Administrateur du département du Bas-Rhin, révolutionnaire terroriste, (Pl) (★ Strasbourg 28.2.1759 † Strasbourg 31.10.1823). Fils de Georges Frédéric Nestlin, baigneur-étuvier, natif d’Obereisesheim, Wurtemberg), et de sa seconde épouse, Anne Marie Flach ∞ 24.5.1790 à Strasbourg Marguerite Madeleine Murr (★ Strasbourg 11.7.1768 † Strasbourg 5.1.1823), fille de Jean Michel Murr, maître boulanger, et de Jacobée Mat(t)his. Entra au Gymnase en 1766. Reçu maître dans la profession de baigneur-étuvier le 26 novembre 1789 et inscrit à la tribu des Maréchaux. Élu Obermeister du corps des baigneurs-étuviers pour 1790, puis, après l’abolition des corporations, syndic de ce même corps le 16 avril 1790. Au début de la Révolution, on le trouve caporal dans la garde nationale. Il fut reçu membre de la Société des amis de la Liberté et de l’Égalité (Jacobins) de Strasbourg en octobre ou novembre 1792. Il commença sa carrière politique avec la chute de la monarchie. Nommé le 5 octobre 1792 administrateur de la commune d’Obernai dont la municipalité avait été suspendue, il y resta en fonction jusqu’au 13 décembre 1792. Le 3 janvier 1793, il fut délégué à Bischheim comme commissaire en remplacement de la municipalité destituée. Jean Jung © le seconda comme procureur. Nommé ensuite maire provisoire de Molsheim, son activité ultra-révolutionnaire et ses abus d’autorité provoquèrent de nombreuses plaintes. Chargé en outre de diriger diverses commissions pour les administrations du département et du district de Strasbourg, il fut destitué des fonctions de commissaire permanent le 28 vendémiaire II (19 octobre 1793) et remplacé dans celle de maire de Molsheim le 8 brumaire II (29 octobre 1793). Malgré ces désaveux des autorités locales, les représentants en mission Guyardin et Milhaud l’avaient nommé membre du directoire du département du Bas-Rhin renouvelé le 3 octobre 1793, puis membre du comité de surveillance et de sûreté générale du département, organe exécutif des mesures de Terreur, instauré le 8 octobre 1793. Le 4 brumaire (25 octobre 1793), sur proposition de la Société populaire de Strasbourg, les représentants Mallarmé et Lacoste le nommèrent au grade et fonctions de juge (titulaire et non suppléant comme il est souvent dit) au tribunal révolutionnaire. Il n’y siégea cependant qu’une seule fois, lors de sa dernière session, le 23 frimaire II (13 décembre 1793) à Sélestat, où furent prononcées deux condamnations à mort (André Gall et Gabriel Engel, de Scherwiller). Il était habituellement suppléé dans cette fonction par Pierre Étienne Clavel ©, car accaparé par de nombreuses autres missions révolutionnaires dans tout le département non occupé: recensement des grains et perquisitions de denrées pour l’approvisionnement en cas de siège de Strasbourg, arrestation et saisie des suspects avec confiscation de leurs biens, levées de taxes révolutionnaires, enlèvement des vases et ornements des cultes, qu’il exécuta avec un surcroît de zèle. Il fut excepté de l’arrestation des membres de l’administration départementale ordonnée par Saint-Just et Lebas le 12 brumaire II (2 novembre 1793) et nommé par eux membre de la commission provisoire du département qui succéda à l’administration cassée. Le 25 frimaire II (15 décembre 1793), il fut cependant mis en arrestation par le comité de surveillance comme ayant eu des liens avec Euloge Schneider ©, arrêté la nuit précédente. D’abord incarcéré au séminaire, après interrogatoire, il fut transféré à la «maison» de Hesse-Darmstadt, puis relégué à la prison des Petits Capucins. Il fut accusé de malversations dans l’exercice de ses fonctions de commissaire révolutionnaire, notamment d’avoir perçu des sommes supérieures aux quittances qu’il délivrait. À la suite d’un arrêté du comité de salut public de la Convention nationale, signé entre autres par Saint-Just, il fut transféré à Paris le 11 thermidor II (29 juillet 1794), écroué à la prison du Plessis, puis à celle de la Conciergerie, interrogé le 7 vendémiaire III (28 août 1794), jugé par le tribunal révolutionnaire de Paris le 9 brumaire III (30 octobre 1794) et acquitté, faute de preuves de délit. De retour à Strasbourg, il fut de nouveau mis en arrestation le 14 pluviôse III (2 février 1795) sur ordre du comité révolutionnaire du district de Strasbourg, en vertu d’un arrêté du représentant Bailly, et réclamé le 11 floréal III (30 avril 1795) par le juge de paix de Molsheim comme prévenu de prévarications. Il fut libéré le 1er fructidor III (18 août 1795), en exécution d’un arrêté du comité de sûreté générale de la Convention nationale. Avec le coup d’État du 18 fructidor V (4 septembre 1797) qui vit le retour aux affaires de nombreux anciens jacobins, Nestlin réapparut comme secrétaire en chef de l’administration municipale du canton de Geispolsheim; mais le 27 frimaire VII (27 décembre 1798), il démissionna de cette fonction au profit de celle d’instituteur de l’école primaire de la commune de Geispolsheim. Dans l’acte de décès de sa femme, il est désigné comme homme de lettres, et dans le sien (de la même année) comme homme d’affaires. Ces qualificatifs vagues cachent en réalité le désœuvrement et une misère certaine.
Archives nationales, W 476/324; Arch. préfect. police de Paris, catalogue Labat, p.993; ABR, 1L 530-532, 6L 11 -12, 6L 103; Archives municipales de Strasbourg, Registres paroissiaux (Saint-Nicolas et Temple Neuf) et état-civil, fonds des tribus (Maréchaux), Div. II-473/2726 (registre d’écrou), Police 243 et 252, p.v. des Jacobins (RAM 247); Livre bleu; Klio, 1796, I, p.330; M. Barth, Hommes de la Révolution, p.282-284 et Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.363-364, avec beaucoup d’erreurs et de lacunes.
Claude Betzinger (1996)