Astronome, (★ La Mulatière, Rhône 12.9.1886 † Floirac, Gironde 10.3.1947). Ingénieur chimiste de formation. La lecture, vers sa 23e année, de l’Astronomie populaire de Camille Flammarion le dirigea vers l’astronomie. En 1910, il devint membre de la Société astronomique de France fondée par celui-ci, ce qui lui donna l’occasion de rencontrer André Danjon © à l’Observatoire de la rue Serpente (Paris). En 1912, il renonça à sa carrière de chimiste et entra au laboratoire du comte Aymar de la Baume-Pluvinel, un astronome « libre » fortuné. Il observa ainsi l’éclipse totale de soleil du 17 avril 1912 à Saint-Germain-en-Laye. La première guerre mondiale se déclencha alors qu’il était en Crimée pour l’éclipse totale de soleil du 21 août 1914. Il dut se contenter de l’observer depuis le pont du navire le ramenant en France. Il sortit du conflit avec la croix de Guerre et effectua ensuite un court passage à l’Observatoire de Paris. Le 13 décembre 1919, il fut délégué dans les fonctions d’aide-astronome à l’Observatoire de Strasbourg dont Ernest Esclangon ©, le premier directeur français, constituait alors le nouveau personnel. Aide astronome en 1920 puis astronome adjoint en 1933. Quatre ans plus tard, il devint directeur de l’Observatoire de Bordeaux situé à Floirac. À Strasbourg, Rougier effectua des recherches sur les cellules photoélectriques naissantes et sur leurs applications astronomiques, en commençant par en organiser la fabrication au laboratoire de Louis Hackspill (Institut de Chimie). On retient de lui des mesures de photométrie stellaire (à Strasbourg même et au Pic du Midi) et l’étude de la couronne solaire (notamment pendant l’éclipse totale du 9 mai 1929 qu’il observa à Poulo Condore en Indochine au cours d’une mission dirigée par Danjon). Cependant, son travail principal fut très certainement la photométrie photoélectrique de la lune qu’il présenta, le 26 juin 1933 à la faculté des Sciences de Strasbourg, dans une thèse de doctorat intitulée Contribution à la photométrie globale de la Lune. Rougier observa aussi des étoiles doubles, la petite planète Eros, etc. Avec Danjon, il effectua aussi les premières observations spectrographiques du rayon vert depuis la terrasse de la cathédrale de Strasbourg. Il joua également un rôle important, mais discret, au travers des conseils qu’il prodigua à de plus jeunes astronomes strasbourgeois comme André Lallemand © et Paul Muller ©.
A. Danjon, « Gilbert Rougier », Bull. Soc. Astron. France 61, 1947, p. 143-145 ; S. Débarbat, « Strasbourg Observatory : A Breeding Place for French Astronomical Instrumentation in the 20th Century », in The Multinational History of Strasbourg Astronomical Observatory, Dordrecht, 2005, p. 133-151 ; A. Heck, « Strasbourg Astronomical Observatory and its Multinational History », in The Multinational History of Strasbourg Astronomical Observatory, Dordrecht, 2005, p. 1-61 ; A. Heck, « Strasbourg Green Rays », in The Multinational History of Strasbourg Astronomical Observatory, Dordrecht, 2005, p. 255-261 ; V. Ph. Rougier, Gilbert (1886-1947), in Dictionnaire des Astronomes Français, en préparation (parution prévue en 2005).
André Heck (2006)