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OBRECHT Georg

Marchand banquier, (PI) (★ Strasbourg? vers 1510 † Genève 10.5.1569). On ignore ses attaches strasbourgeoises, notamment avec la famille Obrecht. Le nom d’Obrecht apparaît en 1544 dans le rôle d’agent de la firme des Tucher, financiers de Nuremberg. Il était membre de la «nation» Lyonnaise des «Hauts-Allemands» qui regroupe les marchands originaires de l’Allemagne du Sud fréquentant les foires de Lyon. Obrecht était alors domicilié à Lyon où il avait épousé une lyonnaise. Il prit avec Israël Minckel © la succession de Jean Cleberger comme banquier «lyonnais-allemand» des rois de France Henri II et Charles IX, gendre de l’empereur Maximilien II. En 1555, Obrecht et ses «adhérans et participans» prêtèrent à Henri II 164000 livres moyennant concession du droit de percevoir pendant sept ans la gabelle sur l’entrée des aluns dans le royaume. Obrecht et Minckel en acquérirent finalement le monopole. En 1559 nouveau prêt de même importance aux mêmes conditions pour permettre au roi le paiement des reîtres allemands. Obrecht et Minckel se trouvaient alors à la tête du syndicat financier par l’intermédiaire duquel se faisaient les emprunts royaux sur la place de Lyon. Dans le contrat des aluns de 1562, Obrecht est qualifié de «conseiller et maistre d’hôtel ordinaire du roi». Obrecht procura aussi à la municipalité de Lyon les fonds dont elle avait besoin pendant la brève période où les protestants ont été les maîtres de la ville: il avança 30000 livres pour la levée de compagnies suisses et donna des garanties pour des achats de blé. Obrecht fit partie du corps municipal en 1567 en qualité de conseiller de ville. Sa carrière lyonnaise s’interrompit en 1568 par suite de l’aggravation des luttes religieuses. Jugé trop favorable aux huguenots, Obrecht vit ses biens séquestrés en janvier 1568 et n’en recouvra qu’une partie. Cette même année il rendit néanmoins un dernier service à la royauté en participant au paiement des arriérés de solde des reîtres du duc Jean Casimir, fils de l’électeur palatin, pour que ceux-ci quittent le royaume. Concernant le remboursement des énormes sommes avancées aux rois de France, Obrecht semble avoir été l’objet d’un traitement privilégié: tandis que la plupart des adhérents au Grand Parti de Lyon étaient payés en promesses, Obrecht fut au moins remboursé partiellement. En 1567 son nom figure au budget royal pour une somme de 128873 livres et une autre de 105000 livres (R. Doucet, «Estat général des finances pour 1567», Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques, 1926-1927, p.30-31). Engagé dans les guerres de religion pour le paiement des troupes protestantes, bailleur de fonds de Lyon pendant la période protestante, Obrecht représente un type de capitalisme orienté par des raisons confessionnelles, au service des Valois, concrétisant les liens entre Strasbourg (et les villes allemandes) avecle «Grand Parti» de Lyon et la royauté française: en 1569, Charles IX pria le Magistrat de Strasbourg d’intervenir en faveur des héritiers d’Israël Minckel et d’Obrecht qui s’étaient portés garants pour lui d’une somme de 300000 couronnes non encore remboursées au duc Casimir (le Palatin) et à ses officiers; demande réitérée en 1572, l’année de la Saint-Barthélemy.
Archives municipales de Strasbourg, II 39 et 84a; P.-A. Grandidier, «La famille des Obrecht», Revue d’Alsace, 1867, p.59-68; Haag-Bordier, La France protestante, I, 1877, col. 555-557; R. Ehrenberg, Das Zeitalter der Fugger, I, 1896, p.262-263; R. Doucet, «Le Grand Parti de Lyon au XVIe s.», Revue historique, t.171, 1933, p.473-513 et t.172, 1934, p.1-41; idem, «Finances municipales et crédit public à Lyon (1536-1594)», Revue d’Histoire économique et sociale, 1934-1935, p.295; G. Zeller, «Deux capitalistes strasbourgeois du XVIe s.» ; Études d’histoire moderne et contemporaine, t.1, 1947, p.5-14; H. Meylan, «Un financier protestant à Lyon, ami de Calvin et de Bêze, G. Obrecht (1500-1569)», Bull. philologique et historique, 1964, p.213-220; «Les lettres à Jean Calvin de la collection Sarrau publiées… par R. Peter et J. Rott», Cahiers de la revue d’histoire et de philosophie religieuses, n°43, 1972, p.77, n.9; P. Hertner, Stadtwirtschaft zwischen Reich und Frankreich, 1973, p.147; F.-J. Fuchs, «Israël Minckel (vers 1522-1569), bailleur de fonds du roi de France et des huguenots», Revue d’histoire et de philosophie religieuses, n°1, 1974, p.115-127; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, t.2, p.152-153, 259-338; J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise du XVIe siècle à la fin de la Guerre de Trente Ans 1560-1650, Strasbourg, 1984, p.373-379, 396, 413, 425; G. Livet, Les Guerres de religion, Que sais-je?, 8e édit., 1996, p.118.

† François-Joseph Fuchs et †† Georges Livet (1996)