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RISLER

Famille mulhousienne (Pr) dont plusieurs membres jouèrent un rôle de premier plan dans l’industrie et dans la vie communale.

Originaires de Porrentruy où ils étaient appelés Rossel. Ayant adhéré à la religion réformée, les Rossel émigrèrent de Porrentruy, contraints par la politique répressive de l’évêque Johann Christoph Blarer von Wartensee (1575-1608). Plusieurs Rossel s’établirent à Montbéliard et Héricourt ; d’autres à Mulhouse. Les Risler de Mulhouse furent artisans au XVIe et au XVIIe siècles (bouchers, tanneurs, tisseurs de laine) ; leur rôle dans les tribus de métiers et leur fortune leur permirent d’exercer souvent la fonction de bourgmestre et de remplir des missions diplomatiques (assister à l’installation du Conseil souverain d’Alsace en 1658, à la réception de Louis XIV en 1675 et 1681, etc.). Jean Jacques Risler (1744-1814) fut l’un des cosignataires du traité de réunion de Mulhouse à la France en 1798. Au XVIIIe siècle, ils furent apothicaires ou médecins avant de se lancer dans l’aventure manufacturière. Dix Risler étaient « fabricants » au cours de ce siècle, on en compte plus de 18 au XIXe. Les Risler s’intéressaient surtout au textile. Jean de Josué Risler créa en 1756 avec Jean Henri Hofer, une manufacture de toile peinte sous la raison sociale « Hofer, Risler et Cie » ; Mathias Risler fonda à Mulhouse un tissage de coton auquel il associa, en 1786, Blech-Reber. Il s’associa également à Jean Gaspard Wolf pour créer une manufacture de toiles peintes « Wolf, Risler et Cie ». Nicolas Risler avait ouvert en 1760 à Mulhouse une manufacture de toiles peintes en s’associant à J. Feer et à Jérémie Hofer « Nicolas Risler et Cie ». Les Risler s’intéressèrent également à la laine peignée. Jérémie Risler installa en 1838 la première filature de laine d’Alsace. Les Risler prirent une part importante dans l’industrialisation de la vallée de la Thur. Dès 1772-1773 la société « Nicolas Risler et Cie » prit en bail les établissements de Wesserling, succédant à Sandherr-Courageot, et ils y établirent une teinturerie, une imprimerie sur tissus « au pinceau ». Ils introduisirent également la filature à main dans les villages environnants. En 1780, la gérance fut confiée à Pierre Dollfus. Après avoir été associés à Wesserling Pierre Dollfus © 6 et Nicolas Risler fondèrent à Thann une fabrique d’indiennes. Ils furent les promoteurs de l’industrialisation de la petite ville. Ils installèrent leur usine sur la rive de la Thur, sur un canal de dérivation appelé de nos jours « canal des usines ». Mathieu Risler ouvrit en 1804 un laboratoire de fabrication d’acide sulfurique auquel se substitua, en 1808, Carl Kestner. L’industrie chimique de Thann se développa à partir de ce laboratoire. Les Risler s’établirent également à
Cernay. En 1817, Mathieu Risler et son frère Jérémie y créèrent une filature. En 1823, « Risler et Cie » y ouvrirent une fabrique de cadres et, en 1826, ils créèrent à Vieux-Thann un tissage mécanique dans l’ancienne filature de Jacques Koechlin. En 1867, Risler monta un tissage mécanique. Les Risler participèrent efficacement au développement de l’industrie mécanique. « Risler frères » associé à Dixon, créèrent, en 1820, un atelier de construction à Cernay. Jérémie Risler quitta l’établissement en 1830 et devint un des plus actifs collaborateurs d’André Koechlin ©. On trouve encore les Risler à l’origine de la fabrication des papiers peints à Rixheim. Hartmann Risler prit, en 1795, l’affaire créée par Nicolas Dollfus à son compte sous la raison sociale « Hartmann Risler et Cie ». Il la transféra en 1797 à Rixheim et s’associa à Jean Zuber. La reconversion des artisans, nombreux dans la famille, à l’industrie, leur inlassable activité explique les nombreux liens familiaux avec les familles de manufacturiers mulhousiens. On peut relever dans la généalogie Risler huit fois mention des Engelmann ©, quatre fois mention des Fürstenberg ©, quatorze fois les Hofer ©, huit fois les Huguenin, treize fois les Heilmann, dix fois les Hartmann ©, dix-huit fois les Dollfus. Ils étaient également liés par des mariages aux Cornetz © et aux Bourcart ©. Huit Risler figurent sur le tableau armorié des bourgmestres de Mulhouse.
Histoire documentée de l’industrie de Mulhouse, Mulhouse, 1902 ; E. Risler, Tableaux généalogiques de la famille Risler, Mulhouse, 1910 ; J. Baumann, Histoire de Thann des origines à nos jours, Ingersheim, 1931 ; R. Oberlé, Membres du Magistrat, maîtres des corporations de l’ancien Mulhouse, Mulhouse, 1971.

