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REINBOLT Claus

Auteur dramatique, (C) (★ Strasbourg 14.6.1901 † Strasbourg 6.9.1963).

Fils de Nicolas Reinbolt et d’Anne-Marie Klein, commerçants. ∞ 1.10.1928 Alice Parisot. École primaire à l’école de la Divine Providence, puis à la Kaiserliche Oberrealschule jusqu’en 1914. Les études n’étant pas des plus brillantes, inscription à la Neue Realschule (actuel lycée Fustel de Coulanges). Première publication en 1919 : Die Geburt Christi im Kloster St. Afra qui causa un petit scandale. En 1921, rédaction et publication de Sabina un dr Tod, pièce représentée par le Théâtre alsacien de Strasbourg (21 janvier 1921). Il s’agit d’une pièce sous-titrée E Todetanz, écrite en dialecte sous forme versifiée (« fünffu?iger Jambus » en règle générale). Grand succès de ces représentations pour une pièce qui tranche sur la production dramatique dialectale de l’époque. Service militaire à Sathonay-le-Camp (à partir d’avril 1921) : rédaction de Passion (qui ne sera publié qu’en 1932) et Mörder Kain Piep. Représentation de cette pièce à Dresde (Albert Theater le 2 novembre 1923). D’inspiration nettement expressionniste, l’œuvre présente de profondes analogies avec Gas I et Gas II (1918 et 1920) de Georg Kaiser. Elle resta la seule pièce de Reinbolt jouée en Allemagne. Retour du service militaire en 1923, relations tendues avec la famille, différents petits emplois et, après l’édition de Schacht en 1925, pièce expressionniste très hermétique (influence de Georg Schaffner), départ pour le Nigeria. Travail dans une factory à Port-Harcourt. Revenu malade en 1927, il entra comme secrétaire à la Chambre de métiers de Strasbourg. Le séjour en Afrique fut le thème d’un recueil de nouvelles en 1930 (Brand im Urwald und andere Erzählungen) et d’un roman (Faktorei) édité en 1933. Rencontres avec Albert Schweitzer ©, les liens entre les deux hommes étant la littérature et la musique d’orgue. Reinbolt joua de l’orgue et s’intéressa à la technique de cet instrument (correspondant de revues spécialisées et technicien théoricien recherché dans le cadre des restaurations d’orgues en Alsace). Rédaction et publication de Dämmerung (1932), Quartett der Lüge (1933) et Schleuse 108 (1934), pièces néo-réalistes. Contributions à de nombreuses revues littéraires dans l’entre-deux-guerres sous forme de nouvelles ou pièces en un acte, en particulier Tropensonate (1935) et Helden (1937), deux trilogies de pièces en un acte. Reinbolt travailla également sur une forme très en vogue: le théâtre radiophonique, où il put mettre à profit ses connaissances musicales pour l’accompagnement sonore de l’action : Fränzchen (1938), Punctus contra Punctum (1938) et, dernière publication avant la Seconde Guerre mondiale : Totentanz, Ein Münsterspiel en 1939 (œuvre commandée à l’occasion du 500e anniversaire de la fin de la construction de la cathédrale), retransmise le 29 juin 1939 sur les ondes de Radio-Strasbourg. Reinbolt fut mobilisé en septembre 1939 et démobilisé en juillet 1940 et revint à Strasbourg où il passa les années de guerre. Débuta la rédaction de l’œuvre dont il aurait voulu faire celle de sa vie : Faust im Dom. Début 1945, nouvel engagement dans l’armée, lieutenant interprète à Paris et fin de la guerre à Baden-Baden. Maladie grave fin 1945. À la demande de G. Baumann, nouveau directeur du Théâtre alsacien de Strasbourg, Reinbolt écrivit Raiwer im Bruemtherwald pour la saison 1946-1947. Il s’agit d’une œuvre satirique dont la teinte surréaliste surprit les spectateurs et la critique. En 1949, Reinbolt traduisit en dialecte le Totentanz de 1939 qui devint Muenschterspiel, pièce en trois actes en vers (tétramètres rimés à quatre pieds). Le thème central de l’œuvre est la lutte du Bien et du Mal, thème cher à Reinbolt et à son modèle : Goethe. Puis en 1950, Reinbolt écrivit une comédie, Voralarm (non publiée), mais ne parvint pas à forcer les portes du Comité de lecture du Théâtre alsacien de Strasbourg (TAS). Ce n’est que dix ans après le Muenschterspiel, en 1959, qu’une nouvelle pièce de Reinbolt fut représentée, Nordliecht, toujours écrite à la demande de G. Baumann. Le thème en est la tragédie des Atrides transposée sur le sol alsacien au temps de la Guerre de Trente ans. Mais ces dix années sans représentation furent pour Reinbolt l’occasion d’écrire et de faire éditer ses souvenirs de jeunesse sous le titre Im Schatten des Münsterturmes, de préparer une adaptation du Malade imaginaire de Molière: D’r Inbildungs-Krank (première le 30 janvier 1960), de reprendre entièrement la traduction de Hört, Brüder hört, pièce de Lina Ritter ©, pour le Festival du mont Sainte-Odile en 1953, de procéder à des adaptations d’œuvres de Gustave Stoskopf ©, Hans Karl Abel © ou Ferdinand Bastian ©, et surtout de travailler à ses nombreuses versions de Faust im Dom. En 1961, présentation de Ratteballad par la troupe du TAS. Cette pièce est une refonte en dialecte de Fränzchen, pièce radiophonique de 1938. Œuvre très dense au plan dramatique et qui met en évidence le travail de Reinbolt sur le dialecte. Comme les autres pièces de Reinbolt, celle-ci exige du public une attention soutenue et des efforts de compréhension (introduction de plusieurs niveaux de langue dialectale) auxquels les productions habituelles du TAS ne l’ont pas habitué. Reinbolt décéda sans voir la représentation de sa nouvelle adaptation de Molière, D’r Don Juan. Reinbolt aura finalement été un écrivain isolé : dans sa création, dans le choix de la langue et à l’écart des évolutions littéraires. Profondément lié à la culture littéraire allemande, le haut-allemand fut sa langue privilégiée d’expression écrite, le passage au théâtre dialectal après 1945 résultant plus d’une contrainte historique que d’un choix personnel.

