Marchands banquiers strasbourgeois du XVIe s. dont l’établissement commercial se trouvait en face de la Pfalz, au coin de la rue des Hallebardes et de la rue des Grandes-Arcades. Plusieurs membres de la famille se trouvaient au Grand Sénat : Jœrg, époux d’Anna, fille de Hans Schütz (KS 34″ f° 21 v), en 1546-1547, 1552-1553, 1560-1561, Lux en 1527-1528, 1535-1536, 1541-1542, 1545-1546, ammeistre en 1552 et un des inspecteurs des paroisses rurales de Strasbourg en 1553 (Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg 45 f° 476r°), Philipps en 1577-1578 et 1587-1588, Hans Heinrich, membre des XV de 1584 à 1588 et préposé de la Douane (Kaufhausherr) à partir de 1585 (Procès-verbaux des XV, 1585 f°1 v°). Les filles Mesinger épousèrent des notables strasbourgeois : Felicitas ? Philipp Ingolt (Archives départementales du Bas-Rhin, 3 B 562/84 f° 14-15), une autre Felicitas est dite veuve de Didymus Obrecht, médecin en 1605 (KS 356 f° 11 v°) et mère de Franz Rudolf Ingolt © (KS 330 f° 206 v°), Odilia ? Onofrius Brant, marchand, Ursula est signalée épouse de Mathias Sultzer, médecin des syphilitiques (1596) (KS 302 f° 16 v°). D’autres membres de la famille occupaient des charges ecclésiatiques : Jacob était prieur du couvent des Guillemites (1482). Les Mesinger pratiquaient le commerce du vin et des draps. Diverses reconnaissances de dettes pour achats de draps montrent que leur clientèle était domiciliée dans les environs de Strasbourg, à Obernai, Barr (Archives municipales de Strasbourg, VI 7/7), Erstein, Entzheim, Gougenheim, Ottersthal, Wingersheim, mais aussi à Sainte-Marie-aux-Mines et outre Rhin (Eckartsweier, Offenburg, Lindau (KS 60 f° 7 r°) et Bregenz (KS 60 f° 3 v°) entre autres). Ils possédaient des biens fonciers à la campagne et des immeubles à Strasbourg, rue des Veaux et rue Sainte-Élisabeth. Ils exportaient du vin d’Alsace dans les Pays-Bas (KS 155 f° 290r°). Lux Mesinger possédait en 1551 une rente de 2 fl. sur une exploitation de distillation de vin (Winbrennhütte) sise au Waseneck (KS 73 f° 333). En 1565 leur établissement de commerce brûla par suite de négligence du personnel de service. Les marchandises qui s’y trouvaient purent être mises en sécurité à la Monnaie (Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, 176, f° 181 v° et Bibliothèque municipale de Strasbourg, Ms 628, p. 254). L’immeuble fut reconstruit par la suite (XXI, 1566, f° 5v, 12r°, 41 v, 42r). En 1574, Adam et Jacob Mesinger, fils de l’ammeistre, furent acculés à la faillite et arrêtés. Adam, époux d’Anna Mueg, mourut en prison. Son épouse, vivant en séparation de biens, put sauver les siens de la vente aux enchères (Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg 1058 f° 134 v° et Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg 176 f° 181 v°). La faillite entraina plusieurs autres négociants strasbourgeois dans la ruine. L’épouse de Heinrich Joham de Mundolsheim, bailli de Montbéliard, avait placé 200 fl. dans l’affaire des Mesinger (XXI, 1575, f° 246 v°). Cladi Bitto, autre grand marchand strasbourgeois, occupait le magasin Mesinger en 1588 (N 135 f° 227).
Ch. Schmitt, Histoire littéraire de l’Alsace à la fin du XVe et au commencement du XVIe s., Paris, 1879, I, p. 27 note 80; Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 13, 1887, p. 115; Ph. Mieg, Histoire généalogique de la famille Mieg, Mulhouse, 1934, p. 13 ; F. Rapp, Réformes et Réformation, Paris, 1974, p. 355-356; Th. A. Brady, Ruling class, Regime and Reformation at Strasbourg 1520-1555, Leiden, 1978, p. 440-441 (index); J. Fuchs, « Les foires de Strasbourg et le rayonnement économique de la ville en Europe », Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, II, 1981, p. 331 ; J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise du milieu du XVIe s. à la fin de la guerre de Trente Ans 1560-1650, Paris, 1984, p. 375, 377; M. Lienhard, S. F. Nelson, H. G. Rott, Quellen zur Geschichte der Täufer, t. XVI, Elsass, IV. Teil, Gütersloh, 1988, p. 582 (index).
† François-Joseph Fuchs (1995)