Journaliste, écrivain, (C) (★ Moosch 14.12.1880 † Munich, Allemagne, 10.6.1955).
Fils de Louis Philippe Théophile Prévôt, fondé de pouvoir de la filature de Malmersbach, conseiller municipal de Moosch, et d’Albertine Hognon. ∞ 29.6.1944 à Strasbourg Henriette Hedwige Schoenleiter. Issu d’une famille francophone, où l’on cultivait le souvenir de la patrie perdue, il passa l’Abitur à Mulhouse, puis étudia l’économie politique et les sciences politiques à Strasbourg et à Munich. Il entra dans le journalisme comme critique théâtral et chroniqueur littéraire de la Münchner Post, puis des Münchener NeuesteNachrichten tout en collaborant aussi à L’Express de Mulhouse et à la Strassburger Neue Zeitung. Il écrivit aussi des pièces de théâtre en dialecte et collabora en 1902 à la revue Der Stürmer. Prévôt prit parti dans le débat sur la double culture de l’Alsace en attaquant les pangermanistes qui « sont d’un autre âge » et en rappellant qu’on ne pouvait pas biffer de l’histoire « les deux siècles de domination française qui ont fait de nous ce que nous sommes». Dans le débat constitutionnel alsacien-lorrain de 1911, il s’éleva contre ceux qui redoutaient que le suffrage universel et la démocratie ne profite aux ennemis du Reich. Il devint en 1912 correspondant permanent de son journal bavarois à Paris ; il était alors traité par certains journaux français de « renégat alsacien » et Guy de Cassagnac l’accusait « d’espionner pour le compte du roi de Prusse ». On lui reprocha en particulier une campagne menée contre la présence française au Maroc. Il fut pourtant à cette époque l’un des fondateurs de la Deutsch-französische Gesellschaft. En juin 1914, il représenta le comité de l’Association des correspondants étrangers à Paris au Congrès international de la presse à Copenhague: il se serait fait à cette occasion le porte-parole des intérêts allemands auprès des journalistes français. De novembre 1914 à septembre 1918, avec le grade de lieutenant bavarois, il fut à Charleville (Ardennes) le rédacteur en chef de la Gazette des Ardennes, organe de propagande du gouvernement militaire allemand dans les territoires français occupés du Nord et de l’Est. Les Français l’avaient pris d’abord pour un journaliste français nommé Prévost, originaire de l’Aisne, qui aurait été naturalisé allemand en 1913. En fait, sujet allemand lors des faits, il bénéficia d’un non-lieu lors des procès en Conseil de guerre (septembre-octobre 1919), puis après cassation en février 1920 alors que trois de ses collaborateurs français avaient été condamnés à mort. Le « traître » Prévôt, le « Judas alsacien » demanda pourtant sa réintégration dans la nationalité française en 1922 et revint à Moosch en 1923 à l’occasion de la mort de son père, mais il fut obligé de repartir au bout d’un mois à la suite de manifestations hostiles provoquées par l’association des Engagés volontaires de Thann. Sous la République de Weimar, il milita activement pour le rapprochement franco-allemand et aurait été, après 1933, interdit de publication par le régime nazi. Il publia cependant pendant la Seconde Guerre mondiale deux ouvrages (dont l’un à Strasbourg édité par F. Spieser ©) en germanisant son prénom (Rainer) et en supprimant les accents de son nom de famille. Après 1945, il présida la section littéraire de la nouvelle Deutsch-französische Gesellschaft. (avec H.