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RAMSTEIN Heinrich von / Henri de

Chevalier, bailli d’Altkirch (★ Bâle v. 1400 † Altkirch (?) vers 1468- 1469).

Fils de Conrad (Cuntzman), bourgmestre de Bâle. ∞ Agnes von Efringen ; au moins 2 fils, Henmann et Conrad et 1 fille Judith qui épousa Lazarus von / Lazare d’Andlau ©. Bourgeois de Bâle, il releva le défi lancé par le chevalier espagnol Jean de Merlo et se battit vaillamment contre lui devant de la fine fleur de la noblesse de la région, le 12 décembre 1428. À l’issue de cette joute qui avait été suivie d’un certain désordre amplifié par un tremblement de terre, il fit le vœu de partir en Terre Sainte où il fut vraisemblablement adoubé. Après avoir pris une part active à la guerre contre les Hussites (1431), il siégea régulièrement au conseil de la ville (1431-1435 notamment) tout en résidant plus fréquemment à Altkirch où la famille de sa femme exerçait déjà quelques droits à titre de gage de la maison d’Autriche. En 1440, c’est dans son domicile proche de la cathédrale de Bâle qu’avait été accueilli l’antipape Félix V à l’issue de sa première messe. Officiellement investi de la seigneurie d’Altkirch le 27 décembre 1437, moyennant un capital de 9500 florins prêté au duc Frédéric IV (ultérieurement réévalué par Frédéric III et Albert VI), H. von Ramstein semble avoir mené une politique d’implantation (reconstruction du moulin inférieur d’Altkirch en 1450,
acquisition de la dîme de Carspach en 1458) qui tendait à en faire le véritable maître de la ville et de ses dépendances. Les circonstances dans lesquelles son ennemi Hans Erhart von Zaessingen le fit prisonnier vers 1443 sont mal connues: cette affaire, peut-être motivée par son intervention dans un conflit entre ce dernier et Mulhouse (1438), donna lieu à un voyage à Vienne en compagnie de son ami Henmann Offenburg et lui valut l’appui du roi Frédéric III dont il devait demeurer l’un des meilleurs agents. Interdit de séjour à Bâle du fait de son attitude bienveillante envers les Armagnacs du dauphin Louis, il finit par déclarer la guerre à ses anciens compatriotes (12 décembre 1445, date anniversaire de son fameux combat). Les représailles bâloises furent particulièrement rudes — Altkirch fit l’objet d’un raid de grande ampleur (22/23 avril 46) mené par près de 1 000 hommes (la moitié de l’armée de la ville) — et se soldèrent par la prise de 600 têtes de bétail, l’incendie de trois ou quatre villages (Carspach et Hirtzbach notamment), le rançonnement des villageois de Hirsingue et des tirs meurtriers contre les murailles du chef-lieu, où se trouvait alors le grand bailli Jean de Thierstein. La paix revenue, H. von Ramstein resta l’un des plus proches conseillers de l’archiduc Albert VI (en fonction entre 1444 et 1463). À ce titre, il exerça la présidence de plusieurs commissions d’arbitrage de conflits entre gentilshommes (1453, entre les Eptingen et Henmann Offenburg, 1457, entre Pantaléon et Adam de Ferrette). En 1452, il fonda un anniversaire au prieuré bénédictin de Saint-Morand. Son fils Conrad (cité entre 1468 et 1480, membre du Hofgericht d’Ensisheim) et son gendre Lazare d’Andlau administrèrent la seigneurie d’Altkirch après son décès, en parvenant à détourner l’invasion de l’armée bernoise (début juillet 1468) et en évitant de se compromettre avec le duc de Bourgogne (1469-1474). Une troisième génération d’engagistes allait finir par céder ses droits aux comtes de Sulz au début du XVIe siècle, mais continua à habiter la ville.

Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, VII, p. 182; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 486-487 (famille); L. Stouff, « Henri de Ramstein et la seigneurie-gagerie d’Altkirch », Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, 1930, p. 145-178; O. Stolz, « Der territoriale Besitzstand des Herzogs Friedrich IV. von Österreich—Tirol im Oberrheingebiete (1404-1439) », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, NF 55, 1942, p. 30-50; E. Gilomen-Schenkel, Henmann Offenburg (1379-1459), ein Basler Diplomat im Dienste der Stadt, des Konzils und des Reichs, Bâle, 1975.

Georges Bischoff (1997)