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OCHSENBEIN Gonthier

Pasteur, botaniste, (Pl) (★ Strasbourg 22.3.1918). Fils de Jacques Ochsenbein, inspecteur des PTT, et de Caroline Schmitt. ∞ 6.7.1951 à Strasbourg Charlotte Dillmann, (Pr) (★ Guebwiller 10.12.1922), fille d’Eugène Dillmann, horloger-bijoutier, et de Marguerite Emdé. Après sa scolarité au Gymnase protestant (Gymnase Jean-Sturm) et des études à la faculté de Théologie protestante de Strasbourg (évacuée à Clermont-Ferrand en 1939-1940), il est devenu pasteur-administrateur de septembre 1940 à avril 1942 à Strasbourg-Neudorf, tout en ayant également en charge l’administration de la paroisse de Saverne pendant six mois en 1941-1942. En 1942, il s’est mis au service de l’Église Réformée d’Alsace et de Lorraine à la paroisse de Guebwiller-Soultz, où il est resté jusqu’en 1951. Il est revenu comme pasteur titulaire à Strasbourg-Neudorf le 1er avril 1951 où il est resté jusqu’à la retraite en septembre 1980. Outre sa formation professionnelle, il a manifesté un grand intérêt pour les sciences naturelles (auxquelles il a été initié par son professeur du Gymnase, M. Jean Weirich, qui l’a marqué), et a suivis des cours à la faculté des Sciences, mais a entrepris surtout une formation autodidacte par des lettres et des conférences, d’abord en géologie (pour laquelle il a réalisé des cartes lui-même) et en minéralogie, puis surtout en botanique. Lorsqu’à son arrivée à Neudorf, il a été chargé de l’animation de la jeunesse, il a organisé dans le cadre de l’Union chrétienne de jeunes gens, à l’occasion de camps et de sorties, des explorations d’anciennes mines et a initié beaucoup de jeunes à la minéralogie. Il est à ce titre un précurseur de la spéléologie minière. Pourtant ces activités ont été rapidement marginales par rapport à l’investigation botanique qu’Ochsenbein a entreprise à travers toute l’Alsace. Infatigable arpenteur de terrain jusque dans les sites les plus inaccessibles, il a accumulé patiemment les données floristiques, vérifiant par les mêmes occasions celles des botanistes Himpel ©, Hummel ©, Kirschleger ©, puis Issler ©, Loyson © et Walter ©, et a découvert souvent des espèces inédites pour l’Alsace ou a redécouvert d’autres qu’on croyait disparues. Meilleur connaisseur de la flore d’Alsace, Ochsenbein est un botaniste qui s’intéresse moins à la phytosociologie qu’à la phytogéographie où il souligne les liens de la végétation des Hautes-Vosges avec celle du Massif Central et des Pyrénées centrales, précisant que seules les Vosges méridionales, non granitiques, ont quelques rapports avec l’ensemble Alpes-Jura. Ses recherches ont fait l’objet de nombreuses publications (plus de 80 titres), souvent liées à des sites spécifiques, soit sous forme de livres et brochures, soit sous forme de contributions à toute une série de revues (Bulletin de l’Association philomathique d’Alsace et de Lorraine, Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Colmar, Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, la Société botanique de France, la revue Les Vosges, Saisons d’Alsace, quelques annuaires de sociétés d’histoire et d’archéologie, etc). Ces mêmes recherches ont aussi fait l’objet de vulgarisation à travers des notices botaniques de la page Nature du quotidien L’Alsace (de 1963 à 1974), ainsi que des conférences et des sorties, sans rien perdre de leur scientificité. À travers ses études et publications, il voue son intérêt notamment à deux types de milieu: d’une part les tourbières dont il redéfinit le fonctionnement et dont il découvre un certain nombre, en particulier dans les Vosges lorraines et sâonoises, ce qui lui valut la participation à l’Institut européen d’écologie de Metz à l’établissement de l’Inventaire des tourbières de France pour le ministère de l’Environnement, et d’autre part la forêt rhénane qu’il décrit au moment-même où des pansentiers sont sacrifiés à l’industrialisation au cours des années soixante, et sur laquelle il attira le premier l’intérêt de la communauté scientifique internationale. Sur le plan taxonomique, c’est le genre «Hieracium» (Épervières) qui retint son attention, tant par sa difficulté, que par le fait qu’il atteste le caractère subpyrénéen des «subalpines» vosgiennes. Rien d’étonnant qu’il en propose aussi une clé de détermination. Au sein de la Société d’étude de la flore d’Alsace, où Ochsenbein a été d’abord assesseur, puis vice-président, il a été co-rédacteur de la Flore d’Alsace, établie d’après les travaux d’Issler © et de Loyson ©, dont, avec l’aide d’Alice Gagneux, Kapp © et Jaeger ©, le décryptage et l’exploitation lui reviennent, sous l’assistance personnelle de Walter © d’abord, puis, à la mort de ce dernier, Ochsenbein a mis en forme aussi les manuscrits de Walter. Une première édition est parue en 1965, une deuxième en 1982. Membre d’abord du «Comité de protection de la nature» au sein de l’Association philomathique d’Alsace et de Lorraine en 