1. Jean Henri,
Pasteur, (Pr) (★ Mulhouse 6.9.1632 † Mulhouse 1.10.1655). Fils de Jean Risler, économe de l’abbaye de Lucelle, et d’Élisabeth Wagner. ∞ 13.3.1654 à Mulhouse Anne Rosine Engelmann ; 1 fille, Anne-Marie, qui épousa le pharmacien Philippe Jacob Zuber. Immatriculé en 1647 à l’Université de Bâle, bachelier en philosophie, maître ès arts. B. von Brunn, Christliche Leichenpredigt, Bâle, 1655 ; A. Stoeber, « Recherches biographiques et littéraires sur les étudiants mulhousiens immatriculés à l’Université de Bâle », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1879, p. 43-44 ; E. Risler, Tableaux généalogiques de la famille Risler, Mulhouse, 1910, n° 15 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 584 ; E. Meininger, « Les pasteurs mulhousiens », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1924, n° 107 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 4266.

2. Josué,
Apothicaire, bourgmestre (★ Mulhouse 24.3.1700 † Mulhouse 30.3.1778). Fils de Jean Risler, pasteur, et d’Ursule Furstenberger.∞ 3.5.1723 à Mulhouse Élisabeth Engelmann; 6 fils dont: Jacques (1731-1770) apothicaire, botaniste. Bourgmestre de 1760 à 1778. Botaniste de mérite, il fut l’auteur d’une étude célèbre parue dans le tome VI des Acta helvetica intitulée Descriptio cacti triangularis Linnei. Il édita en 1747 un catalogue des plantes du jardin du margrave de Bade sous le titre Marchionis Badeae Durlacensis hortum Carlsruhanum (publié à Lörrach). Lui-même créa derrière l’église Saint-Etienne de Mulhouse un jardin botanique, visité par des voyageurs étrangers. Il était en relation avec plusieurs savants étrangers, notamment avec le professeur Lachenal de Bâle.
N. Ehrsam, Le livre d’or de la Ville de Mulhouse, Mulhouse, 1883, p. 243 ; Ph. Mieg, « L’apport des Mulhousiens dans les domaines de la science et de la technique », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, III, 1948, p. 27 ; idem, « Les pharmaciens du Vieux Mulhouse », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1954, p. 130, n° 17 ; R. Oberlé, Membres du Magistrat, maîtres des corporations de l’ancien Mulhouse, Mulhouse, 1971.

