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MELLING Joseph

Peintre, dessinateur et graveur, (C) ( Saint-Avold, Moselle, 27.12.1724 † Strasbourg 23.12.1796).

Fils de Nicolas Melling, maître menuisier. ∞ 6.8.1759 à Flaxlanden Josepha Lengelacher, fille du sculpteur Ignace Lengelacher ; 2 enfants. Élève à Paris de l’Académie royale et de Carie van Loo. En 1750, il obtint le Grand prix de peinture. En mai 1758, il entra au service du margrave Karl Friedrich de Bade, à la cour de Karlsruhe. Il fut chargé de la décoration de la grand salle des fêtes et de la galerie du château : Naissance de Vénus, au plafond, scènes de l’Énéide au rez-de-chaussée, scènes champêtres en dessus de portes et en cartouches couronnant les glaces, œuvres qui furent longtemps attribuées à François Boucher. À Karlsruhe, il fournit également l’illustration gravée de la Storia Zaringo Badensis de Jean-Daniel Schœpflin © (7 vol., 1763-1766). La margravine Caroline-Louise, dont Melling fut le conseiller en matière d’œuvres d’art ainsi que le précepteur de ses enfants, le recommanda à l’abbé de Schuttern, en 1769, pour assurer la décoration des voûtes et des autels de l’abbatiale. Il fournit de semblables ouvrages aux églises de Hechtingen (1770), de Rastatt ainsi que ceux qui sont conservés aujourd’hui à Saint-Étienne de Karlsruhe, et livra un saint Bernard au couvent de Lichtental. Le comte de Sickingen lui commanda une grande composition pour la salle des fêtes de son palais de Fribourg-en-Brisgau (Grand Palais: Vue d’un parc avec le château d’Ebnet, flanquée de quatre scènes de bergeries (1772)), et lui confia la direction d’une école de dessin. En 1776, Melling vint s’établir à Strasbourg où il fonda une école de dessin, héritière de celle des frères Haldenwanger, disparue l’année précédente. Cette « Académie de peinture », conçue selon le modèle de l’Académie de Paris et inspirée du traité de Johann Georg Sulzer, Allgemeine Theorie der schönen Künste (1771-1774), avait pour principe l’étude d’après nature, et elle prit un grand éclat. Cependant, rencontrant des difficultés conjoncturelles, Melling sollicita l’aide du Magistrat et du prêteur royal, insistant sur la formation par le dessin aux exigences de l’artisanat, afin de soutenir la concurrence des deux autres écoles de dessin de la cité, l’une dirigée par le sieur Olivier, particulièrement attaché à former serruriers, menuisiers et charpentiers, l’autre par un certain Paul-Olivier Tieschinsky. De l’Académie de Melling sont issus de nombreux artistes, dont Benjamin Zix ©. Après 1791, Melling fut chargé de dresser « un état des tableaux, bustes en marbre blanc et des tapisseries des Gobelins du palais épiscopal de Strasbourg ». Malgré le soutien que lui assurèrent Philippe, Frédéric, Bernard Frédéric et Jean de Turckheim, les troubles de la Révolution eurent pour effet de convertir l’école de Melling en un établissement public, dont il semble avoir pris de la distance, car en 1795 il est cité comme « recteur » d’une école de dessin privée. L’École centrale de Strasbourg engagea par la suite Christophe Guérin © comme professeur de dessin. Joseph Melling fut aussi un portraitiste, particulièrement apprécié à la cour de Bade. Parmi ses œuvres, citons la décoration de la bibliothèque du collège royal de Colmar en 1787: sous la voûte, il peignit le Parnasse, et en 1793, peintes sous le contrôle de Pierre Mayno ©, marchand de tabac et collectionneur fortuné, six figures allégoriques à la gloire de la Révolution: des Vertus, ainsi que quatre trophées en grisaille pour l’Hôtel de ville de Strasbourg, qui furent installés plus tard dans le salon des évêques au château des Rohan. Mayno lui avait également commandé un tableau pour la salle de la nouvelle maison commune (ancien palais épiscopal), lequel fut accepté par la municipalité le 31 juillet 1792; il fut placé dans l’alcôve royale sur fond de toile verte. En 1790, Melling peignit pour 300 florins une Descente de croix pour l’autel de l’église de Reichshoffen construite par l’architecte Christiani. Il est aussi l’auteur d’un plafond dans la cage d’escalier de l’hôtel de Deux-Ponts à Strasbourg, datant des années 1770. À citer en outre: Glorification de Saint Materne (1775) et Saint Antoine (1787) à l’église de Benfeld, Apothéose de Saint Etienne (1785) à l’église de Boofzheim, Apothéose de Saint Hippolyte (1786) à l’église St-Hippolyte, Immaculée Conception et Adoration du Sacré-Cœur à la chapelle du cimetière d’Andlau, Moïse et le serpent d’airain à l’église de Wiwersheim, Saint Jean à la cathédrale de Strasbourg (1776), De Dietrich et son épouse (Musée des Arts décoratifs de Strasbourg); Trois professeurs de l’Université protestante, 1789, (Fondation Saint-Thomas à Strasbourg).

Au nombre de ses élèves figure son neveu, Antoine Ignace Melling, (C) ( Karlsruhe 26.4.1763 Paris 25.8.1831), peintre, dessinateur et architecte de la sultane Hadisch à Constantinople pendant 18 ans.

Der Bürgerfreund. Eine Strassburger Wochenschrift 1, 1776, p. 154-156; J. Fr. Hermann, Notices historiques, statistiques et littéraires sur la ville de Strasbourg, II, Strasbourg, 1819, p. 352-353; Th. Knorr, « Ein Stück Strassburger Kunstgeschichte. Die Miniaturmaler, Silhouettisten und Zeichenmeister um 1800 », Kunstchronik (Leipzig), 1911-1913, p. 226 et s.; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 269; Ch. Schneegans, « Les écoles de dessin de Strasbourg au XVIIIe siècle », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 6, 1927, p. 185-224; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, XXIV, 1930, p. 336-367 (bibliographie ancienne); Musée des Beaux-Arts de la ville de Strasbourg. Catalogue des peintures anciennes, Strasbourg, 1938, n° 399-409 (dont un autoportrait présumé); « Richard Melling » (arrière-petit-fils de J. Melling), Badische Heimat, 1950, p. 31; L. Kubler, « Le peintre J. Melling » Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1954, p. 106-111; H. Haug, L’art en Alsace, Paris, 1962, p. 159, 169 et 197; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, VII, p. 319; J. D. Ludmann, Le Palais Rohan à Strasbourg, III, Strasbourg, 1979; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, p. 5041-5042; H. F. Schweers, Gemälde in deutschen Museen, Munich, 1994, p. 1224.

† Victor Beyer (1995)