Skip to main content

ODILE II

Abbesse des chanoinesses de Hohenbourg (Mont Sainte-Odile), († Verdun vers 1020). Fille de Hermann († 1029), comte en Eiffel et marquis d’Eename (= Audenarde/Oudenaarde, Belgique, prov. Flandres occidentales, ar. Gand). Une tradition constante, répétée d’auteur en auteur (Gallia christiana, Grandidier, Sitzmann), fait d’Odile, par sa mère Mathilde, la nièce de Bruno d’Eguisheim, futur pape Léon IX©. Cette parenté directe, qui présente quelques difficultés chronologiques, a été corrigée par M. Parisse: Mathilde, la mère d’Odile n’est pas connue dans la lignée des Eguisheim ©; mais la sœur d’Odile, qui s’appelait également Mathilde, fut selon toute probabilité l’épouse de Hugues d’Eguisheim, frère de Bruno. Odile serait donc entrée par alliance dans la famille des Eguisheim: elle aurait été la sœur de Mathilde, elle-même belle-sœur de Bruno (1049-1054). Par son père, elle était la nièce de Godefroi et de Gozelon, successivement ducs de Haute et de Basse Lotharingie, de Frédéric comte de Verdun, d’Adalbéron, évêque de cette même ville, ainsi que la cousine d’un autre Frédéric, qui allait monter sur le trône de Saint-Pierre sous le nom d’Étienne IX (1057-1058). Odile était donc apparentée à deux papes, l’un Étienne IX en ligne collatérale, l’autre Léon IX par alliance.Ces parentés montrent l’affinité de la dynastie des Eguisheim avec la noblesse lorraine et l’influence de ces milieux aristocratiques, alsaciens et lorrains, sur les plus hautes sphères de l’Église. C’est aussi sans doute sous l’abbatiat d’Odile au «monastère d’en haut» que l’abbesse Helewige du «monastère d’en bas» (Niedermunster), revendiquant une certaine autonomie pour son abbaye, obtint pour son chapitre la libre élection de l’abbesse et le choix direct de l’avoué de la part de l’empereur Henri II, en 1016, à Erstein (Monumenta Germaniae Historica, DD Henrici II, n°355, p.457-458). Peu avant une fête de Pâques, sans doute en 1020, Odile se rendit à Verdun pour y faire une visite à ses parents. Avertie de sa mort prochaine, elle s’y prépara, en recevant le viatique des mains du bienheureux Richard, abbé de Saint-Vannes de Verdun.
Hugues, abbé de Flavigny, Vie du vénérable Richard, de l’Ordre de saint Benoît, abbé de Saint-Vannes de Verdun en Lotharingie, chap. 1 § 5, chap. 3 § 25, éd. Ph. Labbe, Nova bibliotheca manuscriptorum, Paris, 1653, t.1, réimprimée dans Acta Sanctorum, édition des Bollandistes, juin t.2, 1698, p.978 et 983.
Gallia christiana, t.5, Paris, 1731, c.839; Ph.-A. Grandidier, Œuvres historiques inédites, t.1, Colmar, 1865, p.120; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.396-397; P.-P. Brucker, L’Alsace et l’Église au temps du pape saint Léon IX, Strasbourg-Paris, 1889, t.1, p.366 (avec des erreurs); G.-J. Uhry, Le Mont Sainte-Odile au Moyen Âge, Strasbourg, 1967, p.28; Encyclopédie de l’Alsace, IX, 1984, p.5649; M. Parisse, La noblesse lorraine, XIe-XIIIe s., Paris-Lille, 1976, t.1, p.22; t.2, p.834-837: tableau B «Les Étichonides»; p.846-847: tableau E 2 «Les comtes d’Ardennes».

René Bornert (1996)