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RATISBONNE Théodore Simon

Prêtre, fondateur de la Congrégation des religieuses et de la Société des prêtres de Notre-Dame de Sion, protonotaire apostolique, (I puis C) ( Strasbourg 7 frimaire an XI = 28.11.1802 † Paris 10.1.1884).

Fils de Jean Auguste Ratisbonne ©. Études au collège à Strasbourg puis, en 1815, avec son frère Gustave, à la pension Sachs de Francfort, alors très en vogue; expérience qui s’avéra déplorable. En 1818, son père l’envoya à Paris pour être initié aux affaires dans la maison Fould. C’est là qu’il apprit la mort brutale de sa mère. De retour à Strasbourg, il fut employé à la banque familiale sous l’autorité de son oncle Louis; n’y trouvant aucun intérêt, il sollicita la permission d’en sortir pour préparer son baccalauréat et à cette fin il s’installa en reclus dans une propriété de la famille à la Robertsau. Le 2 mai 1820, avec son frère aîné Adolphe, il postula pour être admis à la loge maçonnique Saint-Jean d’Écosse sous la dénomination des Frères Réunis de Strasbourg. Sa diligence et son zèle le firent bientôt nommer maître (18 avril 1821), mais les deux frères ne tardèrent pas à donner leur démission (1825). Le 13 mai 1823, Ratisbonne fut attiré par Jules Level au cours privé que l’abbé Bautain © donnait au domicile de Mlle Humann ©. Celui-ci l’engagea à lire la Bible où il trouverait réponse aux questions qu’il se posait depuis toujours: « Devenez un bon israélite ». Il fut dès lors un habitué de la rue de la Toussaint, l’un des premiers disciples du fameux « Cénacle » et le « fils » privilégié de MlleHumann. Encouragé dans ses études, il passa son baccalauréat ès lettres (3 août 1823), puis la licence en droit (26 janvier 1826), avec un mémoire sur le mariage. Il prêta le serment d’avocat en la Cour de Colmar (4 avril 1826). Le 31 décembre de la même année, il passa le baccalauréat ès sciences physiques en même temps qu’il poursuivit des études de médecine avec spécialisation dans les maladies de l’enfance (5 novembre 1825-1826), mais renonça à la carrière médicale (15 novembre 1827). Dans le même temps, il assuma les fonctions de directeur de l’École d’encouragement au travail fondée par le consistoire israélite dont faisait partie son père ; il y fit merveille jusqu’à sa démission (début de 1828). Sa conversion au catholicisme (14 avril 1827) l’obligeant à résilier sa charge, il rompit douloureusement avec sa famille, et il fut accueilli le 20 octobre 1828 par Mgr Le Pappe de Trévern © à la Petite Sorbonne de Molsheim pour se préparer au sacerdoce, préparation dont il regretta d’ailleurs toute sa vie la trop grande précipitation. Le 1er juillet 1828, il avait signé au nom des jeunes de la rue de la Toussaint un essai sur l’Éducation morale en réponse à un concours; essai qui fut couronné par la Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin. Après son ordination sacerdotale (18 décembre 1830) et sa première messe en l’église Saint-Jean de Strasbourg (6 janvier 1831), il fit partie du groupe réuni autour de Bautain qui accepta avec réticence la charge du petit séminaire Saint-Louis, et il se vit confier les classes de 8e et 7e avec l’enseignement de la géologie ; il fut en même temps vicaire libre à la paroisse de la cathédrale où il se dévoua à la catéchèse et fit ses débuts dans la direction spirituelle où il excellait. Plongé dans la même disgrâce que Bautain et son groupe, il commença à écrire une Vie de saint Bernard (2 vol., 1840), qui lui valut en 1842, de la part de Grégoire XVI, d’être nommé chevalier de l’ordre de Saint-Silvestre. Avec ses amis du Cénacle, il enseigna au collège ouvert rue de la Toussaint et à l’école primaire de la rue des Juifs dirigée par l’abbé de Régny. Après la mort de Mlle Humann (1836) et le départ de tous pour Juilly (fin 1840), Théodore Ratisbonne se fixa à Paris où il devint vicaire de Dufriche-Desgenettes à la paroisse Notre-Dame des Victoires, et se dévoua comme aumônier de l’orphelinat des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, rue Plumet. C’est en ce temps que le surprit l’annonce de la conversion de son frère Alphonse (20 janvier 1842). Celui-ci lui déclarant: « Il faut faire quelque chose pour les Juifs ! », il reçut tout d’abord quelques enfants confiés par leurs familles, dans le dessein de les initier à la foi chrétienne. Leur nombre devenant important, il fit alors appel à ses anciennes paroissiennes de Strasbourg et bientôt se forma une communauté religieuse autour de Marie Sophie Laquiante © 6 (« Mme Stouhlen ») et Louise Catherine Weywada ( Strasbourg 24.11.1811 † Paris 26.1.1884). L’œuvre ne cessa alors de se développer – orphelinats, ouvroirs, écoles, pensionnats — accompagnés de très près par le fondateur ; en même temps, il multiplia ses missions apostoliques par des prédications dans de nombreux diocèses de France. C’est ainsi qu’il fit la connaissance de Mme Josson de Bilhem (1850) et fut amené à fonder l’œuvre des Mères chrétiennes érigée en archiconfrérie en 1856. On sollicita aussi son concours pour l’œuvre des Écoles d’Orient et il fit partie du conseil d’administration de 1852 à son décès. à partir de cette même année 1852, il posa les fondements de la Société des Prêtres de Notre-Dame de Sion, société qui, de son vivant, n’atteignit jamais l’expansion connue par la congrégation des Sœurs. Dans le choix des implantations, il cherchait toujours à répondre à des appels et aux besoins de chaque pays et il tint à les visiter lui-même aussi longtemps que ses forces le lui permirent; une très volumineuse correspondance allait rejoindre les Sœurs dans leurs missions lointaines. Chanoine honoraire de Strasbourg (1844) et de Bordeaux (1845). Vicaire général honoraire d’Amiens (1852).

Thèse sur le Mariage, 1826 ; Essai sur l’Éducation morale, 1828 ; Histoire de Saint Bernard et de son siècle, 1842 ; Manuel des Mères Chrétiennes, 1859 ; Méditations de Saint Bernard sur la vie présente et future, 1864 ; Annales des Mères chrétiennes, 1866-1870 ; La Question juive, 1868 ; Le Pape, 1870 ; Allégories à l’usage des petits et des grands enfants, s.d. [1870]; Rayons de Vérité1874; Réponses aux questions d’un Israélite de notre temps, 1878; Miettes Evangéliques, s.d.

Le T.R.P. M. Théodore Ratisbonne, Poussielgue, 1905, 2 vol.; M. Aron, Les Pères Ratisbonne et Notre-Dame de Sion, Paris, 1928.

Sœur Jean Marie Chauvin (1997)