3. Jérémie,
Pasteur, évêque, (Pr) (★ Mulhouse 9.11.1720 † Bethelsdorf 23.8.1811). Fils de Jérémie Risler, conseiller de Bâle, et de Marie Cléophée Hofer. ∞ I 1.7.1751 à Mulhouse Marie Sahara Rüdin (1711-1783) ; 1 fils Jean Jérémie, pasteur, ? II 17.4.1784 à Bâle Rosine Merkt, veuve Werenfels, de Bâle. Il fit des études à Bâle, inscrit à l’Université en 1739. Prédicateur à Lubeck (1741-1743), pasteur à Saint-Pétersbourg (1743-1760), puis chez les Frères moraves à Herrenhut (Haute Lusace, Saxe), dont il fut l’évêque (1782-1786). Il s’établit à Neuwied, puis dirigea la communauté de Bethelsdorf (Basse Autriche).
Historische Auszüge aus den Büchern des Alten Testamentes, von der Erschaffung bis zum Tode Mosis ; II. Vom Einzug der Israeliten in das Land Canaan bis zum Tode Salomons, Leipzig, 1794-1795.
A. Stoeber, « Recherches biographiques et littéraires sur les étudiants mulhousiens immatriculés à l’Université de Bâle », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1879 ; E. Risler, Tableaux généalogiques de la Famille Risler, Mulhouse, 1910, n° 52 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 583 ; E. Meininger, « Les pas- teurs mulhousiens », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1924, n° 108 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 4269.

4. Jean,
Industriel, (Pr) (★ Mulhouse 6.10.1781 † Mulhouse 9.3.1856). Fils de Jean Risler, fabricant d’indiennes, et de Judith Huguenin. ∞ 31.10.1805 à Mulhouse Barbe Heilmann (1784-1853) ; 5 enfants. Après des études primaires à Mulhouse, il suivit des cours de chimie et de physique à Paris. Dès 1805, il se voua aux affaires industrielles, notamment à la filature du coton. Il procura des machines aux manufacturiers alsaciens. Fondateur d’une maison de commission à Paris. Il fut un promoteur actif de nombreux inventeurs. Il s’intéressa notamment aux travaux de son neveu Josué Heilmann ©. Il fit connaître et sut fournir l’hydro-extracteur de Caron et la tondeuse de Collier. Il fut également le conseiller et le promoteur du grand établissement de construction mécanique « Risler frères et Dixon » établi à Mulhouse. Il travailla avec le célèbre opticien Voigtlaender. Membre du conseil d’administration des deux compagnies de chemins de fer de Mulhouse à Thann et de Strasbourg à Bâle. Président du conseil d’administration de la Compagnie de chemins de fer de Strasbourg à Bâle.
D. Koechlin-Ziegler, « Notice nécrologique », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1855, p. 394 ; E. Risler, Tableaux généalogiques de la Famille Risler, Mulhouse, 1910, n° 100.

