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RITTER Emmerich

De 1455 (Archives municipales Haguenau FF 26/1) à 1473, E. Ritter apparaît comme secrétaire du grand bailliage de Haguenau (lantfougtye schriber ; des lantvogts schriber, exceptionnellement gerichtsschriber zu Hagnaw [Archives municipales de Strasbourg, IV 15/5/11] ou lantschriber [Cartulaire de Mulhouse, IV, n° 1707 : 1473]), puis de 1474 à sa mort en 1496 comme receveur (Zinsmeister) du même bailliage. Mais son activité dépasse largement ce que ces titres laisseraient attendre. Elle s’étend à tous les aspects de la politique de l’électeur Palatin en Alsace (p. ex. envers Mulhouse : Cart. Mulh., II-IV, index), et inclut en particulier d’innombrables arbitrages, y compris entre des parties sans liens étroits avec la Maison palatine. En fait, il fait (aussi) fonction d’Unterlandvogt (lieutenant du grand bailli) sans en avoir le titre. En cela, il s’inscrit dans la tendance des électeurs Friedrich et Philipp à accroître le rôle de leurs Landschreiber roturiers au détriment de leurs baillis nobles (M. Schaab, Gesch. d. Kurpfalz I, 1988, p. 207). Mais son activité, sans comparaison avec celle des receveurs qui l’ont précédé et suivi, semble aussi liée à sa personnalité, en particulier à son probable talent de négociateur. Il est en tout cas apprécié de la noblesse alsacienne : un Fleckenstein © l’appelle min gevatter (Archives municipales de Strasbourg, VI 144), un Landsberg © lieber herr Emmrich (Archives départementales du Bas-Rhin, Niedernai, non classé, 1481), et il négocie un mariage entre un Berstett et une Remchingen (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 69, 1915, p. m. 13, n° 8). Avec d’autres, p. ex. avec les juifs (part. Mulh., III, n° 1451 ; Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 67, 1969/3, p. 22) ou avec Bärbel von Ottenheim et ses héritiers (Études haguenoviennes, 4-5, 1914, p. 65-77), il peut êtretrès dur, dans l’intérêt des finances de l’électeur. E. Ritter était de Kirn, dans le Hunsrück (Kindler). Il n’a donc aucun rapport avec les Ritter attestés au XIVe siècle à Haguenau (LU, Il 1425, 1919 ; Statutenbuch 43 ; Fr. Batt, Eigenthum II, 478). Mais il y a fait toute sa carrière et y a pris racine. Il y possède une cense extra muros (inv. Archives municipales Haguenau JJ 174). Dès 1461, il prend pied à Geudertheim (LU, III 3792) ; en 1487 et/ou 1490, il reçoit en gage la moitié de ce village, avec la motte et le droit d’y rebâtir un château (Archives départementales du Bas-Rhin, E 1655/24, inv. E 1658/2,1678/3), ce qu’il fait, mais il le vend peu avant sa mort (Archives départementales du Bas-Rhin, E 5686 f° 110). Il reçoit également Ingenheim en gage des Lichtenberg ©, avec le droit d’en rebâtir le château (LU, IV 4603, 4618 : 1479), ce qu’il ne semble pas avoir fait. En ou avant 1471, il acquiert la moitié de Dorlisheim (Generallandesarchiv Karlsruhe 67/814 f° 151 r). En 1474, il achète la moitié de Furdenheim (inv. Archives départementales du Bas-Rhin, 2G 149/6-11), que ses descendants garderont jusqu’à leur extinction, et en 1481 une part de la vallée de la Bruche, qu’il revend en 1494 (inv. Archives départementales du Bas-Rhin, G 1155/14, 17). Il tient aussi des fiefs, des Landsberg depuis 1463 (inv. Archives départementales du Bas-Rhin, Niedernai charte 384), de l’évêque de Strasbourg depuis 1483 (LU, IV 4777), de l’abbé de Wissembourg (LA Speyer F1/104, index in fine, n° 3). Qu’il ait également tenu Birkenfels en fief des Beger est affirmé par Gyss, mais non prouvé. Moins que par leur valeur intrinsèque, ces fiefs sont précieux par les relations et la position qu’ils lui procurent. Ils font partie, avec la reconstruction d’un château, d’une stratégie d’accès à la noblesse qui n’a que partiellement abouti : la descendance d’E. Ritter s’intègre dans le patriciat de Haguenau, où son fils Philipp († 1519) et ses petits-fils Anton († 1564) et Emmerich († 1566) sont échevins (Statutenbuch 85, 86, 88) ; les deux premiers y sont aussi Stettmeister (Kindler). Mais les descendants d’Emmerich, n’ayant pas l’envergure de leur aïeul, ne parviennent pas plus loin et la famille s’éteint en 1566.
Inventaires des Archives départementales du Bas-Rhin, des Archives municipales de Strasbourg, des Archives municipales de Haguenau, Colmar, Mulhouse ; Rappoltst. Urkundebuch, V (index) ; J.M. Gyss, Histoire d’Obernai, 1866, I, p. 237, 270-271, 280, 284 & passim ; Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886, p. 277 ; A. Hanauer, J. Klele, Das alte Statutenbuch der Stadt Hagenau, 1900 ; Jos. Becker, Gesch. der Reichslandvogtei im Elsa?, 1905, p. 254 ; Fr. Battenberg, Lichtenberger Urkunden (Repertorien d. hess. Staatsarchivs Darmstadt, 2), 5 vol. 1994-1996 (index au t. 5 – cité LU).

Bernhard Metz (1998)