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ROPARTZ Joseph Guy Marie

Compositeur et chef d’orchestre, (C) (★ Guingamp 15.6.1864 † Lanloup, Côtes-du-
Nord, 22.11.1955). Fils de Sigismond Ropartz, avocat et historien régional, ∞ 25.2.1892 Cécile Chauvy († 1.1.1939). Après avoir obtenu une licence en droit à la faculté de Rennes, Ropartz fut attiré à la fois par une carrière musicale et littéraire. Il entra au Conservatoire de Paris dans la classe de Th. Dubois (harmonie), où il se lia avec A. Magnard, et dans celle de Massenet(composition). La révélation du Chant de la cloche de d’Indy aux concerts Lamoureux (1886) le décida à devenir l’élève de C. Franck et à renoncer en même temps au concours de Rome. Entre 1888 et 1892, il écrivit trois recueils de poèmes. En 1894, il fut nommé directeur du Conservatoire et des concerts symphoniques de Nancy, où il donna durant 25 ans une impulsion remarquable à la vie musicale. En mars 1919, il fut appelé à prendre les mêmes fonctions à Strasbourg. L’Orchestre municipal devait être reconstitué à la suite du départ de nombreux musiciens allemands. Sur son initiative, un concours présidé par des sommités musicales fut organisé à Paris, afin de pourvoir aux postes vacants. Ropartz réorganisa en même temps le Conservatoire où, conformément à l’usage, devaient enseigner les premiers pupitres de l’orchestre. L’établissement fut alors transféré de l’Aubette à l’ancien Palais du Landtag, où fut aménagée une salle de concerts. Pour accroître ses moyens, Ropartz suscita la création d’une Société des amis du Conservatoire, sous la présidence du professeur Pautrier ©. En ce qui concerne les concerts d’abonnement, Ropartz maintint les structures mises en place à l’époque allemande : neuf concerts symphoniques auxquels participait le Chœur du Conservatoire, trois concerts populaires dirigés par E. G. Munch © et un cycle de musique de chambre assuré par les professeurs du Conservatoire. Son principal souci étant de faire connaître la musique française, il n’hésita pas à inscrire deux ou trois premières auditions par concert, pas moins de 130 en dix ans. Il accorda la primauté à son maître César Franck, à son ami Vincent d’Indy et à leurs disciples, notamment Chausson, Magnard et Witkowsky. Mais il révéla également Fauré, Debussy, Ravel et Roussel. De nombreux compositeurs furent invités à diriger leurs œuvres, en particulier d’Indy en l’honneur duquel il organisa une semaine musicale (1922). Les mélomanes alsaciens n’ont jamais pardonné à Ropartz d’avoir exclu Brahms de ses programmes, où Beethoven et Schumann trouvèrent en revanche une place de choix. Ropartz composa un certain nombre d’œuvres importantes à Strasbourg, dont la 3e Sonate pour violon et piano, le 3e Quatuor à cordes (créé par le Quatuor Soudant), le quintette Prélude, Marine et Chanson, le Nocturne pour chœur et orchestre, deux messes chantées à plusieurs reprises et le ballet Prélude dominical et 6 pièces à danser. Souvent critiqué pour son intransigeance et son autoritarisme, Ropartz sut réorganiser les institutions avec un professionnalisme reconnu au delà des frontières régionales. Il quitta Strasbourg en 1929 pour se retirer dans son manoir de Lanloup. En 1949, il entra à l’Académie des Beaux-Arts, succédant à R. Hahn. Charles Munch ©, qu’il engagea comme second violon solo et professeur au Conservatoire, lui consacra une fidèle amitié et créa son Psaume 129 (1943) et sa 5e Symphonie (1947).

Nombreuses pièces pour piano et pour orgue : 3 sonates pour violon et piano ; 2 sonates pour violoncelle et piano ; 3 trios, 5 quatuors à cordes, le quintette déjà cité. De nombreuses œuvres d’orchestre, dont La chasse du prince Arthur, Divertissement, Concert en ré, 5 symphonies (la 3e avec chœurs). De nombreuses mélodies, des chœurs ; Messe brève en l’honneur de Sainte Anne (1921) pour 3 voix et orgue, Mes se en l’honneur de Sainte Odile pour voix d’enfants, 3 voix d’hommes et orgue (1923). Pour chœur et orchestre : Psaume 136, Requiem, Psaume 129. Pour le théâtre : Le Pays, drame lyrique ; 2 ballets, Prélude dominical et 6 pièces à danser pour chaque jour de la semaine (1929), L’indiscret. Écrits : ouvrages didactiques ; 3 volumes de poésies Adagiettos, Modes mineurs, Les nuances. Ropartz a collaboré avec L. Tiercelin au Parnasse breton.

E. Lamy, Joseph Guy Ropartz, L’homme et l’œuvre, Paris, 1948 ; L. Kornprobst, Joseph Guy Ropartz, Strasbourg, 1949 ; S. Wallon, Catalogue de l’exposition Guy Ropartz présentée à la Bibliothèque nationale, Paris, 1964 ; E. Djemil, Joseph Guy Ropartz. L’œuvre littéraire du maître et ses résonances musicales, Le Mans, 1967 ; M. Sigwalt, « Joseph Guy Ropartz à Strasbourg », La musique en Alsace hier et aujourd’hui, Strasbourg, 1970, p. 263-267 ; The New Grave Dictionnary of Music ; G. Honegger, Sur la trace des musiciens célèbres à Strasbourg, Strasbourg, 1988 ; idem, Le Conservatoire et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, de 1855 à nos jours, Strasbourg, 1998 (à paraître).

Geneviève Honegger (1998)