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ORTENBURG-SALAMANCA, comtes d’

D’origine espagnole, sans aucun lien avec le château dominant à Scherwiller, cette famille atteignit avec Gabriel de Salamanca un rang élevé dans la noblesse autrichienne dès le début du XVIe siècle. Gabriel de Salamanca, d’extraction nobiliaire modeste (peut-être un marane), entra dès 1514 dans le milieu de la chancellerie autrichienne de Maximilien Ier. On le retrouve dès 1521 aux côtés du jeune Ferdinand Ier lorsque ce dernier obtint en partage de son frère Charles Quint les États patrimoniaux d’Autriche. Les services qu’il rendit à son maître lui firent obtenir en février 1522 le poste rémunérateur de Generalschatzmeister, poste clé qui lui donna la haute main sur les finances des Pays antérieurs. Les honneurs ne lui furent pas comptés: il devint comte d’Ortenburg (en Carinthie) le 15 mars 1524; il obtint la seigneurie de Landser en engagement de Ferdinand Ier d’Autriche, pour 8059 florins, en février 1529. Cet engagement subsista jusqu’en 1568. En 1523, Gabriel d’Ortenburg acquit la seigneurie de Brunstatt, Riedisheim et Pfastatt à l’extinction des comtes de Thierstein. En 1531, il tenta de succéder à Jacques de Morimont © comme engagiste des seigneuries de Belfort, Delle et Issenheim, ce qui suscita une vive protestation de la part de la Régence d’Ensisheim. Enfin, en 1535, on retrouve Gabriel d’Ortenburg en possession du Landskron. Son fils, né d’un premier mariage avec une comtesse d’Eberstein, devint évêque de Gurk. En 1533, Gabriel épousa en secondes noces une fille du margrave Ernest de Bade. Peu aimé de ses pairs, qui lui reprochaient son avarice et son arrivisme, il devint néanmoins landvogt de Haute Alsace en succession de Guillaume de Ribeaupierre © en 1527, mais dut laisser sa place à Gangolphe de Geroldseck dès 1531, puis retrouva cette fonction en 1538, qu’il conserva jusqu’à sa mort le 12 décembre 1539, alors qu’il connaissait un temps de disgrâce. Il laissa quatre fils: Ferdinand, Bernard, Ernest, Ernfried. Ceux-ci réussirent à mettre la main sur la seigneurie d’Essert vers 1566, puis sur la seigneurie de Morimont en 1582 (voir la notice Morimont ©). Les représentants de la famille se trouvèrent cependant après 1590 criblés de dettes dont la garantie était assise sur leurs possessions. Les principaux créanciers étaient la ville et des bourgeois de Bâle qui, dès 1596, alertèrent la Régence d’Ensisheim. L’affaire dégénéra au point que la ville de Bâle et celle de Mulhouse manquèrent de peu d’entrer en possession de ces seigneuries durant l’occupation suédoise. La guerre de Trente Ans balaya ce qui restait des biens de la famille; le château de Morimont fut détruit par une troupe française en juillet 1637, alors que l’évêque de Bâle avait accordé un asile au château de Pleijouse au comte Ernfried et à son épouse. En 1647, les deux derniers comtes, Erenfried et Sébastien, cédèrent tous leurs droits au roi de France.
Archives départementales du Haut-Rhin, 1 C 4585-4592; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.406; A. Stern, «Gabriel Salamanca, Graf von Ortenburg», Historische Zeitschrift, 131, 1925, p.19-40.
(1996)