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NORDMANN Joë

Avocat, homme politique, résistant, (I) (★ Mulhouse 26.1.1910). Fils de Léon Paul Nordmann, avocat, et de Georgette Weil. Arrière-petit-neveu du rabbin Moïse Nordmann ©. De 1927 à 1929, études de licence en droit à Strasbourg (où il fut hébergé par le germaniste Edmond Vermeil ©) et à Paris. Il a fait ensuite un séjour de six mois à Berlin, au cours duquel il a participé à un voyage à Moscou pour les fêtes du 1er mai 1930. Durant l’été suivant, il a participé à un camp de jeunesse franco-allemand en Forêt Noire, au cours duquel il s’est lié d’amitié avec Otto Abetz, futur ambassadeur nazi, qu’il a logé au cours de son premier séjour à Paris. Avocat stagiaire chez son père à Mulhouse, puis à Paris chez le futur président de la République Vincent Auriol, dont il est resté le collaborateur jusqu’en 1939. Il a adhéré en 1933 au Secours rouge international (pour le compte duquel il a assisté aux premiers procès politiques dans l’Allemagne nazie), puis au Parti communiste, mais sans rendre cette adhésion publique. Il a été mobilisé sur le front en 1939-1940. En avril 1941, rentré à Paris après six mois d’internement en Espagne, il a été chargé par son parti de créer le Front national des juristes. Il a continué son action résistante dans la clandestinité à partir de septembre 1941 et a rédigé à partir de mai 1943 Le Palais libre. En août 1944, il a été directeur du cabinet de Marcel Willard, secrétaire général provisoire à la Justice. Il a été ensuite membre de la Commission centrale d’épuration de la magistrature. Invité comme représentant de la Résistance judiciaire française, il a assisté au procès de Nuremberg. Pendant la guerre froide, il a été l’un des principaux avocats du PCF et du mouvement communiste international. Il a plaidé ainsi en 1949 au nom de l’hebdomadaire Les Lettres françaises contre Kravtchenko, ancien officier soviétique, qui avait dévoilé les réalités du système répressif stalinien. Fondateur en octobre 1946 de l’Association internationale des juristes démocrates, il en a été le secrétaire général, puis le président. Il a été l’avocat de certaines parties civiles au procès pour crimes contre l’humanité de Barbie à Lyon (1989) et de Touvier à Versailles (1994). Resté membre du PCF, Nordmann est devenu très critique pour le système soviétique qu’il avait tant admiré et pour son propre aveuglement par l’orthodoxie communiste. Légion d’honneur; croix de Guerre 1939-1945; médaille de la Résistance (avec rosette).
J. Nordmann, A. Brunel, Aux vents de l’histoire. Mémoires, Arles, 1996.
J. Charpentier, Au service de la Liberté, Paris, 1949; D. Caute, Les compagnons de route de 1917-1968, Paris, 1979, p.342; Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, XXXVII, 1990, p.320-322; N. Berberova, Le procès Kravtchenko, Arles, 1990; A. Kriegel, Ce que j’ai cru comprendre, Paris, 1991, p.77.

Léon Strauss (1996)

d. Neuvéglise 12.11.2005
https://maitron.fr/spip.php?article146518, notice NORDMANN Joë [NORDMANN Joseph, dit Joë]

Philippe Legin (avril 2021)