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RAPP Jean

Général, comte d’Empire, pair de France, (PI) (★ Colmar 27.4.1771 † Rheinweiler, Bade, 8.11.1821, inhumé à Colmar).

Fils de Jean Rapp, fabricant de boutons à Colmar, et de Catherina Salome von Edighoffen. Cousin germain du général Kessel © et du général Edighoffen ©. ∞ I 7 germinal an XIII (28.3.1805) à Paris Joséphine Barbe Rosalie Vanlenberghe (★ Douai, Nord, 22.5.1791 † ?), fille d’Ignace Joseph Vanlenberghe, fournisseur aux armées; sans enfants, divorce le 1er juillet 1811 à Paris. Union libre (1810-1814) avec Juliana Charlotta Albertina Boettcher (★ Dantzig, auj. Gdansk, Pologne, 25.12.1791 † ?), fille de Gottfried Andreas Boettcher, armateur; 2 enfants: Adèle Julie Jeanne Wilhelmine ( Dantzig 10.1.1812 † Schlossberg bei Rosenheim, Bavière, 28.9.1880) ∞ 9.7.1829 à Paris Édouard Anselme de Rotberg, officier, et Jean Léon Albert (Dantzig 29.3.1814 † Gigelli, Algérie, 6.9.1840) officier, ∞ Joséphine Durde. ∞ II 15.1.1816 à Strasbourg Albertine Charlotte de Rotberg (★ Rheinweiler, Bade, 2.9.1797 † Paris 2.6.1842), fille de Friedrich August, Freiherr von Rotberg, et de Pauline Waldner de Freundstein ; 2 enfants: Maximilien Charles Michel Maurice Guillaume Jean Théodore ( Petit-Landau 15.11.1816 † Weimar, Saxe, 20.5.1828, inhumé à Colmar) et Émilie Mélanie Mathilde ( Paris 24.12.1817 † Liège, Belgique, 21.12.1899), ∞ Adrian John Hope, banquier, puis divorce. Veuve, la 2eépouse de Rapp épousa le 15 mai 1830 à Paris George, lord of Drummond, duke of Melfort, earl of Perth. Après avoir effectué des études secondaires au gymnase protestant de Colmar, Rapp s’enrôla le 1er mars 1788 au régiment des Cévennes alors cantonné à Ostheim. Maréchal des logis le 16 mai 1793, il reçut à l’automne suivant sespremières blessures. Affecté à l’armée de Rhin-et-Moselle, il fut promu lieutenant le 1er vendémiaire an III (22 septembre 1794). Grièvement touché à la bataille de Ligenfeld le 9 prairial (28 mai 1795), il fut rapatrié à Colmar, où le médecin Jean-Charles Bartholdi le dissuada de prendre sa retraite. Nommé capitaine le 29 frimaire an V (19 décembre 1796), il devint aide de camp du général Desaix avec lequel il défendit le fort de Kehl, et qu’il suivit dans la campagne d’Italie, puis l’expédition d’Égypte. Il s’y distingua notamment en enlevant l’artillerie ottomane à la bataille de Sediman, à l’issue de laquelle il fut promu chef d’escadron le 16 vendémiaire an VIII (8 octobre 1799), puis par ses faits d’armes à la bataille de Samahoud, qui lui valurent le grade de colonel le 26 pluviôse (15 février 1800). Il fut ensuite chargé de conduire les négociations en vue de l’évacuation de l’Égypte, qu’il quitta en compagnie de Desaix pour devenir aide de camp du premier consul Bonaparte. Détaché à Marseille le 21 vendémiaire an X (13 octobre 1801), il y constitua et commanda un escadron de Mamelouks, avant d’être nommé chef de corps du 7e régiment de Hussards. Chargé ensuite de diverses missions en Suisse, en Belgique et au Hanovre, il fut promu à son retour général de brigade le 15 fructidor an XI (2 septembre 1803). Son premier mariage en 1805, assorti d’une dot d’un million de francs, permit à Rapp de jeter les bases d’une grande fortune personnelle; il fit aussitôt l’acquisition d’un immeuble cossu à Paris (l’hôtel de Montmaurin, 27-29 rue Plumet) ainsi que de la Malmaison de Busigny (Nord). Rapp fut nommé général de division et aide de camp de l’empereur le 2 décembre 1805, au soir d’Austerlitz où il fut blessé en enfonçant la cavalerie de la garde impériale russe (fait d’armes immortalisé par une fameuse toile de Gérard commandée par l’empereur). Après diverses missions d’inspection au Hanovre, à Hambourg, à Mayence et à Darmstadt, Rapp se vit confier le commande- ment de la 5e division militaire à Strasbourg, du 6 juillet au 29 septembre 1806. Puis il retourna en campagne contre la Prusse, servit à Iéna et entra à Weimar aux côtés de Murat. Blessé au cours de la campagne de Pologne en décembre 1806, Rapp fut nommé gouverneur de Thorn le 28 février 1807, puis gouverneur général de Dantzig le 26 juillet 1807, titre qu’il devait conserver jusqu’en 1814 en même temps que celui d’aide de camp de l’empereur. Ce