Homme politique, escroc, (★ 9. 1875).
Fils d’un artisan de Mannheim ou d’un négociant de Ludwigshafen. Il prétendait être l’arrière-petit-fils du général Rapp © et d’une Danzigeoise. Il était parvenu, en trompant l’ambassade de France à Berlin en 1907 avec de faux papiers, à se faire abusivement reconnaître cette filiation, le titre de comte et des origines alsaciennes. Il fit ainsi de nombreux dupes dans les milieux aristocratiques de Berlin et de Paris. Interné en France durant la guerre de 1914-1918. Il fonda avec René César Ley © et Henri Muth © le « Comité exécutif de la République libre d’Alsace-Lorraine » à Munich en janvier 1919. Son siège fut transféré à Baden-Baden en mars 1919. Avec les deux autres membres du « trio de Baden-Baden », il fonda l’EIsass-Lothringischen Autonomisten- undNationalistenpartei subventionnée par le gouvernement allemand et demanda un plébiscite en Alsace-Lorraine au président des États-Unis, au premier ministre canadien et au secrétaire général de la Société des Nations. Il aurait été reçu par Erzberger et par Ebert en 1919, ainsi que par le chancelier Fehrenbach en 1920. Il aurait également été en rapport avec le chancelier Wirth et Rathenau. Il fut condamné par contumace pour complot contre la sûreté de l’État par la Cour d’assises du Bas-Rhin à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée le 15 mai 1920. Le 29 janvier 1921, Ley et Muth eurent avec lui une explication, à la suite de laquelle il se serait retiré définitivement de la vie politique. Rapp se serait installé ensuite à Munich. Au procès de Colmar en 1928, Joseph Rossé © fut accusé d’être entré en rapport avec lui. Rapp avait tenté en vain en 1925 et en 1929 d’obtenir une indemnisation du gouvernement du Reich. Il échoua également en empruntant la voie judiciaire. Pourtant, en 1931, le ministère des Finances du Reich lui attribua une somme de 25 000 marks.
Archives de l’Auswärtiges Amt, Bonn, Geheim Akten, 5976/E, 439, 239-241 et 277-279; E. Wetterlé, Le Nouvelliste, Colmar, du 28.12.1910; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, I, p. 550-551, 730-731; F.-G. Dreyfus, La vie politique en Alsace 1919-1936, Paris, 1969, p. 91; K.-H. Rothenberger, Die elsass-lothringische Heimat- und Autonomiebewegung zwischen den beiden Weltkriegen, Bern-Frankfurt/M., 1975, p. 60, 72-73, 159; J. Bariéty, Les relations franco-allemandes après la Première Guerre mondiale, Paris, 1977, p. 14-15; P. C. Bankwitz, Alsatian Autonomist Leaders, Lawrence, 1978, p. 12-13, 20; P. Zind, Elsass-Lothringen/ Alsace-Lorraine, une nation interdite, Paris, 1979, p. 176-183; C. Baechler, Le parti catholique alsacien, Paris, 1982, p. 318-320; I. Grünewald, Die Elsass-Lothringer im Reich 1918-1933, Frankfurt/M., 1984, p. 47-54; C. Baechler, « La question de la neutralité de l’Alsace-Lorraine… (1917-1920) », Revue d’Alsace, n° 114, 1988, p. 185-208.
Léon Strauss (1997)