Œuvres dramatiques en haut allemand : Die Versuchung (1921), Don Cesar und Quinardo (1921), Profundia (1922), Mörder Kain Piep (1923), Schacht (1925), Dämmerung (1932), Quartett der Lüge (1933), Schleuse 108 (1934), Tropensonate (1935), Nachtwandler (1937), Helden (Stra?burger Monatshefte et La Revue du Rhin 1937), Punctus contra Punctum (Revue du Rhin 1939), Totentanz (1939), Handwerk, Leben und Tod (1941), Münsterspiel (1941), Der Mucken-Elefant (1943), Strassburger Münsterspiel (1960). Œuvres romanesques en haut-allemand : Die Geburt Christi im Kloster St. Afra (1919), Brand im Urwald und andere Erzählungen (1930), Im Glashaus (1931), Tage und Nächte (1932), Faktorei (1933), Im Shatten des Münsterturmes (1953), et de nombreuses nouvelles parues dans les revues littéraires et les almanachs. Œuvres dramatiques en dialecte: Sabina un d’r Tod (1920), D’r Journalist (1920), Raiwer im Bruemtherwald (1947), Muenschterspiel (1948), Nordliecht (Sutter 1958), Ratteballad (1960), Elsässische Komödien und Dramen (1962). Œuvres diverses : Georg Schaffner (1933) ainsi que de nombreuses contributions traitant de l’orgue et de ses rénovations en Alsace. Une partie de la correspondance de Reinbolt a été rassemblée et retranscrite par Marguerite Thomas (disponible à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg où le journal intime de Reinbolt sera à la disposition des chercheurs en 2013).

Bernard Fradin (1998)