-K. Abel), D’Waldmühl, Strasbourg, 1901 ; Über das elsässische Dialektdrama, Dresden-Leipzig, 1902; Elsässich Bilüet ; Episode aus dem Jahre 1870 gefolgt von Fœjheit, Els. Drama in 1 Akt, Strasbourg, 1902 ; Lieder für Sie, Munich, 1903; Wohlfahrtseinrichtungen der Arbeitgeber in Frankreich, Diss. Munich, Leipzig, 1905; (avec A. Günther, Die Wohlfahrtseinrichtungen der Arbeitgeber in Deutschland und Frankreich, Leipzig, 1905 (Schriften des Vereins für Sozialpolitik, 114) ; « Das deutsch-französische Kulturproblem im Elsass », Der Kontinent, deutsch-französische Monatsschrift, 1, Berlin-Paris, 1907, p. 475-501 ; « L’erreur pangermaniste », Express, Mulhouse, du 23.10.1908; « Zur elsässischen Kulturfrage. In eigenen Sache », Strassburger Post du 8.1.1909 (réponse à un article de Th. Maurer, Strassburger Post du 2.1.1909); L’effort moderne des arts appliqués en Alsace, Nancy, 1909; « Elsässische Verfassungswehen », März, eine Wochenschrift, Munich, du 17.1.1911, p. 97-105; « Elsässische Horizonte », März, eine Wochenschrift, Munich, du 20.6.1911, p. 477-479; Elsässische Streifzüge, Thann, 1912 (recueil d’articles parus dans les Münchner Neuesten Nachrichten) ; An mein Schwabing. Kreislauf romantischer Ironie, Munich, 1921 ; Ali Bumba. Buntes Skizzenbuch vom Zirkuswelt, Vienne, 1922 ; Bohême, Munich, 1922 ; préface à F. Weiss, Weiss Ferdl guat troffa !, Munich, 1933 ; (Rainer Prevot), Herz auf Reisen, Gedichte, Munich, 1940 ; (Rainer Prevot), Landsknecht des Schicksals, Strasbourg, Hünenburg Verlag, 1943 ; (avec Hans Kades), Entlarvung der Frauen. Aphorismen erzählen von Freude, Schönheit und Liebe, Munich, 1946; Seliger Zweiklang, Schwabing/Montmartre, Munich, 1946 ; (avec Henriette Prévôt), Esprit der Französin, bilingue, Wiesbaden, 1947 ; traduction : G. de Maupassant, Die Maske und andere Erzählungen, Munich, 1947 ; Die spanische Windmühle, Novellen,Munich, 1947 ; Kleiner Schwarm, Munich, 1954 ; Dreizehn sonderbare Geschichten, Dachau, 1955.
Le Messager d’Alsace-Lorraine, Paris, du 14.6.1913; C. Sancerme, Les serviteurs de l’ennemi, Paris, 1917 ; E. Thébault, « La Gazette infâme », Revue des Deux Mondes du 1.10.1918, p. 514-548; : Journal d’Alsace-Lorraine du 24.5.1922; L’Alsace du 31.1.1923; Florent-Matter, « Le renégat Prévot », Revue du Rhin et de la Moselle, 1923, p. 459-461 ; E. Fleury, Sous la botte, Saint-Quentin, 1926; Dernières Nouvelles de Strasbourg du 25.3.1926 ; P. Lévy, Histoire linguistique d’Alsace et de Lorraine, II, Paris, 1929, p. 420; J. Bardanne, Les Ardennais sous la botte, Paris, 1933 ; Le Nouvel Alsacien du 20.12.1950; M. Garçon, Histoire de la Justice sous la IIIe République, II, Paris, 1957, p. 192-197; J. Godechot, P. Guiral, F. Terrou (dir.), Histoire générale de la presse française, III, Paris, 1972, p. 444 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 118, 207 ; C. Fichter, René Schickele et l’Alsace jusqu’en 1914, Obernai, 1980, p. 34, 35, 38, 53, 121, 122, 138; J. Meyer, Vom elsässischen Kunstfrühling zur utopischen Civitas Hominum. Jugendstil und Expressionismus bei René Schickele, Munich, 1981 (index) ; Encyclopédie de l’Alsace, X, 1985, p. 6158-6159; W. Kosch, Deutsches Literatur Lexikon, 3e édition, XII, Bern-Stuttgart, 1990; R. Deruyk, Lille: 1914-1918 dans les serres allemandes, Lille, 1992, p. 152-156.
Léon Strauss (1997)