Professeur de médecine légale et directeur de l’École spéciale de médecine de Strasbourg (★ Bayon, Meurthe, 6.1.1753 † Strasbourg 29.6.1808). Fils de Jean Noël, médecin, et de Gertrude Robert. ∞ Marie Marguerite Françoise Spitz. Ayant reçu une formation chirurgicale, Noël se perfectionna à Paris auprès d’Antoine Louis, ami de son père, de Chopart, de Desault, avant de démontrer l’anatomie à l’hôpital de Nancy. Docteur de Paris en mars 1789. À partir de 1778, il engagea sa carrière dans la chirurgie militaire, assumant successivement les fonctions de: chirurgien-major de la marine (1er mars 1778), chirurgien en chef des troupes de terre à l’île de France et aux Indes Orientales (20 novembre 1781), chirurgien-major au régiment d’Austrasie (1er août 1782), chirurgien-major de l’armée des Alpes (17 avril 1792), chirurgien consultant du même corps (21 avril 1793), chirurgien en chef de l’armée du Nord (1er octobre 1793), chirurgien chef de l’hôpital militaire de Dunkerque (10 mai 1795). Nommé chirurgien en chef et premier professeur à l’hôpital militaire d’instruction du Val-de-Grâce (4 avril 1796), il fut maintenu définitivement dans l’enseignement par la promotion au poste de directeur de l’École spéciale de médecine de Strasbourg le 1er août 1796, au départ de Lorentz © pour le Conseil de santé des armées. En même temps, il fut désigné comme professeur de médecine légale. Se profilant dans un climat de mésentente, la fonction directoriale ne fut pas exempte de conflits et de tracas, tant par la lutte pour la mise à disposition des moyens matériels pour l’enseignement anatomique et clinique que par le payement des appointements des professeurs et des rétributions des étudiants. Un moment critique s’était présenté avec la tentative de translation de l’École à Nancy, soutenue par Noël —dont il ne faut pas oublier les origines lorraines— dans une pétition adressée au Comité de l’instruction publique du Conseil des Cinq-Cents (II Thermidor an V = 28 juillet 1797). Vers le même temps, le citoyen directeur avait ouvert une polémique visant directement ses deux collègues strasbourgeois Lauth © et Jean Hermann © venant de l’ancienne université, sous la forme d’une Réponse du citoyen Noël au citoyen François Ehrmann sur l’opinion qu’il a émise au Conseil des Cinq-Cents le 14 Germinal an V (Strasbourg, 1797). Alors âgé de 20 ans, Jean-Frédéric Lobstein © défendit l’honneur de ses maîtres par des Observations sur la réponse du citoyen Noël, directeur de l’École de médecine de Strasbourg, au citoyen François Ehrmann, député du département du Pas-de-Calais (Strasbourg, an V/1798). Sous couvert d’un pseudonyme, Noël répondit par la brochure: Le citoyen François Soulier, garçon d’amphithéâtre à l’École de médecine de Strasbourg, au citoyen Lobstein, soi-disant élève de médecine (Strasbourg, an VI/1798). Et l’histoire se termina par une vigoureuse mise au point du citoyen Lobstein, élève en médecine au citoyen Noël, directeur de l’École de médecine à François Soulier son collègue (Strasbourg, an VI/1798). L’entente finit par s’installer et Noël resta en fonction jusqu’à son décès survenu l’année de la restauration de l’université impériale.
Discours prononcé à la séance de l’École spéciale de médecine de Strasbourg, du Ier brumaire de l’an X, pour l’ouverture des cours, Strasbourg, 1801; Notice sur la vie du citoyen Tourtelle, Strasbourg, 1800; Notice sur la vie de Jean Hermann, Strasbourg, 1802.
R. Flamant, Éloge de M. Joseph Noël, professeur et directeur de l’école spéciale de médecine de Strasbourg (séance du 5 décembre 1808), Strasbourg, 1808; F. Wieger, Geschichte der Medicinin Strassburg, Strasbourg, 1885, p.130, 132, 133, 141; Dictionnaire des sciences médicales, 2e série, XII, p.859; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p.174; J.-L. Rouis, Histoire de l’École du service de santé de Strasbourg, Paris, 1894; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.376; E.Wickersheimer, Un projet de transfert à Nancy de l’École de santé de Strasbourg (1797-1798), Strasbourg, janvier 1951; Biogr. Lexikon der hervorragenden Aertzte voir 1880, 3e éd. 1962, t.IV, p.378.
Théodore Vetter (1996)