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RAPINAT Jean-Jacques

Homme de loi et administrateur, (C) (★ 1755 † Sigolsheim 20.5.1817).

Fils de Guillaume Rapinat, directeur de l’hôpital royal de Wissembourg, et de Madeleine Schlick. ∞ 10.11.1783 à Colmar Marie Françoise Caroline Mouhat (★ Colmar 15.1.1756 † Sigolsheim 26.9.1834), fille de Jean-Jacques Mouhat, procureur au Conseil souverain d’Alsace à Colmar, et de Marie Françoise Papigny. Par ce mariage, Rapinat était devenu le beau-frère de Jean-François Reubell ©, futur président de la Convention puis membre du Directoire. La plupart des auteurs font naître Rapinat par erreur à Colmar, en 1752; cependant son baptême est également introuvable à Wissembourg où sont pourtant nés ses frères et sœurs. Licencié ès lois à l’issue d’études de droit à la faculté de Strasbourg, Rapinat devint avocat au Conseil souverain d’Alsace à Colmar et juge près le tribunal prévôtal de la Maréchaussée d’Alsace. Partisan de la Révolution comme son célèbre beau-frère, il devint membre de la Société des amis de la Constitution de Colmar. Il acheta un certain nombre de biens nationaux, et notamment, le 18 juin 1791, l’ancienne cour colongère des bénédictins d’Ebersmunster à Sigolsheim, connue sous le nom de domaine de l’Oberhof. Il s’établit désormais dans sa nouvelle propriété. Le 11 novembre 1792, Rapinat fut élu président du tribunal criminel du Haut-Rhin. Bien que des condamnations à mort aient été prononcées dans le chef-lieu de la Haute Alsace, comme par le passé d’ailleurs, Rapinat laissa une réputation de magistrat modéré, ce qui lui valut même d’être épuré de la Société jacobine par Hérault de Séchelles en l’an II. La même année, il fut également relevé de ses fonctions de président du tribunal et rentra dans la vie privée. Rapinat revint sur la scène publique sous le Directoire, en l’an V, lorsqu’il fut nommé commissaire civil près l’armée d’Helvétie commandée par le général (de) Schauenburg © puis par Masséna. Il entra en conflit avec ce dernier sur la question du contrôle des recettes perçues sur les communautés suisses et destinées aux subsistances de l’armée. Par ailleurs, contraint de multiplier les réquisitions, il se rendit très impopulaire dans les villes helvétiques de son ressort. À son retour à Paris en floréal an VII, Rapinat fut accusé d’exactions et de détournement de fonds publics à son profit. En réalité, il était la cible des opposants au gouvernement du Directoire qui visaient son beau-frère à travers lui, tandis que Rapinat semble bien n’avoir fait aucune fortune au cours de sa mission. Néanmoins, divers historiens ajoutèrent foi à l’épigramme calomnieux qui circula sur Rapinat: « Un pauvre Suisse que l’on ruine/Voudrait bien que l’on décidât/Si Rapinat vient de Rapine/Ou Rapine de Rapinat ». De retour à Colmar sous le Consulat, il retrouva en l’an XIII un siège de juge à la Cour criminelle du Haut-Rhin, puis fut nommé conseiller à la Cour impériale de Colmar en 1811. Le gouvernement de la Restauration ayant refusé en 1816 de le maintenir en fonctions, Rapinat se retira définitivement dans son domaine de Sigolsheim.

Archives municipales de Colmar, RE B 60, n° 485 et 11 n° 2532, reg. civiques de Colmar de 1806 et 1810, indiquant 1755 comme date de naissance; RE B 63, 5-9, p. 34 (déclaration de domicile du 11.2.1793: 38 ans); Précis sur les opérations du citoyen Rapinat en Helvétie, Paris, s. d. (1799); Annuaire du département du Haut-Rhin, 1833, p. 408; Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, t. 78, supplément, Paris, 1846, p. 332-335; Véron-Réville, Histoire de la Révolution française dans le département du Haut-Rhin 1789-1795, Paris-Colmar, 1865, p. 287; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 488-489 (erreurs); F.-J. Heitz, Deux registres de délibérations du Barreau de Colmar 1712-1870, Colmar, 1932, p. 314-315; J. Godechot, Les commissaires aux armées sous le Directoire, Paris, 1937, 2 vol.; Encyclopédie de l’Alsace, X, p. 6265-6266.

Jean-Marie Schmitt (1997)