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ROTENBOURG (de) (ROTHENBURG) Hugues/Hugo

Abbé de Murbach (cité entre 1216 et 1236). Rattaché par une tradition tardive (XVIIIe s.) à une hypothétique famille de Rothenbourg en aval de Lucerne ou Rougemont, l’abbé Hugo peut être considéré comme l’un des fondateurs de la principauté de Murbach. On le rencontre dans le sillage de Frédéric II à partir de 1218, en Alsace (Haguenau, 1219, 1220, puis à nouveauen 1235-1236) et en Italie (1223), puis on le retrouve auprès du roi Henri (VII) à Toul (1224) età Berne (1225). En 1227, il fut chargé parHonorius III de prêcher la croisade et accompagna l’empereur en Terre Sainte (1228), malgré l’excommunication prononcée par le pape. La familiarité du souverain lui valut plusieurs missions délicates, notamment dans des conflits opposant le chapitre Saint-Ours de Soleure à son avoué (1218), puis aux bourgeois de cette ville (1234) ou dans une affaire concernant l’Église de Strasbourg (1221). En tant que seigneur territorial, il impliqua davantage l’abbaye dans les relations féodo-vassaliques, donnant des fiefs à de puissants vassaux, tels que les Ribeaupierre ©, les Bollwiller ou le margrave de Bade, et, probablement aussi, en s’appuyant sur des ministériaux en voie d’intégration dans la noblesse. Il fut à l’origine d’une politique de présence plus active dans la vallée de Saint-Amarin, l’un des grands axes du trafic entre les Pays-Bas et l’Italie du nord au moment de l’ouverture du col du Saint-Gothard. Le diplôme par lequel Frédéric II lui accordait un droit de péage en le flattant du titre de « princeps » (1228) fut l’occasion d’opérations de guerre menées par le comte Ulrich II de Ferrette. C’est probablement dans ce contexte de rivalité que l’abbé Hugo conclut un traité de pariage avec le roi Henri (VII) en vue de l’érection d’une ville sur le domaine abbatial de Delle (1232), projet qui ne fut vraisemblablement pas réalisé, et qu’il fit construire des châteaux à proximité même de l’abbaye. S’il paraît certain que le Hugstein est son œuvre, comme le suggère son nom, il n’est pas impossible que le Burgstall de Guebwiller ait pu lui être inspiré par les constructions italiennes des Hohenstaufen ou même par le modèle du Saint-Sépulcre de Jérusalem. En tant que chef de la communauté bénédictine, l’abbé Hugo fit consacrer l’église abbatiale de Murbach par l’évêque de Bâle Henri (1216), puis la chapelle Sainte-Catherine de Buhl par le patriarche latin de Jérusalem (1225). Son influence fut marquée par de nouveaux statuts (1225) accordés à l’église paroissiale de Lucerne (que Murbach avait fondée en 1178) et des relations de confraternité avec Luxeuil (1234).
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 616 ; Chr. Wilsdorf, « Dans la vallée de la Thur aux XIIIe et XIVe siècles : la transformation d’un paysage par la route », Bulletin philologique et historique, 1967, Paris, 1969, p. 303- 330 ; idem, « Le Burgstall de Guebwiller. Les châteaux octogonaux d’Alsace et les constructions de l’empereur Frédéric II », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, 1970-1972, p. 9-16 ; G. Bischoff, Recherches sur la puissance temporelle de l’abbaye de Murbach, Strasbourg, 1975 ; Chr. Wilsdorf, Helvetia sacra, III/1, (notice Murbach), Berne, 1986, p. 873-895 ; idem, Histoire des comtes de Ferrette, Altkirch, 1992.

Georges Bischoff (1998)