Skip to main content

RICHARD David

Directeur d’asile d’aliénés, (Pr, puis C) (★ Genève 1.9.1806 † Stephansfeld, commune de Brumath, 11.6.1859).

Fils d’un commerçant genevois (Pr) et d’une mère savoyarde (C). ∞ 18.11.1841 à Paris Jeanne Rivoire (C), fille d’un maçon lyonnais. À la suite de sa naissance, sa mère fut atteinte d’une psychose puerpérale qui resta incurable et le marqua profondément. Études secondaires à Genève. Précepteur à Pise dans une famille princière grecque. En 1829, études de médecine à Rome, puis à Paris où l’attira la révolution de 1830. Interne à l’Hôpital de la Pitié, il n’acheva pas ses études : poussé par sa vive curiosité intellectuelle, il s’engagea dans les mouvements scientifiques de l’époque : le magnétisme, la phrénologie, la Revue encyclopédique à laquelle il apporta des publications personnelles, la Société d’anthropologie dont il devint le vice-président. Il fréquentait aussi des salons littéraires et plus tard George Sand. En 1832 il rencontra Lamennais, prêtre, engagé dans le mouvement catholique libéral, qui exerça sur lui une influence importante, notamment au cours d’un séjour de six mois dans son manoir breton. Au cours d’un voyage en diligence, il fit la connaissance d’une religieuse, sœur Théodosie (Jeanne Rivoire), missionnaire en Guyane auprès d’esclaves destinés à l’émancipation. Une correspondance active s’ensuivit. À l’âge de 30 ans, obligé d’assurer sa subsistance, il entra dans la carrière administrative comme chef de cabinet du préfet de la Gironde (1836-1838). Deux ans plus tard, le préfet du Bas-Rhin, Sers ©, l’appela à la direction de l’asile de Stephansfeld, en situation critique. Ce fut le tournant décisif de sa vie. Il s’y prépara activement en visitant des asiles en France et en Suisse et se présenta à son établissement avec un programme très remarqué. Il se sentit alors en mesure de proposer le mariage à J. Rivoire, entre-temps déliée de ses vœux de religieuse, qui, en raison de ses compétences éducatives, lui apportait un concours précieux. Tous deux se révélèrent des organisateurs de premier ordre : regroupant les malades par catégories de comportement, ils fondèrent une exploitation agricole, des ateliers de travail, un enseignement scolaire, organisèrent des activités artistiques et des sorties hebdomadaires. L’institution connut rapidement une réputation qui dépassait les frontières du pays, au point que le ministre de la santé, dès 1844, proposa à Richard les fonctions d’inspecteur général des asiles, offre que Richard déclina. En 1848, Richard se convertit au catholicisme. À partir de 1850 le poste de médecin-chef fut occupé par Henri Dagonet, jeune collaborateur de haut niveau, nommé agrégé de médecine en 1853, qui obtint la création d’un enseignement d’aliénation mentale donné, en grande partie, à Stephansfeld. En 1859, la santé de Richard déclina. Il fut emporté par une pleurésie. Selon son désir, il fut enterré au cimetière de l’asile où sa tombe est toujours entretenue.

Programme de quelques principes d’administration pratique des maisons d’aliénés, Strasbourg, 1841 ; Du régime moral dans les asiles d’aliénés et de la nécessité d’un patronage pour les aliénés indigents guéris, Congrès scientifique de France, 10e session, Strasbourg, oct. 1842, t. Il, Paris, 1843 ; Motifs d’une conversion du protestantisme au catholicisme. Lettre à Mgr Raess, évêque de Strasbourg, Colmar, 1854.

L. Spach, Biographies alsaciennes, t. V, « David Richard, le directeur de Stéphansfeld », Paris, Strasbourg, 1871 ; A. Roussel, et A.-M.-P. Ingold, Lamennais et David Richard. Documents inédits avec deux portraits, Paris, 1909 ; M. Damien, Documents sur la vie et l’œuvre de David Richard, thèse méd., Strasbourg, 1972.

Théophile Kammerer (1998)