1956, il a été vers 1965 aussi co-fondateur avec Henri-Jean Maresquelle ©, Henri Ulrich ©, Ernest Heil©, Édouard Kapp ©, Paul Jaeger ©, Roland Carbiener © et d’autres de l’Association fédérative régionale pour la protection de la nature (AFRPN), devenue depuis «Alsace-Nature», dont il a été le trésorier, et au sein de laquelle il militait pour la sauvegarde du patrimoine naturel, corrélée à une vision anthropotrope de la protection de la nature. Ochsenbein a aussi développé des spécialisations dans le domaine de la musique où il s’est intéressé en particulier à Liszt, Mahler, Wagner, compositeurs pour lesquels le Bulletin des chefs de musique d’Alsace a publié ses textes de conférences. Une autre de ses spécialisations est la castellologie médiévale vosgienne où il a établi le croquis ichnographique de la plupart des châteaux-forts et s’est intéressé à la pénétration des idées de la Réforme parmi les familles nobles de ces mêmes châteaux. Membre de la Commission départementale des sites du Bas-Rhin de 1973 à 1988. Membre de l’Institut des arts et traditions populaires depuis 1976 où il est chargé de la proposition au «Bretzel d’Or» des personnes connues pour leur engagement dans la protection de l’environnement. Collaborateur de l’Encyclopédie de l’Alsace où il a rédigé une quadri-vingtaine de notices botaniques, dont une histoire de la botanique, et du Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, où il est chargé de la rédaction des notices biographiques de la plupart des botanistes. Chevalier de l’ordre national du Mérite (10 octobre 1963). Médaillé de «Jeunesse et sports» (4 mars 1983).
Parmi ses nombreuses publications, on peut relever:
«La végétation du Hohneck», Bulletin de la Société botanique de France, 1959, p.37-60 remaniée dans Le Hohneck, publié par l’Association philomatique d’Alsace-Lorraine, p.157-184 et dans Bulletin de la Société botanique Centre ouest 15, 1984, p.235-242; Le Petit Ballon. Sa végétation, son histoire, ses légendes, Saverne, 1961; «Caractéristiques des espèces de Hieracium rencontrées en Alsace. Conclusions phytogéographiques», Bulletin de l’Association philomatique d’Alsace et de Lorraine, t.XI, 3-4, 1962, p.245-260 et t.XIII, 2, 1969, p.188-193; Le Champ du Feu. Ses roches et sa végétation. Ses légendes et son histoire, Strasbourg, 1965; «La flore du massif du Rossberg», Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Colmar 52, 1968, p.7-10, complétée dans Bulletin de l’Association philomatique d’Alsace et de Lorraine 20, 1983-1984, p.187-190; Lacs, forêts et rivières d’Alsace, Strasbourg, 1974 (Prix René d’Alsace de l’Académie d’Alsace); «Allium suaveolens Jacq. Une nouvelle, deuxième station pour l’Alsace et la France (avec E. Kapp)», Bulletin de l’Association philomatique d’Alsace et de Lorraine XIV, 1977, p.63-65; Saisons d’Alsace n°61/62, 1977: «Reconstitution du tapis végétal après des glaciations», p.27-43, «Les forêts du Rhin au Sud de Strasbourg», p.70-80, «La végétation des Hautes Vosges», p.114-124 et «La végétation du Sundgau», p.139-150; «Les tourbières du pays de Salm», L’Essor n°100, 1978, p.13-18; «Ein Abschiedswort», Messager de la paroisse protestante de Strasbourg-Neudorf, n°1, février 1981; «Les tourbières des Vosges lorraines», Actes du premier séminaire d’évaluation des richesses naturelles de Lorraine, 14 et 15 avril 1982, Metz, 1982, p.117-125; «Rieds et forêt rhénane de la plaine d’Alsace», Bulletin de l’Association des amis du jardin botanique de Saverne, 1983, p.6-11; «Étangs des Vosges saônoises», Bulletin de l’Association philomatique d’Alsace et de Lorraine XX, 1983-1984, p.177-186; «L’Ungersberg et sa végétation», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach, Barr, Obernai 1984, p.57-63; La Flore d’Alsace et Émile Walter, ibidem, 1985, p.66; «Correction du Rhin, changement écologique et souveraineté territoriale Alsace-Bade, cas Rhinau-Taubergiessen», Bulletin de l’Association philomatique d’Alsace et de Lorraine XXI, 1985, p.239-258; «Histoire d’une station botanique exceptionnelle (7 lycopodes)», ibidem XXV, 1989, p.11-113; «La végétation du Val de Villé», Annuaire de la Société d’histoire du Val de Villé, 1988, p.114-133, 1989, p.65 et s.; «Les arbres des rues et places du Vieux-Strasbourg et leur histoire», Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1990, p.81-96.
M.-J. Bopp, Die evangelischen Geistlichen und Theologen in Elsass und Lothringen, Neustadt a. d. Aisch, 1959, p.400; F. Boos, «Zum Abschied der Familie G. Ochsenbein / À l’occasion de la retraite du pasteur Ochsenbein», Messager de la paroisse protestante de Strasbourg-Neudorf, n°6, novembre 1980; Encyclopédie de l’Alsace, XI, 1985, p.6971 (spéléologie minière); C. Husler, «L’ex-libris du pasteur Gonthier Ochsenbein», Les Vosges n°1/1986, p.16.

Théo Trautmann (1996)

† Strasbourg, 24.1.2010
https://www.societe-botanique-alsace.org/botanistes-dalsace/ochsenbein/ consulté avril 2021

Philippe Legin (avril 2021)