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NETTER

Famille de négociants et d’industriels (I), dont Wolf (★ Bühl, Bade, 1783 d. 1859), domicilié à Bühl, pratiquait le colportage de vieilles ferrailles, qu’il se procurait notamment au marché de Strasbourg. Avec ses fils aînés, Josef (d. 1.8.1870) et Jacob, il fonda en 1833 un commerce de gros de fers et métaux, dans lequel entra par la suite un troisième fils, Herrmann (d. ? 5.1880). Le quatrième, Samuel (★ Bühl 1830 d. 1913), fut chargé en 1853 de diriger une filiale à Ludwigshafen, Rhénanie-Palatinat. Après le siège de 1870, la maison fournit aux Strasbourgeois des produits métalliques pour la reconstruction des immeubles bombardés. Un de ses employés, Salomon Jacobi © fonda en 1873 la filiale de Strasbourg, de la maison «Wolf Netter» que Hermann dirigea avec lui de 1875 à 1880. Dès 1875, ils y installèrent un atelier d’étamage; ensuite ils galvanisèrent des tôles. Le fils aîné de Jacob, Emil (d. 26.7.1885) lui succéda comme fondé de pouvoir et participa à la transformation de la maison de négoce en une puissante firme d’industrie métallurgique, qui développa, à partir de 1887, à Koenigshoffen une usine de construction métallique. Vers 1900, fut créé un laminoir à tôles au port du Rhin. Après sa mort, Emil fut remplacé à Strasbourg par son troisième frère Carl Leopold (d. 14.7.1922). En 1888, Jacob se retira des affaires. Ses fils, Adolf (d. 1905) et Carl Leopold lui succédèrent à la tête de l’entreprise, qui prit alors le nom de «Wolf Netter & Jacobi». Adolf s’établit à Strasbourg, alors que Carl Leopold prenait la tête de la nouvelle fabrique de Berlin-Adlershof. À partir de 1906, les principaux associés étaient, outre Eugen et Paul Jacobi, Karl Leopold Netter, Kommerzienrat, et Ludwig Netter, Regierungsbaumeister. En 1913-1914, les installations strasbourgeoises de la firme furent électrifiées. Ludwig Netter et son beau-frère, Julius Seligsohn-Netter (★ Berlin 10.12.1885 d. Londres 29.4.1951) participèrent en qualité d’officiers de réserve à la Grande Guerre, mais les usines travaillèrent intensivement pour les besoins de l’armée allemande. En 1918, les membres des familles Netter et Jacobi furent expulsés de Strasbourg et leurs biens en Alsace, qui auraient constitué environ 80% de leur fortune, furent confisqués par ordonnance du président du Tribunal régional de Strasbourg du 1er juillet 1919. Le 16 janvier 1920, l’entreprise fut attribuée à la Société d’études métallurgiques et minières, qui prit ultérieurement le nom de «Forges de Strasbourg», puis de «Strafor». La société «Wolf Netter & Jacobi», qui continua à occuper ses employés et ouvriers expulsés d’Alsace, poursuivit son activité en Allemagne, jusqu’à son «aryanisation» le 26 janvier 1938 par vente à la maison Mannesmann. Ludwig Netter et Julius Seligsohn-Netter se réfugièrent en Suisse, puis en Grande-Bretagne. Emil Netter, qui militait à Francfort pour l’émigration des juifs en Palestine, s’était suicidé en 1936. En 1940, la Mannesmann-Stahlblechbau AG prit possession des usines de Strasbourg.
Archives départementales du Bas-Rhin, 121 AL 1250, 121 AL 1468, 144 AL 125; Festschrift zum 25 jährigen Jubiläum der Firma Wolf Netter und Jacobi in Strassburg i/E. 1873-1898, Strasbourg, s.d.; D. Goldschmidt, «Éloge funèbre d’Adolphe Netter», Bulletin de la Société des sciences, de l’agriculture et des arts de la Basse-Alsace, 1905, t.39, p.108-109; A. Sayous, «L’évolution de Strasbourg entre les deux guerres (1871-1914)», Annales d’histoire économique et sociale, 1934, p.1-19, 122-132 (notamment p.16, 127-129, 131); Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration nach 1933, 1, Munich-New York-Londres-Paris,1980, p.525; H. Raulff, «Die Wolf Netter & Jacobi-Werke», Die Ortenau, 1982, p.175-189; M. Hau, L’industrialisation de l’Alsace (1803-1939), Strasbourg, 1987, p.109, 120 (l’auteur a confondu le prénom Wolf avec un nom de famille).

Léon Strauss (1996)