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PUTTKAMER Maximilian von

Homme politique allemand, secrétaire d’État du ministère d’Alsace-Lorraine, (Pl) (★ Grossnossin, Poméranie, 28.6. 831 † Baden-Baden 5.3.1906).

Fils d’Albert Puttkamer et de Wilhelmine von Pape. ∞ 2.12.1865 Alberta Weise (★ Glogau, Silésie, aujourd’hui Glogow, Pologne, 5.5.1849 † Baden-Baden 22.4.1923); 2 enfants. Études au gymnase de Stettin. Études de droit à Bonn et à Berlin. Référendaire de la magistrature prussienne à Coblence et Bonn, juge d’arrondissement à Fraustadt (Posnanie). 1867, député de Fraustadt au Landtag de Prusse, et au Reichstag constituant d’Allemagne du Nord, réélu sans interruption jusqu’en 1881 (inscrit au groupe national-libéral). Il fit néanmoins partie, en 1879, de la petite minorité qui refusa de se séparer de Bismarck converti au protectionnisme. 1871, conseiller à la cour de Colmar et député au Reichstag. Membre de la commission de la Justice du Reichstag, Puttkamer déploya une grande activité dans
l’adoption du Code de procédure pénale, de procédure civile, de la loi sur l’organisation judiciaire. À la fin 1875, Puttkamer se vit confier la mission de faire entrer des Alsaciens dans un ministère d’Alsace-Lorraine situé à Berlin. Il avait adhéré à la logique de la centralisation française, et était partisan de la suppression de la Présidence supérieure et de la création d’un ministère à Berlin, ce qui devait obliger « les grands notables » à faire le voyage de Berlin, comme ils avaient fait voyage de Paris. Mais s’il trouva des appuis (Jean de Schlumberger, président de la Délégation, et Édouard Koechlin, président de la
Commission du budget de la Délégation) Puttkamer ne trouva aucun Alsacien pour accepter d’entrer dans cet éventuel ministère berlinois, et admit d’ailleurs qu’après la création de la Délégation à Strasbourg et dans l’État fédéral qu’était l’Empire allemand, une recentralisation dans un État fédéral, n’avait guère de perspectives. 1877, procureur général à la Cour d’appel de Colmar. Puttkamer participa avec Auguste Schneegans ©, autonomiste alsacien (apparenté national-libéral), aux grandes manœuvres politiques du Reichstag qui aboutirent à la loi constitutionnelle de 1879 dont Bismarck avait arrêté les grandes lignes. Alors que l’Office de la Chancellerie impériale était prête à l’élection du
Landesausschuss au suffrage universel, Puttkamer parvint à imposer le suffrage indirect des députés à la Délégation/Landesausschuss par les conseils municipaux, système ouvertement inspiré du mode de désignation du Sénat de la République française. Puttkamer fut nommé sous-secrétaire d’État à la Justice et aux Cultes du premier ministère
d’Alsace-Lorraine (1879). La politique scolaire et ecclésiastique que déploya Manteuffel © avec ses ouvertures à l’Église catholique fut donc exécutée par un fonctionnaire libéral que contrôlait le chancelier Bismarck. C’est cette qualité qui lui valut de surnager après la crise de 1887 qui emporta le secrétaire d’État Hofmann. Puttkamer assura la direction du gouvernement pendant les années de transition (1889-1901), fondant son régime sur le caractère répressif de la législation allemande, et sur la collaboration avec les notables ralliés: il ouvrit le ministère aux Alsaciens Hugo Zorn de Bulach © (1895) et Émile Petri © (1898). La nécessité d’assurer un rapprochement plus étroit avec le Zentrum
entraîna son renvoi en 1901 et son remplacement par Koeller ©. L’ouvrage Die Aera Manteuffel, qu’il rédigea en collaboration avec sa femme, est, paradoxalement, à fronts renversés, l’hommage d’un libéral à un archi-réactionnaire (Manteuffel) qui faisait partie de la génération des « demi-dieux » créateurs de l’unité allemande. Et sans doute, un pense-bête aux gouvernants du Reich : la formule de gouvernement recommandée pour l’Alsace est celle de l’union entre conservateurs et libéraux allemands.

Deutsche Biographie 11/1908; lllustrierte Zeitung, n° 126, p. 397 ; Die Woche 10-414 (portrait). Photo : Das Reichsland Elsass-Lothringen 1870-1918, Institut der Elsass-Lothringer im Reich an der Universität Frankfurt, Francfort, I, 49.

François Igersheim (1997)