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PINOT Édouard, dit « Bouboule»

Premier Compagnon de la Libération, pilote, résistant, officier supérieur d’aviation, (C) (★ Belfort 1.8.1891 † Strasbourg 9.5.1984).

Fils de Virgile Eugène Pinot, employé au Génie, et de Joséphine Balthazar. Après son certificat d’études, il entra en 1907 comme mécanicien, au garage Pircker à Belfort. De 1910 à 1912, il fit son service militaire au terrain d’aviation de Belfort, où il commença à voler avec des pilotes déjà célèbres comme Madon ou Sadi-Lecointre de l’escadrille Blériot III. Le 9 octobre1913, il s’engagea dans l’aviation comme mécanicien dans l’escadrille des Cigognes et devint le mécanicien accompagnateur de Guynemer. Le 5 décembre 1915, sur les instances de ce dernier, Pinot, désormais connu sous le surnom de « Bouboule » qu’il allait conserver toute sa vie, passa son brevet de pilote et devint moniteur. Affecté au terrain de Plessis-Belleville, Pinot voulait remplacer au combat ses deux frères, l’un tué, l’autre prisonnier et intervint auprès du capitaine Brocard, commandant l’escadrille des Cigognes, qui le fit affecter à l’escadrille de chasse 62 qui jouxtait celle des Cigognes. Sa spécialité fut, durant toute la durée de la guerre, les missions photographiques à l’arrière des lignes ennemies pour relever les mouvements des troupes. Abattu trois fois, il termina la guerre avec plusieurs citations extrêmement élogieuses. Durant tout l’entre-deux-guerres, Pinot se consacra à sa mission de chef pilote au 2e régiment de chasse basé au Polygone, au Centre d’entraînement des pilotes de réserve de l’Est à Entzheim et à Orly. Il revint par la suite au Polygone avec l’Aéro-Club d’Alsace dont il fut membre fondateur en 1929. « cette période d’intense activité lui permettra de côtoyer les grands noms de l’aviation commerciale depuis Antoine de Saint-Exupéry qu’il eut l’occasion de fréquenter à Strasbourg en 1922, jusqu’à Maryse Bastié en passant par Jean Mermoz quand il vint en Alsace faire des essais sur la Franco-roumaine » (Jacques Granier). Totalisant plus de 12 000 heures de vol en 1939, il reprit du service dès la déclaration de guerre en tant que directeur de l’École de pilotage de Nevers, puis du Mans. L’invasion allemande de mai 1940, l’amena à replier son école en Bretagne, au Nord de Quimper, où deux écoles furent alors regroupées sous sa direction. Les autorités militaires lui ayant enjoint l’ordre de ne pas bouger de sa base, Pinot rassembla ses 150 élèves pilotes et leur proposa de quitter la France sur un bateau de pêche qu’il avait découvert à Quimper et de poursuivre le combat en Angleterre. Ils furent tous volontaires pour le suivre et s’embarquèrent sous sa direction, au soir du 18 juin 1940, à Douarnenez. Après deux jours et deux nuits de navigation éprouvante sur la Manche, ils atteignirent l’Angleterre. Quelques semaines plus tard, l’école 23 fonctionnait à nouveau avec personnels et équipements au complet. Trop âgé pour voler selon les règlements de l’Armée de l’Air, ses qualités et son expérience le maintinrent en activité durant toute la guerre, formant plusieurs milliers de pilotes et ajoutant 3 000 heures de vol à son palmarès. Il fut fait, le 1er février 1941, premier Compagnon de la Libération par le général de Gaulle. Connu et aimé de tous, reçu à la cour d’Angleterre, Pinot termina la guerre comme commandant, puis fut nommé au grade de lieutenant-colonel en 1948. Devenu une véritable figure de légende de l’aviation française, il se retira à Eckbolsheim. Compagnon de la Libération (1941), titulaire de la « Air Forces Cross », croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945; commandeur de la Légion d’honneur (1953).

Dernières Nouvelles d’Alsace des 10/11. 10. 1963; 31. 7;, 1/2/3. 8. 1971; 12/13. 5. 1987; Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 4, p. 311, notice Bouboule.

† Georges Foessel (1997)