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PREISS Jacques

Avocat et homme politique, (Pl) (★ Riquewihr 9.11.1859 † Munich 7.3.1916).

Fils de Jacques Preiss, tonnelier, et de Marie Salomé Frick. ∞ Julie Oberlin (★ Andolsheim 28.10.1860 † Colmar 8.3.1930), veuve de Jean Jacques Liermann. Après des études secondaires au lycée de Colmar (1872-1878), Preiss fit des études de droit à Leipzig (1878-1879), puis à Strasbourg (1879-1881) où il fonda la corporation étudiante Sundgovia, réservée aux Alsaciens-Lorrains. Avocat au barreau de Colmar à partir de 1886. Membre des « Jeunes libéraux », il fut élu au Reichstag en 1893 par la circonscription de Colmar, grâce au soutien des catholiques. Réélu sous l’étiquette de I’Elsass-Lothringische Landespartei en 1898 et en 1903, et avec le soutien du Centre alsacien-lorrain en 1907. Le 31 janvier 1895, il fit un discours remarqué au Reichstag, où il exigeait le statut de Bundesstaat pour l’Alsace-Lorraine. Le 27 février 1895, il condamna le paragraphe de la dictature. En juin-juillet 1895, il fonda avec Blumenthal l’Elsass-Lothringische Volkspartei, le premier parti alsacien-lorrain, qui revendiquait l’abrogation du paragraphe de la dictature et le statut d’État confédéré avec le slogan: « L’Alsace-Lorraine aux Alsaciens-Lorrains ». Élu au Conseil général (Bezirkstag) de Haute Alsace dans le canton de Kaysersberg en 1897, grâce au soutien de l’abbé Wetterlé ©, Preiss fut exclu de l’Elsass-Lothringische Volkspartei pour s’être prononcé au cours de la campagne électorale contre le programme de séparation de l’Église et de l’État et d’école laïque. Il représenta le canton de Kaysersberg au Bezirkstag de septembre 1897 à 1916. Élu par le Bezirkstag au Landesausschuss d’Alsace-Lorraine en 1903, il y siégea jusqu’en 1911. Il fit partie du groupe de « jeunes » qui donna un ton plus revendicatif au Landesausschuss à partir de 1900 et exigeait le statut d’État confédéré pour l’Alsace-Lorraine. Comme Wetterlé, il entretenait de bonnes relations avec le secrétaire d’État von Köller ©. Pour obtenir l’autonomie, il était disposé à ne pas revendiquer l’élection du Landtag au suffrage universel et accepta même, sur les conseils de Koller, que l’Empereur devînt le souverain direct de l’Alsace-Lorraine (Kaiserland) dans une motion déposée au Reichstag le 12 mai 1905, motion qui suscita bien des critiques en Alsace. Preiss participa à la campagne nationaliste qui se développa à partir de 1909-1910, en particulier sous l’impulsion de Wetterlé, de Blumenthal © et de Laugel ©. Le 26 mai 1911, il vota, comme la plupart des députés alsaciens-lorrains contre le projet de loi d’autonomie de l’Alsace-Lorraine, jugé insuffisant, et participa le 4 juin 1911 au lancement de l’Union nationale d’Alsace-Lorraine (Nationalbund), un cartel électoral dont l’objectif était de regrouper les catholiques et les libéraux partisans du statut d’État confédéré. Après son échec aux élections au Landtag à Colmar contre le SPD Hindenlang ©, en octobre 1911, il renonça à se présenter aux élections au Reichstag de 1912. En 1913, Preiss fit des conférences sur l’Alsace-Lorraine à Paris et à Bruxelles. Emprisonné à Colmar, puis à Tübingen, après la déclaration de guerre en 1914, il fut proscrit d’Alsace et en résidence surveillée à Stuttgart, puis à Munich. Monument du sculpteur Marx inauguré à Colmar le 10 juillet 1921, démonté en 1940 par les Allemands.

Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, 1936-1938 (portrait); Le Nouvel Alsacien du 29.3.1957 ; J.-M. Mayeur, Autonomie et politique en Alsace. La constitution de 1911, Paris, 1970; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981; Bachmann, Dreyer, Wilsdorf, Les conseillers généraux du Haut-Rhin 1833-1981, Archives départementales du Haut-Rhin, 1981, p. 19 ; Chr. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine,Strasbourg, 1982 (portrait) ; Encyclopédie de l’Alsace, X, p. 6146 ; Chr. Baechler, « L’abbé Wetterlé, un prêtre patriote et libéral (1861-1931) », Archives de l’Église d’Alsace, 1986, p. 243-285.

Christian Baechler (1997)