5. Mathieu,
Manufacturier, maire (★ Cernay 14.7.1782 † Cernay 8.6.1871). Fils de Jérémie Risler, fabricant d’indiennes, et de Catherine Mieg. ∞ 8.11.1809 à Cernay Judith Sophie Dollfus (1792-1869) ; 10 enfants. Il compléta sa formation de base à Paris par l’étude de la chimie et de la mécanique. Il y fut l’élève de Thénard. Associé à J. Willien, pharmacien de Thann, il fonda en 1805 la première usine chimique de Thann. Il se lança par la suite dans l’industrie mécanique, sollicitée par les besoins de l’industrie textile. Il travailla en étroite collaboration avec son frère Jérémie (1788-1846) avec lequel il construisit la première machine à imprimer au rouleau (1808). Après la mort de son père, il dirigea l’entreprise « Risler, Koechlin et Cie » (1811) qui fut liquidée en 1815. Les deux frères Jérémie et Mathieu ouvrirent à Cernay, en 1817, dans une ancienne blanchisserie, « Dollfus, Mieg et Cie » une filature de coton de 3.400 broches qui prit le nom de « Risler et Cie ». En 1823, il y adjoignit une fabrique de cardes à Cernay et, en 1826, un tissage mécanique à l’usine de Vieux-Thann. La maison « Risler et Cie » porta de 1844 à 1874 la raison sociale « Mathieu Risler ». Elle prit, en 1873, la dénomination « Risler et Cie ». C’est pourtant avec lui qu’il avait introduit, en 1817, la construction mécanique en Haute Alsace. Les deux frères s’adjoignirent un technicien expérimenté, l’Anglais Dixon. Ils exploitèrent les hauts fourneaux de Masevaux. En 15 ans l’entreprise « Risler frères et Dixon » produisit plus de 300.000 broches, plus de 2.000 métiers à tisser, une cinquantaine de machines à vapeur, une trentaine de machines à papier. L’entreprise ferma en 1834. Son frère s’était séparé de lui en 1828. Risler s’associa en 1828 à André Koechlin ©, de cette association naquit plus tard la SACM. Il continua néanmoins à assurer la direction du tissage et de la filature de Vieux-Thann. Il créa en 1844 la première fabrique d’objets caoutchoutés. Il participa activement à l’œuvre philanthropique qui caractérise l’activité du patronat mulhousien. Risler avait été gagné en 1847 par l’œuvre de Pestalozzi et par la lecture de l’ouvrage de Johann Conrad Zellweger, Die schweizerischen Armenschulen nach Fellenbergischen Grundsätzen. Il possédait une ferme de 20 hectares de terre sur l’Ochsenfeld. Enthousiasmé par l’exemple des éducateurs suisses, il se proposa d’y ériger un home qui recevrait les enfants recueillis pour leur créer une ambiance familiale grâce aux travaux agricoles. Il sut gagner à son idée plusieurs industriels mulhousiens : Zuber, L. Schwartz, Koechlin, Dollfus et Schlumberger. Risler présida pendant 22 ans l’établissement dont la direction avait été confiée au Suisse, Gaspard Zweifel. Risler écrivit lui-même un ouvrage qui témoigne de son intérêt pour les questions agricoles : Cours d’agriculture, de viticulture et de jardinage, Mulhouse, 1849. Risler fut maire de Cernay de 1840 à 1848. Chevalier de la Légion d’honneur.
Histoire documentaire de l’industrie de Mulhouse et ses environs, Mulhouse, 1902 ; J. Dépierre, Cernay, son passé, son présent, Cernay, 1907, p. 434-435 ; E. Risler, Tableaux généalogiques de la Famille Risler, Mulhouse, 1910, tableau n° 88 ; R Dietz, « Eine Armenkinderanstalt nach schweizerischem Vorbild in Cernay », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, 1955-1956, p. 81-100 ; R. Oberlé, « Industrie et agriculture au XIXe siècle, l’œuvre du patronat mulhousien », Histoire de l’Alsace, Strasbourg, 1983, p. 357 et s.

6. Jean Daniel,
Industriel, collectionneur, historien (★ Mulhouse 10.10.1797 † Sainte-Marie-aux-Mines 19.6.1895). Fils de Daniel Risler (1772-1844), manufacturier, et de Frédérique Reber (1773-1831), fille de Jean Georges Risler et de Frédérique de Schwengsfeld. Célibataire. Il s’associa très jeune à la manufacture de Sainte-Marie-aux-Mines et y devint un des pionniers de l’industrie. Il manifesta un goût très prononcé pour le passé local et régional. Collectionneur avisé, il constitua un important cabinet d’antiquités.
Environs de Sainte-Marie-aux-Mines, étude topographique et historique, 1846 ; Histoire de l’industrie de la vallée de Lièpvre, 1848, 2e éd. 1851 ; Manuel du touriste au château du Hohkönigsbourg, 1860 ; Histoire de la vallée de Sainte-Marie-aux Mines, anciennement vallée de Lièpvre, 1873 ; Panorama de l’Alsace et des Vosges, puis du château du Haut-Königsbourg, s.d. ; Recueil de légendes, chroniques et nouvelles alsaciennes, Mulhouse, 1849. Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 583 ; E. Risler, Tableaux généalogiques de la Famille Risler, Mulhouse, 1910, tableau n° 99.

