Député, conseiller général, maire de Colmar, (Pl) (★ Colmar 24.2.1886 † Colmar 20.5.1970).
Fils de Jean Richard, serrurier, et de Catherine Husser. ∞ I 10.6.1911 à Colmar Marie Louise Muller (★ Colmar 11.1.1886 † Colmar 2.7.1950), fille d’Antoine Muller, chef d’atelier, et de Barbe Thomann. ∞ II 17.1.1951 à Colmar Marie Lucie Habersetzer (★ Colmar 9.3.1901 † Colmar 18.7.1984), fille de Camille Habersetzer, coiffeur, et de Jeanne Sophie Wehrle. Issu d’une famille ouvrière, Richard apprit le métier de typographe et s’intéressa de bonne heure au mouvement ouvrier. À 18 ans, en 1904, il devint secrétaire du cartel syndical de Colmar et adhéra au Parti socialiste. En 1914, Richard fit partie de la liste qui remporta les élections municipales, et devint, à 28 ans, le plus jeune conseiller de Colmar. En novembre 1918, il devint l’animateur du conseil ouvrier qui s’allia au « soviet » militaire, puis assuma les responsabilités publiques en attendant l’entrée des troupes françaises à Colmar. Maintenu ensuite au sein de la commission municipale provisoire mise en place par les autorités de la République, il fut réélu lors des municipales de novembre 1919, et obtint le poste de 3e adjoint le 10 décembre suivant. Richard parvint la même année à se faire élire conseiller général, alors que les élections législatives, qui se déroulaient également en novembre 1919, donnèrent la victoire à l’Union nationale. Comme adjoint au maire, Richard prit part à la création de l’Office public d’habitations à bon marché, qui consacra l’essor des logements sociaux et permit la mise en chantier des nouveaux quartiers de la périphérie sud de la ville. Par ailleurs, le jeune élu joua un rôle déterminant dans la fondation de l’Association des jardins ouvriers, œuvre qu’il suivit durant de nombreuses années. Réélu lors des municipales de 1925, il devint le premier adjoint du maire Sengel ©, mais perdit ses mandats lors de la percée autonomiste de 1929. Loin de représenter pour Richard une « traversée du désert », les quelques années qui suivirent le consacrèrent comme l’un des grands lutteurs politiques du moment. Ayant pris la tête de l’opposition socialiste et radicale, il parvint, aux législatives de 1932, à devancer l’UPR pour les suffrages de Colmar-Ville, bien qu’il dût s’incliner devant Rossé © dans l’ensemble de la circonscription. En revanche, aux cantonales de 1934, Richard battit Rossé et retrouva son siège de conseiller général. Enfin, aux élections municipales de mai 1935, il mit un terme à l’intermède de la municipalité autonomiste, et devint maire de Colmar le 17 mai. La tâche de la nouvelle municipalité, de type « Front populaire », fut des plus difficiles. Malgré les graves séquelles de la grande crise économique et la persistance du chômage, elle parvint néanmoins à mener à bien la plus grande réalisation colmarienne de l’entre-deux-guerres: la construction du Centre hospitalier Louis Pasteur, inauguré en 1937. Sur le plan politique, Richard subit les attaques constantes des autonomistes qui, loin de désarmer, mobilisèrent leurs effectifs lors des manifestations engendrées par l’annonce de la prolongation de la scolarité en Alsace et Moselle en 1936. En dépit d’un climat politique de plus en plus sordide, le mandat de Richard fut marqué par une véritable floraison culturelle. Mais l’élan fut brisé par le drame de septembre 1939. Le 17 juin 1940, Colmar fut occupé par les troupes allemandes; destitué par l’occupant, Richard fut d’abord interné à Schirmeck, puis expulsé vers le sud-ouest de la France le 14 décembre. Le 21 juin 1940, la Wehrmacht installa à la mairie de Colmar un Stadtkommissar — commissaire à l’administration municipale — en la personne de Karl Hellstern ©. Richard quitta son exil d’Agen pour suivre les troupes alliées dans leur avance vers l’Est, et intervint auprès du général de Lattre de Tassigny pour que Colmar fût préservé de la destruction. Dès le 3 févrir 1945, lendemain de la libération de la ville, il fut acclamé par ses concitoyens, et rétabli officiellement dans ses fonctions le 7. Élu député du Haut-Rhin la même année, puis conseiller de la République le 8 décembre 1946, il retrouva ou acquit de nombreuses responsabilités: président du conseil d’administration de la Caisse d’Épargne de Colmar, de l’office public d’HLM du Haut-Rhin, de l’office HLM de Colmar, de la société de crédit immobilier, du Théâtre alsacien de Colmar, de la Société de musique « L’Union », etc. Battu par Joseph Rey © le 25 octobre 1947, Richard demeura cependant au conseil municipal où il fut réélu en 1953 (2e adjoint du 26 avril 1953 au 13 février 1956), puis en 1959, et en fit partie jusqu’au 13 mars 1965, se retirant alors de la vie publique pour des raisons d’âge et de santé. Officier de la Légion d’honneur et des Palmes académiques, commandeur du Mérite social, titulaire de la croix de Guerre et de la médaille de la Résistance.
Archives municipales de Colmar, 0010, n° 10 et 13b, texte du discours nécrologique prononcé par Joseph Rey en 1970 ; registre des délibérations du conseil municipal ; dossier de presse, notamment lors du 80e anniversaire et du décès d’Édouard Richard ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, p. 6426 ; J.- M. Schmitt, « Une rétrospective de la période 1918-1939 à Colmar », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1987; idem, « Édouard Richard, du Front Populaire à la Libération », L’Alsace du 13.5.1988.
Jean-Marie Schmitt (1998)