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ROETHELIN Bernard(us)

Abbé bénédictin d’Ebersmunster, (C) (★ Fribourg-en-Br. 10.11.1643 † Ebersmunster 17.5.1715). Fit profession religieuse à Ebersmunster le 13 novembre 1659, reçut l’ordination sacerdotale en 1667, fut élu abbé le 18 février 1675. Après la paix de Westphalie, le long abbatiat de 40 ans de Bernard Roethelin marqua le relèvement de l’abbaye d’Ebersmunster au plan spirituel, économique, architectural et juridique. Cette restauration jeta les bases de l’essor que devait connaître l’abbaye au XVIIIe siècle jusqu’à sa suppression par la Révolution. L’action spirituelle de Bernard Roethelin s’exerça aussi bien vers le dedans pour la formation de la communauté des moines que vers le dehors pour l’éducation chrétienne des fidèles. Ami des jésuites de Sélestat, l’abbé appliquait les décrets du Concile de Trente et les directives épiscopales pour le renouveau de la vie religieuse. Il orienta ainsi sa communauté vers « le monachisme bénédictin baroque », alliant la Règle de saint Benoît avec les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Lui-même joua un rôle actif au sein de la Congrégation bénédictine, dite de Strasbourg, dont il fut durant 26 ans un visiteur canonique assidu et dont il assuma quelquefois la présidence. Sous son abbatiat fut érigée en 1698 la Confrérie de Notre Dame du Scapulaire. La fête patronale de Notre-Dame du Mont Carmel (16 juillet), unissant festivités religieuses et réjouissances populaires, attira de nombreux pèlerins. Les registres de cette confrérie font état de 12 305 inscriptions entre 1698 et 1722, soit une moyenne annuelle de près de 500 nouveaux membres ! En 1712, Candide Maeder ©, moine de l’abbaye et prédicateur renommé, futur abbé, édita son Zodiacus coelestis, deux volumes de sermons. Sous l’abbatiat de Bernard Roethelin, l’abbaye d’Ebersmunster devint un centre important du renouveau catholique en Alsace moyenne. Habile gestionnaire, Bernard Roethelin sut accroître les ressources du monastère. Le Mémoire sur la province de l’Alsace, établi en 1700 par l’intendant Jacques de la Grange, note que « les revenus de cette abbaye peuvent être de 15 000 à 16 000 livres ». À l’abbé Roethelin revient le mérite d’avoir construit l’abbatiale intermédiaire entre l’église romane, démolie en 1632, rapidement remise en état en 1653, d’une part, et, d’autre part, l’édifice baroque actuel, élevé entre 1725 et 1727. Dans un mémoire juridique, remis entre 1675 et 1682 au cardinal François Egon de Furstenberg, évêque de Strasbourg, Bernard Roethelin défendit, documents à l’appui, les anciens droits de l’abbaye : son immédiateté d’empire, son exemption vis-à-vis de l’évêque diocésain, le droit des moines d’élire librement leur abbé à la fois dans sa fonction spirituelle et dans ses prérogatives seigneuriales, l’obligation des citoyens de la « ville » d’Ebersmunster de prêter le serment d’allégeance à l’abbé, ainsi que divers privilèges féodaux comme le droit de mainmorte et même le monopole de l’Illbesichtigung, le contrôle des eaux de l’III !

Sources manuscrites :

Informatio status Aprimonasteriensis caenobii Ordinis Sancti Benedicti in Episcopatu Argentinensi situati… Bernardus abbas, Ms : Archives départementales du Bas-Rhin, G 1276, n° 1 ; Copia instrumenti electionis Abbatis Aprimonasterii. Anno 1716, Ms : Archives départementales du Bas-Rhin, H 1318 ; Confrérie de Saint Scapulaire, de la Vierge Marie du Mont Carmel, inscriptions 1698-1722 : Archives paroissiales Ebersmunster en dépôt aux Archives départementales du Bas-Rhin, 2 G 115, n° 11 ; Series abbatum Aprimonasteriensium, Ms : Generallandesarchiv Karlsruhe, Abt. 69 P 23, carton XI, fasc. 13 (Nachlass Grandidier), p. 12r.

Sources imprimées et bibliographie :

Gallia christiana, t. 5, Paris 1731, c. 864 ; J. Geny, Die Jahrbücher der Jesuiten zu Schlettstadt und Rufach 1615-1765, t. 2, Strasbourg, 1896, p. 168, 177, 219, 227 ; Ph.-A. Grandidier, Nouvelles œuvres inédites, t. 3, Colmar, 1899, p. 191 ; P. Volk, « Die Generalkapitels-Rezesse der Strassburger Benediktiner-Kongregation », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 9, 1934, p. 253-286, ibidem, p. 272-274 ; R. Oberlé, L’Alsace en 1700. Mémoire  la province d’Alsace de l’Intendant Jacques de la Grange, Colmar, 1975, p. 85 ; R. Lehni, « L’église d’Ebersmunster », Congrès archéologique de France, 136e session, 1978, Haute Alsace, Paris, 1982, p. 75-90 et surtout p. 76, et n. 8 à 14 ; idem, L’église abbatiale d’Ebersmunster, Munich et Zurich, 1992 (Schnell & Steiner, Petits guides d’art, n° 821), p. 2-4 ; M.-P. Scheurer, B. Parent, R. Lehni, Canton de Sélestat, Bas-Rhin/Inventaire général des monuments historiques et des richesses artistiques de la France, Illkirch, 1994, p. 24-29.

Portrait : Gravure de Seupel © sur la page de couverture de Candide Maeder, Zodiacus coelestis, 1712. Exemplaires : 8/Vf Sélestat, M 74 ; Bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, 1 Fn 22.

René Bornert (1998)