dernier le fit comte d’Empire le 28 janvier 1809, en le dotant de plusieurs rentes qui permirent à Rapp d’accroître sensiblement une fortune déjà considérable. Celle-ci lui permit d’acquérir de nouveaux domaines, mais aussi d’effectuer des donations, notamment en faveur de l’église protestante de Colmar et de la Société biblique de Paris dont il avait été élu vice-président dès sa création en 1818. Son banquier était Michel Paira ©. Après avoir servi à Essling, Rapp reprit son commandement à Dantzig. Ayant rejoint l’empereur à Smolensk en août 1812, il participa à la bataille de la Moskowa et sauva la vie de Napoléon en repoussant une attaque de cosaques à Gorodnia. Après avoir combattu avec Ney à la Bérézina, il regagna à nouveau Dantzig où il fut nommé général en chef, commandant le 10e corps d’armée, le 12 janvier 1813. Contraint de capituler devant l’ennemi le 29 novembre 1813, Rapp fut conduit en captivité à Kiev. Ayant pu rentrer à Paris le 31 juillet 1814, il se rallia à Louis XVIII et, le 16 mars 1815, le duc de Berry lui confia le commandement du 2e corps d’armée chargé de repousser Napoléon. Mais Rapp rejoignit ce dernier aux Tuileries le 22 mars et se vit remettre le commandement, en Alsace, du 5e corps devenu l’armée du Rhin le 16 avril 1815. Dès le 6 avril, Rapp reprit également le commandement militaire de Strasbourg avec le titre de gouverneur d’Alsace, et fut élu représentant du Haut-Rhin à la Chambre des Cent-Jours le 13 mai Après Waterloo et le licenciement de l’armée, Rapp fut mis en non-activité le 16 septembre et se retira en Suisse dans le château de Wildenstein (Argovie) dont il fit l’acquisition en 1816. De retour à Paris en 1817, il rentra en grâce auprès du roi qui lui conféra la dignité de pair de France le 5 mars 1819 et le titre de premier chambellan le 26 novembre 1820. Enfin, Rapp résida fréquemment au château de Rheinweiler (Bade), acquis lors de son second mariage, et où il décéda. Outre les titres et dignités glanés durant sa carrière, Rapp était grand-croix de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre de Saint-Louis, grand cordon des ordres de Maximilien-Joseph de Bavière, du Lion Palatin et de la Fidélité de Bade, chevalier de la Couronne de fer d’Autriche. Son nom fut inscrit à l’Arc de Triomphe de l’Étoile et donné à une avenue de Paris, une place, une rue et une caserne de Colmar, des rues de Strasbourg et de Mulhouse (entre autres). Sa statue en bronze, œuvre d’Auguste Bartholdi ©, fut inaugurée à Colmar en 1856. Abattue en 1940 sur ordre des autorités nazies, elle fut restaurée après la Libération et réinaugurée en 1946. Imposant monument funéraire au cimetière du Ladhof à Colmar, tandis que le cœur de Rapp est conservé dans un petit cénotaphe à l’église protestante Saint- Matthieu de sa ville natale. Enfin, une plaque commémorative signalise la demeure où il vit le jour, l’aile Renaissance de l’Ancienne Douane de Colmar, immeuble dont son père avait reçu la garde.

Service historique des Armées, Fort de Vincennes : état des services ; Archives municipales de Colmar, dossier documentaire ; A. Buloz, Précis des opérations des armées du Rhin et du Jura en 1815, suivi du siège de Huningue et de l’insurrection de Strasbourg,Paris, 1819 (avec notice historique sur le général Rapp, p. 41-49); B. de Marcognet, Détails de la cérémonie funèbre de Monsieur le lieutenant-général comte Rapp, pair de France, Colmar, 1821 ; M. Boissard, Discours funèbre prononcé dans l’église de la Confession d’Augsbourg à Paris le 19 décembre 1821 en com- mémoration de M. le comte Rapp, Paris, 1822 ; Mémoires du général Rapp, premier aide de camp de Napoléon, Paris, 1823, et rééd. annotée, Paris, 1895 ; Michaud, Biographie universelle, t. 37, Paris, 1824, p. 98-103 ; « Souscription et projet pour un monument à élever au général Rapp », Le Glaneur du Haut-Rhin, 31.10.1841 ; Rapp, Colmar, s.d. (1843); J.-B. Kuhlmann, « Comte Rapp de Colmar…, » Biographies alsaciennes, Colmar, s.d. et Général Rapp, Eine biographische Skizze, Colmar, 1856; L. Spach, Le général Rapp, notice biographique, Revue d’Alsace, 1855, p. 350-373, 403-426, 433-446, et Colmar, 1856; « Monument élevé à Colmar au général Rapp », Le Glaneur du Haut-Rhin, 22.10.1854, 1.6., 24.6., 31.8., 7.9.1856; Journal du Haut-Rhin, 30.8., 3.9., 7.9. 