d’Alsace du 18.9.1993.
Gérard Leser et † François-Joseph Fuchs (1999)