Imprimeur (★ inconnue † Strasbourg 1608).
Frère de Josias Rihel ©. ∞ à Strasbourg, St-Thomas, décembre 1562 Margaretha Roettel ou Rettel († début 1590) ; 1 fils Theodosius (★ 5.7.1577 Saint-Thomas, ∞ 7.2.1604 Élisabeth Gerlach). La maison d’habitation avec l’atelier se trouvait entre le pont Saint-Martin et la place Saint-Thomas côté de la Bruche. La production de livres de Rihel était très importante. Il disposait de sept presses dans son atelier. Comme son frère Josias © et son père Wendelin ©, il publia quantité de manuels scolaires, des écrits religieux de Melchior Specker, de Melanchthon et une édition complète des cantiques de Martin Bucer ©. La réimpression par Rihel d’ouvrages parus chez d’autres imprimeurs entraîna des procès entre autres avec Nicolaus Goetz et Paul Welsch, créanciers de l’imprimeur Samuel Emmel ©, qui lui reprochèrent d’avoir réimprimé I’Analysis institutionum juris civilis de Justinien, le Feldbau de Michel Herr et plusieurs opuscules de Gwalther Riff, dont on dit qu’il existait encore chez Emmel un stock de 2000 exemplaires (Série V, 12/100). Rihel se défendit en faisant valoir qu’il avait obtenu un privilège impérial l’autorisant à procéder à des réimpressions de livres (XXI, 1570, f° 253 v° – 254 r°, R 25 f° 21-23 et 28-31). Le juriste Michel Beuther ©, dont Rihel avait vendu de nombreux ouvrages à Francfort, lui reprocha le manque de transparence dans ses comptes (V, 17/14-15, V, 12/4) et lui réclama des indemnités. Rihel eut aussi des ennuis en 1564 au sujet de l’impression de 12 sermons d’Israel Achatius de Wissembourg, pourtant préalablement lus par Johann Marbach © (XXI, 1564, f° 457 v°). Il en fut de même à propos de la publication de la Tétrapolitaine dont tous les exemplaires furent confisqués (XXI, 1580, f° 98-99, 101, 105-106, 162). En 1590 il demanda l’autorisation d’imprimer la Bible en polonais (XXI, 1590, f° 645). On ignore s’il obtint un avis favorable. En 1605 Rihel engagea pour cause d’ennuis de santé et malgré l’existence d’un fils prénommé comme lui, Hilarius, fils du notaire Hilaire Meyer, pour s’occuper de la gérance de son imprimerie et de la commercialisation de sa production de livres. Hilarius Meyer fils avait placé 500 florins dans l’entreprise. En cas de vente de celle-ci Hilarius Meyer obtint le droit de préemption au prix de 1000 florins (KS 358, f° 37-46). Claude Graviset d’Épinal fournissait à Rihel le papier dont il avait besoin. En 1579 Graviset s’engagea à lui livrer 300 ballots de papier à raison de 12 ballots mensuellement. L’inventaire de la succession, établi le 27 juin 1608, fournit entre autres les renseignements suivants sur la fortune du défunt : valeur estimée des immeubles près du Pont Saint- Martin : 2175 livres ; argenterie : 289 livres; mobilier : 737 livres ; la valeur de l’atelier d’imprimerie avec tout ce qui en fait partie : 2044 livres ; les créances sont évaluées à 431 livres. Au total l’actif est estimé à 6203 livres, tandis que les dettes s’élèvent à 2183 livres. Ces estimations sont à comparer avec celles publiées par Ritter, p. 546, n° 298. Malheureusement les références de l’inventaire des biens des époux du 18 mai 1590 signalé par Ritter, Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace aux XVe et XVIe siècles, Strasbourg, 1955, p. 273, note 628, sont inexactes. Le carnet de ventes à crédit de la foire de Carême de Francfort de 1607, dont copie est incluse dans l’inventaire de succession, fournit un état nominatif de la clientèle de Rihel. Nous y relevons entre autres des acheteurs de Heidelberg, Bâle, Darmstadt, Genève, Helmstedt, Wittenberg, Leipzig, Stuttgart, Augsburg, Magdeburg, Cologne, Vienne, Nuremberg, Lubeck, Hambourg, Kassel, Spire, etc. L’inventaire des stocks de livres trouvés dans le magasin de Francfort signale entre autres des ouvrages de Tite Live, Sleidan, Homère, Démosthène, les Évangiles, le dictionnaire de Dasypodius, des Psautiers, ainsi qu’un stock de dix ballots de papier à imprimer estimés à 35 livres, soit 3 livres 10 sous le ballot.
W. Stieda, Zur Geschichte des Strassburger Buchdrucks und Buchhandels, s.l., 1879, p. 32-48 ; Archiv für Geschichte des deutschen Buchhandels, t. 5, 1880, p. 139-145 ; Charles Wittmer et J. Charles Meyer, Le Livre de bourgeoisie de la ville de Strasbourg 1440-1530, Strasbourg, texte, 1954, p. 735, n° 7973 ; Ritter, Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace aux XVe et XVIe siècles, Strasbourg, 1955, p. 611 (passim) et p. 540-549 ; J. Rott, « Note sur l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe siècles », Revue d’Alsace, 1956, p. 63-76 ; J. Hatt, Liste des membres du grand sénat, Strasbourg, 1963, p. 521, 669 ; M. Usher-Chrisman, Bibliography of Strasbourg imprints 1480-1599, New Haven, 1982, p. 412-414 (passim) ; J. Benzing, Die Buchdrucker des 16. und 17. Jh., im deutschen Sprachgebiet, 2. Aufl. Wiesbaden, 1982, p. 445, 448, 449 ; J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise du milieu du XVIe siècle à la fin de la guerre de Trente Ans (1560- 1650)…, Paris, 1984, p. 306, 437, 438, 440 ; J. Rott, Investigationes historicae..., Strasbourg, 1986, I, p. 118A, 119, 120 ; II, p. 304, 359, 363, 377, 475, 482-536.
† François-Joseph Fuchs (1998)
