Skip to main content

ROETHINGER

Famille de facteurs d’orgues qui marquèrent l’orgue alsacien au XXe siècle, (C).

1. Edmond-Alexandre,
(★ Strasbourg 14.4.1866 † Strasbourg 20.2.1953). Fils de Sigismond Roethinger (★ Oppertshoffen, Bavière 15.7.1837 † Strasbourg 23.5.1926) et de Victoire Vogt (★ Käfersberg, Bade 1.4.1838 † Schiltigheim 3.5.1915). ∞ I Marie-Caroline Kopf (★ Kurzell, Bade 1.2.1872 † Schiltigheim 28.6.1896); 1 enfant. ∞ Il Rose Kopf (Kurzell, Bade, 29.8.1873 † Strasbourg 24.10.1956); 2 enfants. Il entra en 1881 comme apprenti chez le facteur d’orgues allemand Heinrich Koulen ©, établi à Strasbourg, chez qui son père était employé. Il y resta jusqu’en 1889 puis travailla durant trois ans chez Franz Borgias Maerz, à Munich, pour lequel il livra 19 instruments, notamment un orgue de salon pour le compositeur Joseph Rheinberger. Durant ses congés, il visita de nombreux organiers allemands et autrichiens. Avec l’aide de son père, il ouvrit en 1893 son propre atelier à Schiltigheim. Il y confectionna des instruments très marqués par l’influence de Koulen, avec traction pneumatique et sommiers à membranes. Les débuts de l’entreprise furent difficiles, mais, dès 1895, neuf personnes étaient employées dans les ateliers. Les premiers ouvrages furent modestes, réservés à des paroisses rurales, et il fallut attendre 1902 pour une première intervention à Strasbourg, la reconstruction de l’orgue Silbermann de l’église protestante Saint-Pierre-le-Jeune. Après 1910 et grâce au soutien du chanoine François-Xavier Mathias ©, il put ériger plusieurs instruments importants à trois claviers, à Strasbourg pour l’église catholique Saint-Pierre-le-Jeune (1910) et l’église Sainte-Madeleine (1913), à Dannemarie (1913) et à Erstein (1914). Ce dernier instrument peut être considéré comme son chef-d’œuvre et a été restauré en 2001 sous l’égide des Monuments historiques. Après la Première Guerre mondiale, son esthétique fut marquée par les idées de la Réforme alsacienne de l’orgue, défendues par le chanoine Mathias et par Émile Rupp ©, sur les plans duquel il reconstruisit l’orgue de la synagogue consistoriale de Strasbourg en 1925. De ses ateliers sortirent de grands instruments de trois ou quatre claviers, destinés à l’église Saint- Barthélémy de Mulhouse-Dornach (1932), à l’église Saint-Laurent de Bischheim (1933), au couvent des Carmes de Bruxelles (1934), à la cathédrale de Strasbourg (1935) et à celle d’Amiens (1937). Il fut le premier facteur alsacien du XXe siècle à revenir occasionnellement à la traction mécanique, dans un orgue de salon destiné à l’organiste strasbourgeois Fernand Rich (1935). Sa restauration de l’orgue Silbermann d’Ebersmunster, en 1939, peut être considérée comme exemplaire pour l’époque. Durant l’entre-deux-guerres furent formés ou travaillèrent dans ses ateliers la plupart des facteurs d’orgues qui firent le renom de l’orgue alsacien au XXe siècle : Alfred Kern ©, Jean-Georges Kœnig ©, Ernest Mühleisen © et Georges Schwenkedel ©. Officier d’Académie (1937), médaille pontificale (1949), Bene merenti en or.

2. Max Joseph Alexandre,
(★ Schiltigheim 2.11.1897 † Strasbourg 22.3.1981). Fils de 1. ∞ 14.4.1926 Marie Suzanne Klotz (★ Erstein 20.6.1905 † Strasbourg 29.9.2003) ; 3 enfants. À partir des années 1930, il remplaça peu à peu son père à la tête d’une entreprise devenue la plus importante en Alsace. Après la Seconde Guerre mondiale, elle se développa encore davantage, tirant profit des nombreuses commandes engendrées par la reconstruction et devenant l’une des premières manufactures de France. Travaillant souvent pour l’administration des Beaux-Arts, elle en adopta l’esthétique officielle néo-classique, par exemple pour les cathédrales de Bourges (1954), de Dijon (1955) et d’Arras, où elle érigea en 1962 un orgue qui fut, avec ses 76 jeux, le plus grand ouvrage de la maison. Il fut nommé chevalier de l’ordre pontifical Saint-Sylvestre en 1957 et chevalier des Arts, sciences et lettres en 1960. De 1952 à 1970, il fut le président fondateur des visiteurs des prisons d’Alsace.

3. André Edmond,
(★ Strasbourg 9.2.1928). Fils de 2. ∞ 14.4.1955 Dany Robert Elsa Stahel (★ Haiphong 26.11.1931). Sous son emprise, durant les années 1960, la manufacture s’orienta davantage vers l’esthétique néo-baroque et la traction mécanique, sous l’influence de Michel Chapuis, professeur d’orgue au conservatoire de Strasbourg, et du facteur d’orgues Robert Boisseau, qui y travailla souvent comme harmoniste. Les réalisations les plus marquantes de cette période furent destinées à l’église Saint-Michel de Rhinau (1960), à l’église de l’Immaculée-Conception à Schiltigheim (1960), au Mont Sainte-Odile (1964), à l’église Sainte-Madeleine à Strasbourg (1965) et à l’église de la Sainte-Famille à Schiltigheim (1968). L’entreprise ferma ses portes en 1968, après avoir livré plus de 300 instruments neufs.
E. Rupp, Die Entwicklungsgeschichte der Orgelbaukunst, Einsiedeln, 1929, p. 345-350 ; Établissements E.-A. Roethinger, Manufacture de grands orgues et harmoniums, catalogue édité par la manufacture, s.l.n.d. [Strasbourg, 1935]; F.-X. Mathias et J.-M. Mathias, Les orgues de la cathédrale de Strasbourg, Mémoire présenté au maître de la rénovation de 1935, E. A. Rœthinger de Strasbourg à l’occasion de son 70e anniversaire, 13 avril 1936, 1936, Strasbourg, 1937, p. 116-148; A. Glory, « E. A. Rœthinger, facteur d’orgues alsacien », La Vie en Alsace, 1936, p. 130-136 ; R. Quoika, « Rœthinger », Die Musik in Geschichte und Gegenwart, II, 1963, p. 627; M. Barth, « Elsass «das Land der Orgeln im 19. Jahrhundert» », Archives de l’Église d’Alsace, 1965-66, p. 427-430; « Roethinger », Dictionnaire de la musique, Les hommes et leurs œuvres, L-Z, Paris, 1970, p. 928 ; P. Meyer-Siat, Orgues en Alsace, inventaire historique, Strasbourg, 1985; Erstein (Bas-Rhin), église paroissiale Saint-Martin, La restauration de l’orgue Rœthinger, Strasbourg, 2001 ; J.-P. Félix, Histoire des orgues des Grands et Petits Carmes à Bruxelles, Bruxelles, 2003.

Christian Lutz (2006)