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RASSER Johann

Prêtre, un des initiateurs de la Contre-Réforme catholique dans les territoires autrichiens de Haute Alsace, (C) Ensisheim vers 1535 † Enschingen, septembre (?) 1594).

Fils de Diebolt Rasser et d’Agathe Minck. Le père étant membre du conseil de la ville d’Ensisheim, Rasser suivit l’enseignement de l’école latine d’Ensisheim, puis fut immatriculé à l’Université de Fribourg-en-Brisgau en 1556. Maître ès-arts en 1558, il fut ordonné prêtre la même année à Delémont, Suisse, et reçut le bénéfice de la chapellenie Saints-Jodocus et Wendelin à Ensisheim. Très vite, il suppléa le curé Linden dans la prédication et devint vicaire en 1560. S’opposant au curé, il résigna en novembre 1563 ses bénéfices pour celui de doyen du chapitre Saint-Martin de Colmar. Dans la ville où le luthéranisme s’imposait progressivement dans les esprits des bourgeois, Rasser chercha à assurer la prédication, alors que le chapitre souhaitait le voir assurer la gestion matérielle de ses intérêts. Dès 1565, il démissionna de ce bénéfice pour devenir curé d’Ensisheim à la mort du curé Linden. Ses talents de prédicateur assurèrent, semble-t-il, le succès de sa candidature. Par ailleurs, il entretint de bonnes relations avec l’Université de Fribourg. Mais la menace protestante et la personnalité désormais remarquée de Rasser le firent à nouveau nommer comme doyen et chantre du chapitre Saint-Martin de Colmar en 1571-1572, mais le placèrent en première ligne après l’introduction du culte protestant dans la ville pour tenter de reconquérir les esprits et évincer le luthéranisme. À côté de cette lutte pour pallier les déficiences du clergé colmarien, Rasser s’illustra à Ensisheim même par son souci pastoral: prédications, processions, encadrement des fidèles, liturgie, mais aussi dans le domaine temporel : restauration de l’église, rénovation des revenus de la paroisse. Rasser écrivit des ouvrages de propagande catholique, de catéchisme, d’exégèse qui le placèrent comme le chef de file des réformateurs catholiques en Haute Alsace vers 1570-1594. Mais surtout, il tenta d’organiser une école latine moderne conçue sur le modèle des collèges des Jésuites et pour laquelle il écrivit deux pièces de théâtre en 1573-1574 (Spil von der Kinderzucht et Vom König, der seinem Sohn Hochzeit machte). L’accord de l’évêque de Bâle et celui de l’archiduc acquis, le collège ouvrit ses portes en 1579 et connut rapidement du succès, mais se heurta à des difficultés matérielles: Rasser chercha à se faire attribuer les revenus de maisons religieuses tombées en décadence, mais n’obtint que ceux de l’hôpital Saint-Ehrard d’Ensisheim. Son projet tendant à transformer cette école en séminaire apte à former des clercs capables d’assumer leurs charges pastorales, énoncé en 1594, n’aboutit pas. Mais dès 1584, Rasser proposa aux autorités autrichiennes de remettre l’école aux Jésuites, ce qui ne se fit qu’en 1614. La fidélité affirmée de Rasser à la politique post-tridentine menée par les archiducs et les évêques de Bâle le fit nommer, en 1586, visiteur du diocèse reconnu par les deux pouvoirs alors en opposition quant à leurs droits respectifs. Rasser visita les paroisses et les maisons religieuses, intervenant notamment pour renforcer la position de l’Église catholique à Ribeauvillé où le sire Eguenolphe de Ribeaupierre et son fils Eberhard glissaient du luthéranisme à la religion réformée. En 1579, Rasser obtint le prieuré d’Enschingen, alors en décadence, en signe de reconnaissance de la part de l’archiduc Ferdinand II pour son action énergique en faveur du catholicisme. Il s’y retira après avoir résigné en 1590 la cure d’Ensisheim et s’employa à restaurer le prieuré où il décéda. Figure pionnière de la Contre-Réforme catholique dans les territoires autrichiens d’Alsace, Rasser resta, à travers ses initiatives pastorales qui trouvèrent pour certaines leur réalisation après sa mort, un fidèle serviteur tant de l’évêque de Bâle que de la Régence d’Ensisheim qui l’avait soutenu et dont les membres avaient été ses soutiens actifs, notamment Johann Grass dit Vay.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 493-494; R. Metz, « Jean Rasser, auteur de drames scolaires au XVIe siècle », Les Lettres en Alsace, 1962, p. 121-140; J. Bücking, Johann Basser (ca. 1535-1594) und die Gegenreformation im Oberelsass, Münster i. Westfalen, 1970.

Benoît Jordan (1997)