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OBERLIN Chrétien Philippe

Ingénieur des Ponts et Chaussées, viticulteur, ampélographe, (Pl) (★ Beblenheim 7.7.1831 † Beblenheim 23.7.1915). Fils de Georges Oberlin, vigneron, et de Marie Salomé Mittnacht. ∞ 8.8.1865 à Beblenheim Louise Meyer (★ Beblenheim 25.12.1847); 1 fils. Après avoir fréquenté l’école primaire à Beblenheim de 1838 à1844, Oberlin suivit les cours à l’école privée Schreiner de Ribeauvillé de 1844 à 1846, puis entra au collège de Haguenau de 1846 à 1850. En 1852, il fut engagé aux Ponts et Chaussées de Colmar, puis fit un rapide passage au ministère du Commerce, de l’Agriculture et des Travaux publics durant six mois (1854-1855) et en profita pour améliorer ses connaissances viticoles. De 1855 à 1862, Oberlin fut chargé de la direction des bureaux de Mulhouse et du service des travaux d’art de Belfort. Il participa à l’endiguement du premier lac vosgien, le Neuweiher. Parmi ses travaux, retenons l’élargissement et la restauration du pont sur la Savoureuse à Belfort, divers ponts autour de Dannemarie, le pont sur la Doller à Sentheim, l’étude du tracé du chemin de fer Sentheim-Belfort. En 1862, il s’installa dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, où il fut chargé de la construction d’un chemin vicinal et de la voie de chemin de fer de Sainte-Marie-aux-Mines à Sélestat. Les travaux s’achevèrent en 1865. Il se retira dans son village natal (1865) et commença à s’occuper de viticulture expérimentale. En 1861, Oberlin avait déjà rassemblé une collection de plus de 100 variétés de vignes et développa, dès 1863, le système de palissage des vignes par fil de fer. Séjournant à Beblenheim, il assuma les fonctions de maire à partir de 1870 et durant 33 ans. Une crise particulièrement grave toucha le vignoble alsacien à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Oberlin développa la lutte contre les maladies cryptogamiques (mildiou, cigarier, cochylis) mais sur-tout contre le phylloxéra. En 1872, il proposa de prendre des mesures contre ce fléau qui était apparu dès 1863 dans le Bas-Rhône. En 1875, Oberlin se rendit à Berlin et assista aux séances de la commission impériale du phylloxéra. Le 6 mars de la même année, il fut nommé commissaire-expert pour tout le vignoble d’Alsace-Lorraine. Le 10 octobre 1876, Oberlin découvrit le premier foyer de phylloxéra dans une pépinière de Bollwiller. De 1876 à 1913, il étudia la maladie en 117 endroits différents. Les ravages s’étendirent sur 8400 ha soit un tiers du vignoble. Le greffage des cépages locaux sur des porte-greffes américains fut préconisé pour lutter contre le phylloxéra. Les résultats avaient été probants en France, mais le gouvernement allemand interdisait l’importation de vignes étrangères. Une seconde solution fut développée et défendue par Oberlin, l’hybride, c’est à dire le croisement de cépages locaux avec des espèces américaines. Certaines variétés portèrent même son nom: Oberlin 595, Oberlin 604 et 605. Un opposant à ses théories fut le professeur Kulisch, directeur de 1900 à 1918 de la Station impériale de recherche vinicole de Colmar, qui préconisait le greffage des anciens cépages qui avaient fait leurs preuves dans le passé, sur des porte-greffes américains. L’avenir a prouvé que le professeur Kulisch avait raison. Oberlin fut lauréat en 1879 du prix Sourisseau du Conseil général du Haut-Rhin. En 1895, la ville de Colmar créa un institut viticole afin de favoriser les techniques dans le domaine du traitement des maladies et de l’hybridation. La direction fut assumée par Oberlin de 1898 à 1915. Ce dernier légua d’ailleurs sa collection de 500 cépages. En 1898, le conseil municipal honora Oberlin en nommant l’institut «Institut viticole Oberlin». Le gouvernement allemand témoigna sa reconnaissance à Oberlin en lui remettant le Kronen Orden et le Roten Adler Orden. Le grand-duché du Luxembourg lui décerna la couronne de Chêne.
Das Weinland Elsass, 1879; Der Weinbau in Elsass-Lothringen, 1880; La dégénérescence de la vigne cultivée. Ses causes et ses effets, 1881; Les Vignes en coursons doubles, 1907; La reconstruction du vignoble, ses greffages, 1914.
Archives de l’Association des viticulteurs d’Alsace; Archives municipales de Colmar, Fonds Institut Oberlin.

André Hugel et Francis Lichtlé (1996)