† Raymond Oberlé (1998)

7-Georges Alphonse,

Maire et conseiller général de Cernay (★ Cernay 28.1.1818 † Cernay 15.4.1911). Fils de Jérémie Risler © 5. ∞ 24.8.1846 à Mulhouse Louise Joséphine Schmerber, fille de Jean Georges Schmerber, tanneur, et de Clémène Benner. Après une formation dans diverses usines textiles, Risler devint en 1844 l’associé de son père et de son frère Mathieu dans l’établissement de filature et de tissage de coton qui venait d’être créé. À partir de 1873, après les décès de Mathieu Risler père (1871) et fils (1872), l’entreprise familiale fut transformée en société par actions, puis dirigée et agrandie par Risler jusqu’à ses derniers jours (1911). On doit au dynamisme de Risler de nombreux et remarquables perfectionnements dans la filature et le tissage du coton et de la soie, ce qui lui valut d’être fait à ce titre chevalier de la Légion
d’honneur. Risler se consacra également aux affaires publiques. Adjoint de 1855 à 1860, il fut élu maire de sa cité natale de 1860 à 1870, ainsi que conseiller d’arrondissement. Après l’annexion de 1871, il refusa de se représenter. Une pétition publique datée de 1883 l’obligea à le faire en 1885 et il fut à nouveau élu maire, et ce jusqu’en 1905, date à laquelle il quitta ses fonctions âgé de 87 ans. Il fut également conseiller général de 1883 à 1900. Cernay lui doit entre autres la construction de nombreux édifices publics: les écoles (de 1887 à 1890), la nouvelle église catholique (1891), les abattoirs (1902), le tribunal (1904), le temple protestant (1905).

Archives départementales du Haut-Rhin, séries I M 110, 2 M 57, 3 M 36 et 39, I U 7; Registres des délibérations municipales de Cernay (1860 à 1905); J. Depierre, Cernay, son passé, son présent, Cernay, 1907; E. Risler, Tableaux généalogiques de la famille Risler (1481-1910), Mulhouse, 1910, n° 88.

† Jean Sutter (1998)

8-Charles Auguste,

Peintre, lithographe, (Pr) (★ Cernay 28.8.1820 † Paris 13.4.1899). Fils de Jérémie Risler © 5.∞ I 12.7.1855 à Cernay Thérèse Fanny Spindler, de Hanovre († 1861); 1 fils. ∞ II 20.1.1862 Elisabeth Hertweck, badoise; 7 enfants dont l’artiste peintre, Mme Folley-Risler. Doué d’un remarquable talent pour la peinture il fut envoyé auprès de Paul Delaroche à Paris: il séjourna pendant des années à Baden-Baden (1850-1876) et voyagea en Italie. Membre de la Société des artistes français (1850-1890), il exposa à Mulhouse en 1876, 1879, 1883, et en 1884. Portraitiste de talent, il laissa près de 800 portraits parmi lesquels Tête de jeune fille, Étude de jeune fille, Portrait de poupon. Il peignit des huiles et des aquarelles dont: Thermes de Cluny à Paris, Effet d’automne, Meudon, Au Musée alsacien de Strasbourg, Forêt à Fontainebleau, La convalescence, Le baiser maternel. Le Musée de Mulhouse possède de lui L’industrie.

E. Risler, Tableaux généalogiques de la famille Risler (1481-1910), Mulhouse, 1910, tableau n° 117; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 582; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, p. 777; François Lotz, Artistes-peintres d’Alsace vivant et œuvrant à la date du 1er janvier 1982, Kaysersberg, 1985, n° 595; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, p. 291.