1856; Courrier du Bas-Rhin, 31.8., 4.9. 1856; L’illustration, 13.9.1856; Illustrierte Zeitung, Leipzig, 18.10.1856; Discours prononcé par M. J. de Cambacérès, préfet du Haut-Rhin, à la cérémonie d’inauguration de la statue du général Rapp le 31 août 1856, Colmar, s. d.; À l’armée française; Verscomposés pour l’inauguration de la statue du général Rapp par Édouard et Victor Henry, Colmar, s. d.; R.-E. Tuefferd, « Jean Rapp, » Revue d’Alsace, 1879, p. 444-450; « Lettres inédites du général Rapp à M. Michel Paira, banquier de Paris » Revue d’Alsace, 1883, p. 5-28, 189-201, 331-349; « Comte Jean Rapp », Biographies alsaciennes, 1re série, Colmar, 1883; Ch. Rabany, « Les généraux alsaciens sous le Premier Empire », Revue alsacienne, IX, 1885-1886, p. 444-447; « General Johann Rapp, Aus alten und neuen Zeiten », Beilage zum Hausfreund, Mülhauser Tagblatt, 1892, Nr 7; « Lettres inédites du général Rapp », publ. par A. Waltz, Revue d’Alsace, 1894, 489-503; P. Holl, « Nos généraux alsaciens. Esquisses biographiques », extr. Des Affiches de Strasbourg, 1900, p. 12-59; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 489-591; Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux… 1792-1814, Paris, 1934, II, p. 347-348; F. Schaedelin, « La maison natale du général Rapp à Colmar », Revue d’Alsace, 1923, p. 59-62; F. Schaedelin, « Rapp et les détracteurs de Napoléon sous la Restauration », Revue d’Alsace, 1924, p. 549-551; A. Scherlen, « La maison natale du général Rapp », Perles d’Alsace, I, Colmar, 1926, p. 128-129; idem, « Une intéressante lettre du général Rapp », ibidem, II, Colmar, 1929, p. 55-56; M. Claudel, « À propos de deux Lettres inédites du général Rapp », Revue d’Alsace, 1933, p. 377-390; A. Erichson, « Quelques lettres inédites du général Rapp », Revue d’Alsace, 1935, p. 659-665; P. Leuilliot, « La campagne de 1815 en Alsace: Rapp a-t-il désobéi à Napoléon ? », Revue d’Alsace, 1936, p. 530-542; F.-J. Heitz, « Le divorce de Rapp », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar,1950, p. 67-82; idem, « Les derniers amours de Rapp, » ibidem, 1952-1953, p. 100-118; A. Brandt, « Le général Rapp et les libéraux de Mulhouse sous la Restauration, » Revue d’Alsace, 1955, p. 145-157; F.-J. Heitz, « Rappiana », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1956, p. 73-103; J. Betz, « Centenaire de l’inauguration du monument Rapp. Reportage imaginaire », ibidem, 1956, p. 135-139. R. Perreau, « Huit généraux colmariens », ibidem, 1959, p. 92-111; J. Betz, « Une lettre du général Rapp », ibidem, 1964, p. 49-52; P. Martin, « Un portrait inédit du général Rapp », ibidem, 1966, p. 102-104; J. Doll, « Quelques figures alsaciennes sous l’Empire », Le souvenir Napoléonien, n° 346, août 1968, p. 15-18; F. Schulin, « Napoleons General Graf Johann Rapp und seine verwandschaftlichen Beziehungen zur Familie der Freiherren von Rotberg in Rheinweiler, » Das Margräflerland, 1977, 1-2, p. 79-102; M. Richard, « Les membres laïques du Consistoire luthérien de Paris de 1808 à 1848 », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 1981, p. 617-647; Encyclopédie de l’Alsace, X, p. 6266-6267 (date de naissance erronée); P. Lavayssière, « Rapp », Dictionnaire Napoléon, sous la dir. de J. Tulard, Paris, 1987; Chr. Wolff, « Le général Rapp a-t-il encore des descendants patronymiques? », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, n° 86, 1989, 2, p. 63; J. Meyer, « Il était une fois un cordon rouge, ou le souvenir du général comte Rapp à Colmar », Association des membres de la Légion d’honneur, 1990, p. 42-44; F. Saly, « Jean Rapp (1771-1821): son cœur est conservé à Colmar », Dernières Nouvelles d’Alsace,1.9.1990; « La descendance du général Rapp », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, n° 99, 1992, 3, p. 134; A. Halter, Dictionnaire des maréchaux et généraux alsaciens et des maréchaux et généraux morts en Alsace de l’Ancien Régime à nos jours,Colmar, 1994, p. 259-262; R. Woelfflé, Si Rapp m’était conté, Kaysersberg, 1996; M. Richard, Notables et protestants en France dans la première moitié du XIXe siècle, Paris, 1996, passim (index), surtout p. 215.

Jean-Marie Schmitt (1997)