Déporté (I), (★ Wasselonne 18.7.1922). Fils de Jacques Samuel, pharmacien et de Berthe Weil. ∞ 28.2.1950 à Phalsbourg, Moselle, Claude Lévy ; 2 enfants. À l’Université de Toulouse, Jean Samuel a fait des études de pharmacie de 1940 à 1943, mais il a réussi également, à la faculté des Sciences, une licence de sciences comprenant un certificat de chimie générale qui allait vraisemblablement lui sauver la vie. Arrêté, ainsi qu’une partie de sa famille, par la Gestapo d’Agen le 2 mars 1944 dans un village du Lot-et-Garonne, il a été déporté de Drancy par le convoi n° 70 le 27 mars 1944. Arrivé à Auschwitz Ie 30 mars et tatoué du numéro 176397, il a été affecté au camp d’Auschwitz III-Buna-Monowitz. Nommé pikolo (préposé à l’entretien de la baraque et commis aux écritures) du Kommando des chimistes par son Kapo allemand grâce à son bilinguisme, il s’est lié d’amitié avec le futur écrivain italien Primo Levi, qui lui récitait et lui commentait des passages de Dante en cherchant la soupe. Le mathématicien strasbourgeois, Jacques Feldbau ©, arrêté à Clermont-Ferrand le 25 juin 1943 lors de la rafle de la Gallia, devenu infirmier grâce au professeur Waitz ©, lui a enseigné la topologie en utilisant des feuilles de température. Jean Samuel a participé à la « marche de la mort » à pied par -25° (la première nuit, il discuta tout en marchant avec Feldbau du « grand théorème de Fermat , mais il le perdit de vue le lendemain), puis en wagons découverts, de Gleiwitz à Buchenwald (18-26 janvier 1945). Il y a assisté à la mort d’un de ses oncles. Il a été libéré par les Américains le 11 avril 1945. Rapatrié le 2 mai 1945, il a retrouvé sa mère et sa cousine libérées par les Soviétiques à Ravensbruck : son père, son jeune frère et ses trois oncles ne sont pas revenus. Il a repris contact avec Primo Levi en mars 1946 et il l’a rencontré fréquemment et a correspondu avec lui jusqu’à son décès (suicide ou accident ?) le 11 avril 1987. Jean Samuel a terminé ses études à Strasbourg en 1945 et a été pharmacien à Wasselonne de 1946 à 1985. Il est longtemps resté muet sur sa déportation : c’est en 1980, à la demande de Primo Levi qu’il a témoigné pour la première fois à la télévision allemande. À partir de cette date, il s’est exprimé de plus en plus fréquemment, et après la mort de Primo Levi surtout dans les écoles, les collèges et les lycées. Il est retourné pour la première fois à Auschwitz en 1995.
Primo Levi, Si c’est un homme, 1947 (Œuvres, collection Bouquins, Paris, 2005, p. 84-90) ; Site Internet du lycée Edgar Quinet, Paris 9e, Jean Samuel au lycée 11.10.2001 ; L’Ecole des lettres, novembre 2002.
Léon Strauss (2006)
† 6.9.2010.
Dernières Nouvelles d’Alsace, 7 et 8.9.2010 (portrait).
Philippe Legin (janvier 2022)