9-Charles Eugène,

Agronome (★ Cernay 5.11.1828 † Calève, Suisse, 6.8.1905). Fils de Jérémie Risler (1788-1846), manufacturier, et de Lucie Eugénie Dollfus. ∞ 16.7.1856 au Petit-Saconney, canton de Genève, Emma Jeannette Puerari; 5 enfants. Il commença ses études à Mulhouse et les poursuivit au collège royal de Strasbourg et au collège Saint-Basile. Il s’intéressa tôt à l’agriculture et pensa qu’on pouvait réaliser dans ce domaine les mêmes progrès que dans l’industrie en associant la science, le capital et le travail. Il suivit en 1847 les cours de Grignon, la seule école d’agriculture qu’il put alors fréquenter. Il s’inscrivit par la suite à la fameuse école d’agriculture de Hohenheim, dans le Wurtemberg. Il y eut des professeurs de grand renom tels: Sprengel, Weckerling, Steckhardt. Il compléta après deux ans de présence ses connaissances à l’école de Regenwald, Prusse orientale, où le célèbre professeur Vincent l’initia à ses travaux de drainage et d’irrigation. Il visita les régions agricoles les plus vivantes de l’Allemagne. Risler entra en 1851 à l’Institut agronomique comme auditeur libre et fut un des élèves préférés de Würtz © et du comte de Gasparin. Risler étudia la composition des sols et prouva que les matières organiques solubles favorisaient l’absorption de la silice, des phosphates de chaux et de l’oxyde de fer. À la suite de la suppression de l’Institut (1852), il acheta la maison de Calève dont il fit un domaine expérimental et y installa une station météorologique. Il ouvrit un cours d’agriculture à Lausanne. Ses publications se suivirent dès lors; il fournit une riche contribution au Journal de l’agriculture et au Journal de la Suisse romande et, aux Archives des sciences physiques et naturelles. Pendant la guerre 1870- 1871, il contribua à l’organisation des secours en Suisse et vint ainsi en aide à beaucoup de réfugiés alsaciens. Il fut le premier à organiser en Suisse la lutte contre le phylloxéra; il introduisit également le drainage sur les bords du lac Léman. Dès la réouverture de l’Institut agronomique à Paris, en 1876, il y fut nommé professeur et, deux ans plus tard, il y fut chargé de la direction de 1884 à 1897, il publia son œuvre magistrale La géologie agricole (4 volumes). Il y démontra la corrélation entre les couches géologiques et la production agricole. Il fut également un habile vulgarisateur, sa Physiologie et culture du blé (1884) s’adressa à la grande masse des cultivateurs. L’ouvrage fut traduit en plusieurs langues. Il se retira en 1890. Il publia par la suite Dans quelles limites l’analyse chimique des terres peut-elle servir à déterminer les engrais dont elles ont besoin (1887) et Irrigation et drainage (en collaboration avec G. Wery), 1903. Président de la Société nationale d’agriculture, commandeur de la Légion d’honneur, du Mérite agricole; officier de l’Instruction publique.

Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, t. III; P. Reynard, G. Wery, Eugène Risler (1828-1905). Directeur de l’Institut national agronomique de 1879-1900, Paris, 1905; L. Passy, Notice sur la vie et les travaux de M. Risler, Paris, 1906; Discours prononcés à l’inauguration du monument élevé à Eugène Risler par ses élèves et ses amis, Paris, 1907; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 583; E. Risler, Tableaux généalogiques de la famille Risler (1481-1910), Mulhouse, 1910, n° 119; A. Bruno, « Eugène Risler (1828-1905) sa vie et son œuvre », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1929, p. 208-216; Ph. Mieg, « L’apport des Mulhousiens dans les domaines de la science et de la technique », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, III, 1948, p. 27.

† Raymond Oberlé (1998)

