Artiste peintre (★ Saverne 11.9.1840 † Andlau 4.7.1916). Fils de François Eugène Rouge, vétérinaire cantonal et maître de poste, et de Madeleine Fels. ∞ 1868 Émilie Mengus († 1891); 2 filles. Très tôt Rouge manifesta du goût pour le dessin, mais son père l’obligea à faire un « métier sérieux ». Rouge devint surnuméraire à la recette des Finances à Saverne. Percepteur à Saverne, il vit passer, après la bataille de Reichshoffen une partie de l’armée en retraite et le 9 août 1870, partit pour Paris dans un train de blessés. De retour en Alsace, les Allemands le privèrent de son poste. Il fut percepteur dans la région de Dijon jusqu’en 1883. À la mort de son père, en 1876, il reprit la maison familiale de Saverne. Après le décès de sa femme, il s’installa à Molsheim puis se retira, en 1900 à Andlau où son beau-père avait acquis l’ancien hôtel des comtes d’Andlau qu’il transforma, en
partie, en musée. Il fit un voyage en Italie et y fit connaissance de la peinture italienne et particulièrement de sa luminosité sans pareille. Quant il prit sa retraite, il put donner libre cours à sa passion, le dessin et les aquarelles.
Dessinateur, il s’intéressait plus spécialement à la conservation des monuments.
Rouge fut avant tout connu par son insistance à réclamer auprès du Landesausschuss un nouvel inventaire des Monuments historiques qui
remplacerait le Kraus, Kunst und Alterthum in Elsass-Lothringen. Sa première pétition date de 1900, la seconde de 1909. Elle va donner lieu à la décision positive du Landesausschuss. Défendu par Anselme Laugel, le projet d’inventaire fut préparé par G. Dehio, professeur d’histoire de l’art à l’Université et Johann Knauth, conservateur et adopté par le Landtag d’Alsace Lorraine lors de la session de 1913.
Rouge était l’auteur d’une brochure Dessin pour tous où il exposa le procédé mécanique utilisé par Léonard de Vinci et Albert Durer. Il l’utilisa pour réaliser une centaine de motifs pour vitraux. Ses dessins et aquarelles étaient reproduits en cartes postales. Rouge réalisa 500 dessins inédits de monuments et vues d’Alsace et 100 aquarelles. Les œuvres de Charles Rouge sont conservées au Cabinet des estampes et dessins de Strasbourg, à la bibliothèque de Saverne, celle de Sélestat et auprès d’autres conservateurs. Il était aussi l’auteur d’un feuilleton : « Saverne à travers l’art et l’archéologie », paru dans le Journal d’Alsace et Le Courrier du Bas-Rhin, fin 1884, début 1885.
François Lotz (en collabor. avec J. Fuchs, L. Kieffer, R. Metz), Artistes-peintres alsaciens de jadis et de naguère 1880-1982, Kaysersberg, p. 287; Fr. Albert Martiny, « Un précurseur à Andlau », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach, Barr, Obernai, 1969, p. 44 à 46; R. Muller, « Aspects de la cartophilie sundgauvienne », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1985, p. 251-252 ; F. Igersheim, « Un inventaire qui ne verra pas le jour », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 2003, Mélanges en l’honneur de R. Lehni ; F. Igersheim, L’Alsace et ses historiens. La fabrique des monuments, Strasbourg, 2006.
Joseph Weiss (2006)