Pédagogue, publiciste révolutionnaire, (Pl) (★ Strasbourg 13.5.1759 † Strasbourg 10.1.1838).
Fils d’André Meyer (★ Strasbourg 22.5.1725 † Strasbourg 28.3.1794), batelier, et d’Anne Marie Stempfer. Célibataire. Entré au Gymnase en 1765, il poursuivit des études à l’Université de Strasbourg (philosophie en 1776, puis droit), à l’Université de Giessen (immatriculation du 16 octobre 1779), et aurait même fréquenté celle de Göttingen. On a prétendu qu’il aurait été membre de l’ordre des Illuminés ; rien ne le prouve. Il enseigna quelques temps à l’institution créée par Jean Frédéric Simon © à Neuwied. En 1788, il entra comme associé au philanthropinium de Schnepfenthal, près de Gotha, fondé par Christian Gotthilf Salzmann, un ancien collègue de Jean Frédéric Simon à l’Institut philanthropique de Dessau. Ayant engagé de son propre chef d’importantes dépenses, Meyer se brouilla avec Salzmann et fut congédié en 1789. Il revint à Strasbourg. Enthousiasmé par la Révolution, avec Jean Frédéric Simon, revenu de Neuwied, le 1er octobre 1790, il fonda la Geschichte der gegenwärtigen Zeit, feuille quotidienne rédigée dans un esprit constitutionnel, mais qui prit des orientations jacobines modérées et disparut le 31 octobre 1793. Meyer fut parmi les premiers membres de la Société des amis de la Constitution de Strasbourg, à laquelle il adhéra le 26 janvier 1790. Lorsque se produisit la scission du 5 février 1792, il se rangea dans la minorité jacobine, tout en prônant la réunification, et s’opposa ainsi aux extrémistes Jean Charles Laveaux © et Euloge Schneider ©. Il s’engagea activement dans l’expansionnisme révolutionnaire. Ce fut lui qui invita le vieux poète Christian Frédéric Daniel Schubart à assister à la grande fête de la Fédération de Strasbourg du 13 juin 1790, qui amena à Strasbourg, pour les mettre en rapport avec Frédéric de Dietrich ©, le professeur Georges Guillaume Böhmer de Worms, le lieutenant-colonel Eickenmeyer ©, ingénieur des fortifications de Mayence, qui facilita grandement l’entrée de l’armée du général Custine dans cette place-forte. Dès que se firent percevoir les menaces extérieures, Meyer s’engagea avec les premiers volontaires et, le 9 octobre 1791, il rejoignit Landau avec le 1er bataillon du Bas-Rhin qui l’avait élu lieutenant. Custine ayant demandé de bons républicains pour prêcher la révolution dans les pays rhénans, le général Beauharnais lui délégua entre autres Meyer qui rejoignit Mayence occupé début novembre 1792. Il fut admis à l’état-major de Custine avec le grade de capitaine, puis d’adjudant général commandant d’une brigade, et soutint le siège de Mayence investi par les Prussiens. Après la capitulation de cette ville en juillet 1793, le représentant du peuple Soubrany, attaché à l’armée du Rhin, le mit en arrestation. Il aurait été traduit devant un conseil de guerre qui l’aurait acquitté (Louis Schneegans ©). Rentré à Strasbourg, hostile au terrorisme, il fut mis en arrestation le 3 thermidor an II (= 21 juillet 1794) par ordre de l’agent national de la commune de Strasbourg « pour propos inciviques et même contre-révolutionnaires » « pour le propos inciviques et même contre-révolutionnaires », mais élargi le mois suivant. On ignore ses occupations jusqu’au coup d’État directorial du 18 fructidor an V (= 4 septembre 1797) qui lui valut d’être nommé juge au tribunal civil de Strasbourg, puis à celui de première instance à Wissembourg. Il y resta jusqu’à l’avènement du Premier Empire. Ayant manifesté son opposition au césarisme napoléonien, il fut destitué et incarcéré à la citadelle de Strasbourg pendant sept mois par mesure de haute police. Il quitta Strasbourg pour un poste de précepteur des fils du comte de Solms-Laubach, dans le duché de Bade, et y resta jusqu’en 1816. Il se retira alors à Neuwied avec une pension viagère que lui avait allouée le comte. Ressentant une grande joie à l’annonce de la Révolution de Juillet, en septembre 1830 il sollicita du ministre de la Guerre l’autorisation de revêtir l’uniforme de son grade, qu’il avait si fièrement porté lors des campagnes de 1792-1793. « Je me sens de la gloriole, moi vieillard septuagénaire, à me parer en Allemagne de l’uniforme français ». Deux ans plus tard, il revint définitivement à Strasbourg où il vécut retiré.
Ode an ***. 2. Aufl. Im Hauptquartier zu Mainz, den 16. Jänner 1793, im zweiten Jahre de Republik, (Bibliothèque municipale de Strasbourg, Mog 220, 14).
Archives du Service historique de l’Armée de Terre, Vincennes, 411/47 ; L. Schneegans, « André Meyer », Courrier du Bas-Rhin des 1 et 2.2.1838 ; G. Burggraf, Christian Gotthilf Salzmann im Vorfeld der französischen Revolution, Munich, 1966, p. 157 ; P. Albert et G. Feyel, « La presse départementale en Révolution (1789-1799) », Paris, 1992, p. 218-224.
Claude Betzinger (1995)