10-Charles,

Industriel, homme politique (★ Thann 30.11.1848 † Paris 20.4.1923). Fils de Camille
Ferdinand Risler, industriel, et d’Eugènie Kestner. ∞ 30.6.1877 à Paris Geneviève Laurent-Pichat († 1912), fille de Léon Laurent-Pichat, écrivain, député, puis sénateur inamovible; 2 filles dont Mme Georges Claretie; beau-frère de Jules Ferry. Destiné à diriger la fabrique des produits chimiques de Thann, il suivit à Paris les cours de chimie de l’École centrale et de l’École pratique des Hautes Études. Le 30 juillet 1870, il fut mobilisé comme lieutenant à la 1ère batterie d’artillerie de la garde mobile du Haut-Rhin à Neuf-Brisach. Après la capitulation de cette place forte le 10 novembre 1870, il fut prisonnier de guerre en résidence surveillée à Leipzig; il refusa en décembre 1870 la libération sur parole offerte aux Alsaciens et resta en captivité jusqu’en mai 1871. Établi à Paris après l’annexion, il fut l’un des membres fondateurs de l’Association générale d’Alsace-Lorraine de Paris et siégea à son comité directeur à partir de 1876. Il publia dans La République du 10 mai 1872, une lettre de protestation contre l’avis exprimé par le conseil d’enquête militaire sur la capitulation de Neuf-Brisach. Proche de son beau-frère Jules Ferry et de Gambetta ©, il fut nommé adjoint au maire du VIIe arrondissement, puis en 1881 succéda à Wurtz © comme maire de cet arrondissement alors orienté à gauche. Il conserva ce poste pourvu par le gouvernement quand l’arrondissement passa à droite. Il succéda en 1881 à son père comme administrateur de la Fabrique des Produits chimiques de Thann (et de Mulhouse à partir de 1885). De février 1903 à décembre 1920, il fut président du Conseil de surveillance de cette société, qui se réunissait à son domicile pendant la guerre de 1914-1918. Légion d’honneur (commandeur, 1913). Une avenue du VIIe arrondissement de Paris porte son nom. (avec G. Laurent-Atthalin), La guerre en Alsace. Neuf-Brisach. Souvenirs de siège et de captivité, Paris, 1873 (2e éd., Paris, 1881) ; « L’Association générale d’Alsace-Lorraine », Revue alsacienne, novembre 1879.

Jouve, Les Alsaciens-Lorrains, Dictionnaire, annuaire et album, II, 1898 ; E. Risler, Tableaux généalogiques de la famille Risler (1481-1910), Mulhouse, 1910, tableau n° 164 ; L. Delabrousse, « M. Ch. Risler », Le Messager d’Alsace-Lorraine, Paris, du 8.12.1913 ; Lettres de Jules Ferry, Paris, 1914, p. 232, 233, 337 ; Revue du Rhin et de la Moselle-Alsacien et Lorrain de Paris, 1922-1923, p. 533 ; J.-M. Gaillard, Jules Ferry, Paris, 1989 ; Drouot et Rohmer, La Fabrique de produits chimiques de Thann et Mulhouse, Strasbourg, 1991.

Léon Strauss (1998)

11- Édouard Joseph,

Pianiste (★ Baden-Baden 23.2.1873 † Paris 21.7.1929). Fils de Mathieu Risler © 5. ∞ Émilie Soalhat Girette; 1 fille. Entré au Conservatoire de Paris en 1886, Risler y fut l’élève de Lavignac (solfège) et de Decombes (piano). Dès 1894, il obtint des médailles dans ces deux disciplines. En 1889, il fut récompensé par un premier prix de piano et, en 1892, par un second prix en harmonie, puis par un premier prix en accompagnement. Sa première apparition au public éveilla l’intérêt des milieux de la musique. Les plus grands musiciens de son époque lui témoignèrent leur estime. Il interprétait avec autant de talent les œuvres des maîtres français que celles de Bach, Liszt, Schumann, Chopin. Wagnérien convaincu, il fut appelé comme répétiteur à Bayreuth par la famille de Richard Wagner. Après une tournée de concerts triomphale à travers l’Europe centrale, il retourna à Paris où il fit carrière. Son modèle était Beethoven dont il passait alors pour être le meilleur interprète en France et l’un des meilleurs en Europe. En 1905, il avait remporté un succès éclatant en interprétant, salle Pleyel à Paris, les 32 sonates pour piano du maître allemand en sept soirées consécutives. Après 1918, il obtint aussi un succès retentissant en interprétant des œuvres de Beethoven et Schumann dans la salle du Conservatoire de Strasbourg.

E. Risler, Tableaux généalogiques de la famille Risler (1481-1910), Mulhouse, 1910, tableau n° 148; Dernières Nouvelles de Strasbourg des 29.4., 28.8. (portrait) et 27.11.1929; Journal d’Alsace-Lorraine du 28. 2. 1931.

Jean Hurstel (1998)